Le tout dernier haut de gamme de Huawei joue la carte de la photo, mais aussi de l’intelligence artificielle, de la reconnaissance faciale, du design avec écran sans bord… Bref, il joue sur tous les tableaux pour être sûr de bien cocher toutes les cases face aux références de chez Apple et Samsung.
Si deux objectifs photo ne suffisaient pas, trois devraient faire l’affaire… La surenchère de Huawei pour son nouveau P20 Pro présenté en grande pompe au Grand Palais à Paris ne semble pas connaître de limites, mais la définition de ce haut de gamme ultra complet ne manque pas pour autant de bon sens.
Dans la gamme P, l’accent est mis sur la photo, notamment depuis le partenariat avec le grand spécialiste Leica. L’allemand ne construit pas les objectifs eux-mêmes mais participe à l’élaboration des caractéristiques, des traitements, des modes de réglage de la partie photo. Un beau gage de qualité. Voilà donc ce P20 Pro pourvu de trois capteurs : un capteur principal de… 40 mpx aux photosites de grande taille pour capteur plus de lumière et allié à un objectif avec une ouverture à f/1.8, un objectif en zoom x 3 (8 mpx et f/2.4 seulement, dommage) et un capteur monochrome (pour photos noir & blanc et comme aide au capteur principal), comme c’est le cas pour le prédécesseur P10 ou le Mate 10 Pro. Un trio prometteur, complémentaire et capable de proposer un zoom hybride (optique et numérique de 5 x). Les premières notes données par le laboratoires DXO le place loin devant tous les autres smartphones et nos premières impressions sont bonnes, mais il faudra voir à l’usage le comportement de cet ensemble photo prometteur.
L’intelligence artificielle à la rescousse
L’intelligence artificielle offerte par la puce Huawei Kirin 970 et son NPU (la même que dans le Mate 10 Pro) permet ici une grande variété de reconnaissance automatique de scènes pour mieux ajuster les réglages de l’appareil. Elle serait capable par exemple de différencier automatiquement un chat d’un chien !
L’IA intervient aussi pour aider à la stabilisation pour les photos en basses lumière, elle permet de retrouver des produits photographiés dans le catalogue d’Amazon (et naturellement de les acheter) ou de baisser le bruit ambiant dans une conversation. Autre domaine où elle intervient : la gestion de l’énergie et donc, l’optimisation de l’autonomie. Avec une grosse batterie de 4 000 mAh, comme le Mate 10 Pro, le P20 devrait être sûr de tenir tout type de journée de travail entière. Huawei affirme qu’il peut assurer 22 h de navigation Internet par exemple. La charge rapide se fait via le port USB-C, permettant de gagner 58 % de batterie en 30 minutes de charge. Une des rares lacune dans sa fiche technique se trouve ici, le smartphone n’est pas compatible avec la charge sans fil. Pour y avoir droit, il faudra opter pour le dérivé hyper haut de gamme réalisé en collaboration avec Porsche Design, le Mate RS. Contrairement à la version Porsche basée sur le Mate 10 Pro, ce Mate RS est nettement différent, avec un des premiers capteurs d’empreinte digitale sous l’écran du marché, 256 à 512 Go de mémoire et un design différencié avec un écran aux bords courbés, le tout pour un prix record de 1 695 à… 2 095 € ! A noter, un P20 et un P20 Lite sont aussi proposés en entrée et milieu de gamme P.
Un design premium
Le design très soigné rappelle immanquablement l’iPhone X, avec l’encoche en haut de l’écran presque sans bord. Un choix esthétique qui lui donne des airs de copie, mais qui se justifie, notamment avec cette encoche de petite taille qui permet de mieux exploiter le très bel écran OLED de 6,1’’ de définition Full HD+ ( 400 PPI). Côté design, voilà un smartphone fin (7,8 mm) même si la partie photo est saillante, qui tient bien en main et au dessin élégant, proposé en noir, bleu miroir, rose et irisé.
Une bonne note en comparaison du Mate 10 Pro auquel il est impossible de ne pas le comparer : le capteur d’empreintes est ici sur la face avant, ce qui est bien plus pratique avec le téléphone posé sur une table ou sur un support de voiture. Autre atout, le déverrouillage peut se faire aussi par un système de reconnaissance faciale rapide (0,6 s) et efficace, même en basse lumière. Le P20 bénéficie d’une protection eau et poussière IP67, permettant à l’appareil de survivre à un séjour de 30 minutes sous 1 m d’eau.
Connectivité pro
Le P20 Pro est doté de deux emplacements SIM 4G (1,2 Go/s maxi) mais il abandonne la possibilité d’étendre le stockage sur une carte SD. Pour compenser cela, comme pour le Mate 10 Pro, la mémoire standard est de 128 Go (pour 6 Go de RAM). Son interface Emui, très proche de l’univers Apple iOS, tourne sur la toute dernière version d’Android, 8.1.
La connectivité élargie comprend un Mode PC qui permet de se connecter à un écran et d’afficher plusieurs fenêtres. L’écran du smartphone devient un clavier ou un trackpad.
Huawei Share 2.0 est un moyen de transmettre des fichiers en connexion WiFi + Bluetooth directe à 96 MB/s à un autre smartphone, un PC ou un Mac, tandis que Phone clone permet de transférer les données d’un ancien smartphone au rythme de 64 Go en 1 h.
Côté audio, le P20 bénéficie de la transmission sans fil haute résolution HWA, d’un traitement sonore Dolby Atmos, et il peut être accouplé à des écouteurs FreeBuds (10 h d’autonomie) et des écouteurs classiques, tous deux avec réduction de bruit active, un sérieux atout dans les transports en commun. Enfin, il a abandonné la prise écouteur « jack » – un adaptateur permet de brancher un casque audio sur la connexion USB-C.
Une stratégie à long terme
Huawei arrive à un bon niveau de reconnaissance : la marque chinoise est entrée à grands coups de marketing dans le top 100 des plus connues au monde. Et il semble que ses ambitieux stratèges (rappelons qu’ils ne visent rien moins que la première marche du podium et que la société a le 6e plus gros budget de R&D au monde avec plus de 10 milliards d’euros) considèrent que le temps est venu de s’affirmer avec des hauts de gamme assumés, à des tarifs du niveaux de ses chers concurrents. A 899 €, le P20 Pro est ainsi dans les sphères de l’Apple iPhone X et du Samsung Galaxy S9, voire au-dessus. C’est osé pour un fabricant qui reste un outsider dont le design reprend largement les caractéristiques de ses meilleurs ennemis. Un paradoxe sous forme de pari commercial, dont nous verrons vite les résultats. Mais au-delà des questions de stratégie, le plus important est la qualité du produit et il semble bien qu’une fois encore Huawei réussisse un excellent produit. Un test à plus long terme permettra de bien s’en assurer.
Avec : voyages-d-affaires