Qui aurait pu penser il y a quelques années que Phnom Penh pourrait devenir une destination business stratégique ? Et bien, c’est pratiquement le cas. Une politique économique très libérale – notamment pour les investisseurs étrangers – et un extraordinaire développement des infrastructures font que la capitale cambodgienne joue maintenant les alternatives à Ho Chi Minh Ville ou même Bangkok. Enquête dans ce qui est devenu la destination affaires la plus dynamique d’Asie.
L’avion qui survole Phnom Penh avant d’atterrir sur l’aéroport de Pochentong donne une première idée de ce que la capitale du Cambodge représente aujourd’hui : une vraie métropole en plein développement, dont la silhouette est désormais dominée par quasiment une centaine de tours, construite en une petite décennie.
Phnom Penh est entrée de plain-pied dans le 21ème siècle, certains diront à marche forcée avec une manne de capitaux de Chine, le plus gros pourvoyeur de fonds du Cambodge. D’une ville à l’atmosphère quelque peu nonchalante, rythmée par les tri-shaws, les motocyclettes et les bonzes récoltant les aumônes le matin il y a à peine 20 ans, on est passé à une ville où les embouteillages sont légions tout comme le bruit des marteaux piqueurs construisant de nouvelles tours.
Jouer la carte du pays « niche »
Coincé entre la Thaïlande et le Vietnam, le Cambodge joue aujourd’hui de son atout de petit pays. Si le Royaume n’est pas une démocratie comme on l’entend en Occident, la concentration des pouvoirs au sein d’un seul parti a au moins l’avantage d’offrir une visibilité politique totale. Une stabilité qui ferait envie à certains pays voisins du Cambodge…
« Comparé à la Thaïlande avec ses 70 millions d’habitants ou le Vietnam avec ses 100 millions d’habitants, c’est vrai que le poids démographique du Cambodge est faible avec ses 17 millions d’habitants. Tout comme son PIB par habitant de 1800 US$ en 2022, deux fois moins élevé que celui du Vietnam et 3,5 fois moins élevé qu’en Thaïlande. Mais c’est sur la flexibilité que joue aujourd’hui le pays pour attirer les investisseurs« , raconte Soreasmey Ke Bin. Ce Français d’origine cambodgienne est PDG de Confluences, une agence positionnée comme catalyseur d’opportunités au Cambodge et dans l’ASEAN pour toutes les entreprises et les investisseurs souhaitant accélérer leur développement en Asie du Sud-Est.
« Il y a énormément davantages pour les Français à s’implanter au Cambodge. D’abord parce qu’existe une véritable francophilie. Preuve en est la Chambre de Commerce Franco-Cambodgienne, l’une des plus importantes d’Asie du Sud Est avec plus de 170 membres. De plus, beaucoup de ministres ou de cadres de l’administration ont étudié en France, avec un vrai attachement à notre pays. C’est encore plus vrai avec le nouveau gouvernement du 1er ministre Hun Manet« , s’enthousiasme-t-il.
L’économie la plus libérale d’Asie du Sud-Est
Attirer les capitaux étrangers pour créer des emplois : c’est le crédo de ce gouvernement à travers un cadre économique extrêmement favorable. Probablement le plus libéral de l’ASEAN, l’association des pays du Sud-Est asiatique. C’est ce qui a récemment séduit la compagnie low-cost AirAsia. Le géant low-cost souhaite depuis longtemps s’implanter dans la région du Mekong, couvrant ainsi toute l’Indochine. Échaudée par une expérience malheureuse au Vietnam, AirAsia a finalement opté pour le Cambodge. Les premiers vols de la filiale cambodgienne doivent décoller en novembre prochain…
« On peut investir librement en tant qu’étranger sans avoir recours à un quota de locaux. Là aussi, contrairement à la Thaïlande ou au Vietnam. On peut aussi rapatrier tous les bénéfices d’une entreprise à l’étranger, sans entraves. Et l’on jouit des mêmes prérogatives qu’une entreprise locale« , explique Soreasmey Ke Bin. « Le Cambodge est devenu une vraie porte d’entrée pour la région du Mékong« , insiste-t-il encore.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le PIB du pays a progressé de 5,3% l’an passé, l’une des plus fortes croissances d’Asie du Sud-Est. En 2023, le PIB devrait connaître une progression similaire. « On a pourtant encore du mal à faire passer ce message auprès des entreprises européennes – et notamment françaises. Le Cambodge est aujourd’hui une terre d’opportunités, » reconnaît Soreasmey Ke Bin.
De plus, Phnom Penh s’avère plutôt plaisante. « C’est peut être difficile de faire venir les gens une première fois à Phnom Penh. Mais ils ont un véritable coup de cœur une fois sur place pour cette capitale qui a gardé une dimension humaine« , décrit le PDG de Confluences.
Des projets d’infrastructures plein les tiroirs
La ville offre une grande sécurité, loin de l’image qu’elle pouvait dégager dans les années 90. Sans atteindre encore le degré de sophistication de Bangkok, elle est aussi devenue une ville cosmopolite avec ses hôtels de luxe et restaurants élégants, sa vie nocturne sans couvre-feu. Ainsi qu’une offre shopping qui s’est étoffée avec les années. Selon Soreasmey Ke Bin, c’est une nouvelle génération d’entrepreneurs locaux, éduquée à l’étranger, qui a profondément transformé Phnom Penh et qui dynamise le secteur privé. « De plus le Cambodgien est généralement curieux, très ouvert aux autres. C’est un atout« , dit-il.
Le grand bond en avant des infrastructures a également permis à Phnom Penh de devenir facile d’accès. L’actuel aéroport est relié à une vingtaine de villes. Dont au moins toutes les grandes capitales asiatiques ainsi que Doha au Qatar. Un nouvel aéroport doit ouvrir ses portes début 2025 avec une capacité de 13 millions de passagers en phase initiale et de 30 millions de passagers dans une seconde phase. On parle déjà de nouvelles compagnies aériennes. Il se murmure que Turkish Airlines serait intéressée. Tandis que les Français espèrent toujours un retour d’Air France…
Le réseau routier est lui aussi en pleine modernisation. Une autoroute relie depuis cette année la capitale à Sihanoukville, le port au sud du pays. Une seconde autoroute est également en construction vers Ho Chi Minh Ville.
D’ailleurs, les projets d’infrastructures se démultiplient, toujours sous l’effet de la manne chinoise. La Chine est en effet particulièrement reconnaissante du soutien politique que lui offre le Cambodge en toute circonstance – y compris dans les conflits qui l’opposent parfois à l’ASEAN. On citera donc pêle-mêle des projets de tramways pour Phnom Penh et Siem Reap près d’Angkor, d’une troisième autoroute de Phnom Penh à Siem Reap et la frontière thaïlandaise. Ainsi que de l’agrandissement du port en eau profonde de Sihanoukville.
Ces projets ont aussi pour objectif de hisser le Cambodge au rang des pays à revenus intermédiaires supérieurs d’ici 2030. Avec un PIB prévu par habitant de 3 000 dollars à cette date. En attendant, la confiance dans l’avenir est perceptible partout à Phnom Penh. Il ne reste plus aux hommes d’affaires français qu’à se laisser convaincre…
Phnom Penh, ville la plus francophile d’Asie
Raffles Hotel Le Royal ou encore le Sofitel Pokeethra : voilà deux lieux emblématiques où l’art de vivre à la française s’exprime toujours à Phnom Penh. Car si nombre de bâtiments de l’époque coloniale ont récemment disparu sous la pression immobilière, le capital sympathie pour l’ancien pays colonisateur est resté.En fait, les années de l’indépendance sous le Prince Sihanouk ont renforcé les liens entre les deux pays. Le fait que la famille royale ait été éduquée dans la langue de Molière y a beaucoup contribué.
Aujourd’hui, l’influence française s’explore toujours à travers quelques adresses emblématiques. Tels que le Musée National construit et préservé par les Français ou le pavillon de métal situé dans le palais royal et offert en 1870 au roi Norodom par Napoléon III. On le ressent également lorsqu’on déambule Quai Sisovath où les terrasses des cafés avec vue sur l’affluent du Mékong rappellent un peu la Promenade des Anglais ou la Croisette à Cannes. Et puis, on découvre cette flopée de restaurants, bars, boulangeries et boutiques dans la capitale, le fruit d’entrepreneurs français.
A l’université des beaux-arts comme à l’université de médecine à Phnom Penh, l’enseignement se fait d’ailleurs toujours en partie en français. On recense officiellement un peu plus de 460 000 francophones dans le pays Tandis que l’Institut Français du Cambodge avec 5000 étudiants est l’un des premiers d’Asie du Sud-Est. Il fait donc plutôt bon vivre à Phnom Penh, comme le décrit Jacques Guichandut, Directeur Général du tour opérateur AllDreams Cambodia. « Certes Phnom Penh souffre d’un déficit d’image. Pourtant, la ville a changé de manière spectaculaire au cours de la dernière décennie. Elle offre une ambiance urbaine cosmopolite avec sa scène culinaire, ses institutions culturelles, ses bars, ses boîtes de nuit, ses magasins ainsi que ses nombreux hôtels de charme ou de chaînes internationales. C’est vraiment une destination à part entière, mais elle a besoin d’être promue en tant que telle« , décrit-il. Cette francophilie – à défaut de véritable francophonie – s’avère un atout pour les entreprises françaises. Autant en profiter !
GUIDE DE PHNOM PENH
- S’y rendre
- Séjourner
- Manger
- A découvrir
- S’informer
Phnom Penh est facile à atteindre par vols avec correspondance depuis l’Europe. La capitale cambodgienne bénéficie de plusieurs vols quotidiens avec Bangkok et Ho Chi Minh Ville, favorisant les vols de Thai Airways International et Vietnam Airlines. On peut alternativement se rendre à Phnom Penh avec Qatar Airways via Doha. L’actuel aéroport de Phnom Penh-Pochentong se trouve à 11km du centre-ville. Taxis, tuk-tuk électriques et trains assurent la liaison avec le cœur de la cité.
Le visa de tourisme – une entrée simple-coûte 36 dollars en ligne et 35 dollars pour un visa à l’aéroport. Un visa d’affaires coûte 42 dollars en ligne.
Phnom Penh n’a plus rien à envier aux autres métropoles d’Asie avec une importante offre hôtelière dans toutes les catégories, en particulier l’hôtellerie de luxe et 4 étoiles. Les prix sont généralement raisonnables pour un excellent service. Outre le palace historique Raffles Hotel le Royal, ouvert en 1929, un autre incontournable 5 étoiles est le Sofitel Pokeethra. Avec ses espaces verts, dont prochainement un jardin botanique, l’hôtel se présente comme un resort contemporain avec juste ce qu’il faut de touche « coloniale », dont une collection de photos historiques à ne pas rater.
A recommander pour un hôtel de centre-ville dans la catégorie 4 étoiles supérieure: le KVL Phnom Penh. Situé dans un immeuble contemporain avec vue sur le fleuve et le quai Sisovath, l’établissement offre de larges chambres au design élégant avec d’immenses lits, un espace de travail et centre d’affaires gratuit, une terrasse avec vue sur le Palais Royal et les quais, deux restaurants incluant une boulangerie en propre et bars. De plus, l’établissement offre un excellent rapport qualité/prix et sa situation à quelques mètres des ministères. Parfait pour les hommes d’affaires en court-séjour ou en « staycation » dans la capitale.
Dans la catégorie 3//4 étoiles, dans un cadre plus intime, le Rambutan Resort Hotel offre une ambiance resort. Ancienne villa des années 60, l’hôtel s’ouvre autour d’un patio avec sa piscine avec une végétation luxuriante. On en oublierait qu’on se trouve au coeur de BKK1, le quartier le plus tendance de Phnom Penh avec ses bistrots et galeries d’art. Les chambres offrent un design asiatique contemporain, rehaussées d’œuvres d’art originales. Un restaurant propose également des spécialités européennes, cambodgiennes et asiatiques à prix très raisonnables.
Vraie ville cosmopolite, Phnom Penh offre toutes les cuisines du monde. Honneur cependant à la gastronomie khmère. L’une des tables les plus courues est le restaurant Sombok, quai Sisovath, qui travaille une cuisine cambodgienne contemporaine sous la houlette d’une jeune cheffe, Kimsan Pol. Le restaurant étoilé propose un très bon menu le midi à des prix vraiment raisonnables.
Kravanh est lui situé dans une ancienne villa française, qui fut un temps la représentation de l’Union Européenne au Cambodge. On y déguste une cuisine cambodgienne classique d’une grande élégance. La propriétaire du restaurant utilise des herbes de son propre jardin et travaille avec de petits producteurs locaux.
Enfin pour déjeuner ou dîner sur le pouce à des prix très raisonnables, Soga Café, face au Musée national et à l’université des beaux-arts, est tenu par un chef français. Des plats simples où l’on déguste aussi bien un sauté de boeuf parfumé au porto et poivre -local- de Kampot qu’une soupe khmère traditionnelle.
Le musée national pour une première visite est un incontournable. Tout comme le plus ancien temple de Phnom Penh, le Wat Phnom et le Palais Royal, malgré plusieurs bâtiments en perpétuelle rénovation. Les amateurs d’architecture française traîneront autour de la Poste Centrale, au Marché Central (Psar Thmei) et sur le boulevard Vithei Daun Penh, dont l’hôtel Le Royal est probablement la structure la plus iconique. Prendre un bateau le long du Tonle Bassac (l’affluent du Mekong) pour y admirer la silhouette de la ville, notamment au crépuscule. Sans oublier BKK 1, le quartier branché de Phnom Penh pour son ambiance animée. Côté culture, outre le Musée National, le Musée Sosoro, ancienne résidence du maire et aujourd’hui racontant l’histoire du Cambodge à travers sa monnaie et son économie. Un musée interactif fascinant.
Un tour de la ville sur mesure peut être organisé par l’agence réceptive AllDreams Cambodia.
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