Le karité dispose d’un fort potentiel pour atténuer les effets du changement climatique, et donc accroître la résilience climatique des bénéficiaires de la chaîne de valeur, en Afrique de l’Ouest d’où est expédié 99% des exportations mondiales du karité. L’atténuation du changement climatique est une nécessité dans une région où le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que les températures devraient augmenter de 3 à 6 °C d’ici 2100.
A l’aide de l’outil Ex-Ante Carbon balance Tool (Ex-Act), qui permet de mesurer l’impact des projets agricoles et forestiers sur les émissions de gaz à effets de serre et la séquestration de carbone, l’Alliance mondiale pour le karité (GSA) en partenariat avec la FAO a mené une évaluation multi-impact de la chaîne de valeur du karité dans huit pays d’Afrique de l’Ouest à savoir au Bénin, au Burkina Faso en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée, au Mali, au Nigeria et au Togo.
L’étude révèle qu’aujourd’hui la chaîne de valeur du karité fixe 1,5 million de tonnes de CO2 chaque année et que chaque tonne de production de noyaux de karité produite a une empreinte carbone négative de 1,04 tonne de CO2. Un impact positif qui s’explique par le système de production du karité, où les arbres poussent naturellement, intégrés aux cultures des petites exploitations, ce qui crée un paysage agro forestier qui agit comme un puits de carbone.
Pour révéler ce potentiel et faire de la chaîne du karité un moteur clé de la fixation du carbone, des investissements, chiffrés à $ 153 millions, seront nécessaires pour densifier et multiplier les plantations d’arbres. L’étude estime qu’il faudrait augmenter la population d’arbres à karité de 7 millions d’arbres par an dans les zones agro forestières ce qui permettrait de générer jusqu’à 9 millions de tonnes (Mt) de CO2 par an – soit un impact cumulé de 180 Mt de CO2 sur 20 ans – et une empreinte carbone de 8 tonnes de CO2 pour chaque tonne de karité produite.
Outre son impact environnemental positif, développer la chaîne de valeur de karité permet également de créer des emplois et générer des revenus supplémentaires dans une filière essentiellement féminine. Aujourd’hui, on compte environ 2,4 millions de femmes collectrices auxquelles s’ajoutent environ 4,8 millions de femmes engagés dans la collecte du karité pour leur propre consommation sans liens avec le marché. Dans le cadre de l’expansion des parcs à karité et de l’amélioration de la productivité des collecteurs, le nombre d’emploi créé serait d’environ 230 000 d’ici 2032 et les revenus générés par les femmes collectrices seraient augmentés de 33% à $2,30 par jour contre $1,74 aujourd’hui.
Dans l’ensemble de la région, la chaîne de valeur du karité génère aujourd’hui environ $284 millions pour la production brute et $203 millions en valeur ajoutée. On dénombre 12 unités de transformation du karité dans la région, dont une majorité au Ghana (7), puis au Burkina Faso (2), au Bénin (1), au Togo (1) et au Nigeria (1). Avec la mise en œuvre d’une stratégie d’expansion, la valeur de production brute serait d’environ $593 millions, soit une croissance de 6% par an entre 2019 et 2032 et une valeur ajoutée de $452 millions d’ici 2032 et onze nouvelles unités de transformation serait installées.
Avec : commodafrica