L’Office du Tourisme et des Congrès de Paris (OTCP) vient de publier un baromètre décryptant les perspectives du tourisme d’affaires dans la capitale. Le bilan, encore mitigé à l’approche de l’été, devra être affiné d’ici la rentrée.
A quel horizon la capitale tiendra-t-elle à nouveau salon ? Voilà la grande interrogation qui a poussé les responsables de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris (OTCP) à mener l’enquête. Son premier Baromètre sur les perspectives du tourisme d’affaires à Paris a ciblé sept marchés prioritaires, à savoir le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, les Etats-Unis, la Chine, ainsi que le marché domestique, et totalise près de 3000 répondants.
A en croire les entreprises interrogées, on se dirige vers une reprise des déplacements. En additionnant les voyageurs qui prévoient « prochainement » un déplacement domestique (25%), à l’international (21%) ou sur les deux typologies (24%), on peut considérer qu’une majorité des sondés (70%) tablent sur une reprise du voyage d’affaires. A l’inverse, 31% des voyageurs n’envisagent aucun déplacement à venir.
D’après ce baromètre OTCP, les réunions devraient constituer le principal « appât » pour attirer les professionnels à Paris (34%), devant les congrès (26%) et les salons (12%). Mais la « culture événementielle » de chaque pays conduit à nuancer ce constat. On note ainsi l’appétence du marché allemand pour les congrès (54%), ou de la clientèle italienne pour les salons (28%). Encore faudra-t-il y voir plus clair quant aux possibilités réglementaires et logistiques de reprise de ces salons… « Il reste une grosse interrogation sur les conditions dans lesquelles les événements pourront avoir lieu », confie Corinne Ménégaux, Directrice Générale de l’OTCP. « On sent qu’il y a une envie chez les entreprises de pouvoir renouer avec cette tradition de l’événementiel, de participation à des salons, mais aujourd’hui nous manquons encore d’informations pour savoir comment ça va se passer à la rentrée. Un certain nombre de gros salons, sur les périodes d’octobre-novembre envisagent de se tenir quelles que soient les conditions mais nous attendons une confirmation de la réalité des mesures qui vont être prises. J’espère que nous le saurons d’ici fin juin. Cela fait partie des choses sur lesquelles on relance régulièrement le gouvernement, car cela donnera aussi le ton de la rentrée et du tourisme d’affaires », poursuit Corinne Ménégaux.
Quoi qu’il en soit, les habitudes des voyageurs d’affaires et de leurs entreprises ne manqueront pas d’être impactées par cet épisode inédit, et ce pour une durée encore inconnue. Interrogés sur leur politique événementiel, la majorité des acteurs (65%) évoquent une diminution des événements professionnels, devant l’intégration des mesures de précaution sanitaire (57%). D’ailleurs, seuls 41% des sondés prévoient d’organiser une réunion, un séjour incentive ou un séminaire à Paris. Néanmoins, ceux qui se rendent en capitale ne devraient pas rogner sur leur temps de passage, bien au contraire. En effet, d’après le baromètre de l’OTCP, 73% des voyageurs d’affaires prévoient de passer au moins deux nuits sur place lors de leur prochain déplacement à Paris. Le contexte sanitaire ne devrait donc pas inciter aux déplacements express : une bonne nouvelle pour la destination, et pour l’environnement. A l’inverse, si la durée du séjour tend à s’accroître, le temps de la réflexion pourrait bien se réduire au strict minimum : « Tout peut évoluer très vite, et la réservation de dernière minute risque de prendre un poids considérable, notamment dans la décision de déclencher un voyage d’affaires parce que si la situation se débloque on va tout de suite signer le contrat pour relancer la machine le plus rapidement possible », estime Thomas Deschamps, Responsable de l’observatoire économique du tourisme parisien.
Le bilan de ce premier baromètre OTCP s’avère donc nuancé, Thomas Deschamps se voulant relativement optimiste étant donné l’attractivité de la destination, et ses atouts : « Lors de la crise des subprimes, qui a été un gros coup de frein économique et touristique pour Paris, le tourisme d’affaires est revenu dès l’année d’après, de façon bien plus importante que ce que l’on imaginait. Nous avons la chance d’être un pôle économique très important, la première ville pour l’accueil de congrès au niveau international, il y a des clusters économiques reconnus, des congrès et des salons qui contribuent au rayonnement de notre destination. Les différentes nationalités [sondées] n’ont pas abandonné cette dimension, elles savent qu’elles peuvent faire du business sur les salons à Paris et y reviendront sans doute ». De son côté, Corinne Ménégaux relativise : « Sans tomber dans l’optimisme béat, on sent qu’il y a une volonté de reprendre une activité économique. On aurait pu s’attendre à ce que les chiffres soient encore pires, à ce que les entreprises aient donné des consignes claires pour qu’il y ait zéro voyage d’affaires pendant les trois prochains mois. Il y a une vraie envie de repartir dans un contexte économique « normal » ».
En cette période incertaine – et à l’approche de l’été – tout porte à croire que les organisateurs d’événements sont encore dans un flou artistique, et la photographie du marché révélée par ce premier baromètre gagnera en précision à mesure que la rentrée approchera. D’où l’intérêt des trois autres « vagues » d’enquête programmées par l’OTCP, mi-août, mi-octobre puis mi-décembre, pour une mise au point régulière sur le secteur événementiel.
Avec : voyages-d-affaires