L’entrepreneuriat exige des qualités spécifiques. Innover, apprécier les risques, décider, agir, manager, nombreux sont les verbes d’action liés à l’entrepreneuriat. Un profil apparemment éloigné de celui de l’exécutant. Mais ce dernier est-il condamné à rester à la porte de l’entrepreneuriat ? Rien n’est moins sûr au regard des bouleversements en cours et de la notion de plus en plus courante au sein de l’entreprise d’intelligence collective.
Il est difficile d’être un dirigeant hors pair si on n’est pas capable d’exécuter les tâches de l’entreprise. L’entreprise pyramidale d’hier avec le patron dans une cage de verre fait partie, nous l’espérons, de l’histoire !
Les temps changent, les créateurs d’entreprises aussi !
En psychologie, il est commun de définir l’exécutant comme une personne plutôt réservée en recherche de sécurité. Cette aversion pour le risque n’en fait pas moins quelqu’un de sérieux et motivé dans l’accomplissement des missions qui lui sont confiées. De but en blanc, il serait assez raisonnable de juger l’exécutant comme inapte à l’entrepreneuriat. En effet, celui-ci offre tout sauf une vie paisible exempte de prises de risques. Néanmoins, les temps changent et s’accélèrent. Aussi, les modèles économiques sont remis en question et l’être humain s’adapte.
Dans un contexte économique rendu difficile par la crise, les bouleversements liés à la mondialisation, à la numérisation et à l’émergence de l’économie collaborative, les exécutants ont une perception du risque fort différente de ce qu’elle pouvait être hier. La sécurité n’est plus là où l’exécutant pouvait la trouver il y a encore dix ans ! Il peut être par exemple plus risqué d’exercer comme salarié d’une entreprise soumise aux aléas économiques que d’œuvrer à son compte au profit de plusieurs ! A défaut de vouloir entreprendre pour changer le monde, l’exécutant peut le faire pour se prémunir des risques économiques liés à l’emploi salarié ou tout simplement pour retrouver une activité après un licenciement. Le chômage est, en effet, un puissant ressort de l’entrepreneuriat. En 2022, de nombreux chômeurs se sont lancés dans l’aventure entrepreneuriale. Leur profil d’exécutant ne les empêche pas de représenter 40% des créateurs d’entreprises !
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Je pense donc… je peux entreprendre
L’entreprise c’est un entrepreneur qui pense et des employés qui exécutent ! En êtes-vous si sûr ? Cette vision taylorienne de l’entreprise n’est-elle pas remise en question ? Dès 1985, Konosuke Matsushita, fondateur de Matsushita Electric (Panasonic) prédisait la suprématie de l’Orient sur l’Occident grâce à sa capacité à fédérer au sein de l’entreprise toutes les intelligences, du cadre dirigeant au plus modeste employé. Cette intelligence collective était sensée caractériser le modèle japonais au détriment d’un Occident incapable de le mettre en place !
Fort heureusement, ce dernier tire aussi sa force de sa capacité à évoluer ! 30 ans après les sombres prédictions de Konosuke Matsushita, les entreprises occidentales font de plus en plus de place à cette intelligence collective. Des start-up (Blablacar, Michel&Augustin), des PME (Probionov) et des grands groupes (Leroy Merlin) misent sur cette forme de management. Celui-ci estompe la notion chefs/exécutants. De fait, les exécutants d’aujourd’hui, instruits, qualifiés et plus autonomes, sont porteurs de solutions. Par ailleurs, ils portent aussi en eux l’ADN de l’entreprenariat. Que les circonstances se présentent et ils franchiront le pas d’autant plus facilement qu’ils connaissent les rouages de l’entreprise.
La catégorisation des individus devient de moins en moins pertinente tant la société impose pour survivre une grande capacité d’adaptation professionnelle. L’exécutant d’aujourd’hui sera peut-être l’entrepreneur de demain. Il se peut même qu’il y excelle tant en matière d’entrepreneuriat que de management si l’on se réfère à l’athénien Solon pour qui « il faut apprendre à obéir pour savoir commander ».
Avec DynamiqueMag