Dans la mouvance du Flygskam, la “honte de voler”, et d’une plus grande sensibilité des Autrichiens à l’environnement, le tout associé à des considérations économiques, le PDG d’Austrian Airlines Alexis von Hoensbroech a récemment évoqué la fin probable des vols domestiques assurés par le transporteur national…
N’y aura-t-il bientôt plus de vols intérieurs en Autriche ? Alexis von Hoensbroech, le PDG de la compagnie Austrian Airlines a lancé le débat durant l’été, suscitant l’irritation des milieux économiques, notamment des chambres de commerce régionales. Sur l’une des chaînes de la radio nationale autrichienne ORF, le PDG de la filiale autrichienne de Lufthansa a botté en touche. « Nous n’aimons pas effectuer des vols très courts, car ils s’avèrent plutôt coûteux. S’il existe une infrastructure au sol suffisante et assez bonne pour les remplacer, nous serons ravis d’utiliser une alternative », a précisé Alexis von Hoensbroech. Cette réflexion du PDG de la compagnie nationale devrait aussi concerner les vols internationaux très courts auxquels pourraient se substituer des trajets en train inférieurs à trois heures, à l’instar de Vienne-Budapest ou un jour Vienne-Munich, reliés en 3h30.
La compagnie a déjà élagué son réseau domestique ces dernières années. A commencer par la ligne Vienne-Linz, les deux villes n’étant de fait distantes que de 150 km. Des trains assurent la liaison entre la capitale autrichienne et la principale ville industrielle du pays en seulement 75 minutes en moyenne. Les spécialistes estiment que la seconde ligne sur la sellette est certainement Vienne-Salzbourg. Les trains les plus rapides relient les deux cités en seulement deux heures vingt.
Malgré un temps de trajet de quatre heures en train, la ligne Vienne-Klagenfurt est également menacée de fermeture, mais cette fois-ci en raison des pertes qu’elle génère pour Austrian Airlines. La compagnie a déjà pris les devants et passe cet hiver de trois à deux fréquences quotidiennes.
Seules seraient conservées à court terme les lignes aériennes sur Vienne-Innsbruck et Vienne-Graz. L’isolement d’Innsbruck, entouré par les Alpes, force en effet les trains à passer par l’Allemagne, soit un temps de trajet de plus de quatre heures. Quant à Graz, il semblerait que les élus locaux de la seconde ville d’Autriche soient déjà sur le pied de guerre pour empêcher toute fermeture. Et ce, malgré un temps de trajet en train de seulement 2h35 pour rallier l’aéroport de Vienne, les chemins de fer fédéraux autrichiens offrant déjà plusieurs services directs avec les trains Railjet, l’équivalent des TGV.
En fait, l’élément-clé dans la décision d’Austrian Airlines de supprimer ces lignes, sera l’amélioration de la connectivité de l’aéroport en train. La gare actuelle accueille essentiellement les trains à destination de Vienne. Les passagers en provenance des régions autrichiennes ont à la gare centrale de Vienne des correspondances immédiates pour le train rapide City Airport Train (CAT) à destination de l’aéroport, soit un temps de voyage supplémentaire de 15 minutes. Il existe à terme un projet de train à grande vitesse à destination de Bratislava et de Budapest.
Le prolongement de la ligne à grande vitesse Salzbourg-Vienne jusqu’à l’aéroport serait un argument de poids dans la décision d’AUA. Comme le sera la sortie d’ici 2021 de la flotte d’Austrian de ses 18 avions à hélices Bombardier Dash 8-400 qui offrent de 70 à 90 sièges. Ce sera peut-être même l’argument d’Austrian pour finalement mettre sa « menace » à exécution.
Avec : voyages-d-affaires.com