Austérité, dettes, troïka… Ces mots, Athènes tente aujourd’hui de les oublier. Les investisseurs étrangers comme les voyageurs d’affaires sont de retour et la ville s’est donné un nouveau phare, un centre culturel signé Renzo Piano
Reportage et photos Florian Guillemin.
Depuis le 20 août 2018, la Grèce est officiellement sortie de sa mise sous tutelle par l’Union Européenne après huit ans de plans d’austérité. En théorie, l’économie grecque retrouve donc des couleurs. Mais en théorie seulement, car du chauffeur de taxi au petit commerçant – visiblement habitués à ce que les Européens de passage prennent des nouvelles de leur convalescence –, le diagnostic est le même : le ratio entre salaires, taxes et coût de la vie rend le quotidien très difficile. D’ailleurs, Athènes porte encore les stigmates du marasme économique et on y croise régulièrement des ruines qui n’ont rien d’antique, témoignant d’une blessure encore ouverte.
Le quartier d’affaires de Syntagma illustre bien la situation d’Athènes, voire celle de la Grèce toute entière. Ci-gît par exemple l’hôtel Esperia, ancienne adresse business de tout premier plan, aujourd’hui transformée en friche alternative dont l’avenir demeure incertain. À quelques mètres de là, la banque centrale et la bourse grecque, dont les édifices froids et massifs semblent avoir perdu la mémoire. Néanmoins, de ce paysage urbain chamboulé, de cet équilibre économique encore bien précaire, naissent des opportunités dont se saisissent les entreprises étrangères, ainsi que certaines fortunes locales ayant réchappé à la crise.
En 2017, les investissements directs étrangers (IDE) ont même progressé de plus de 30 %, dépassant les quatre milliards de dollars pour retrouver le niveau d’avant 2008. Profitant du retour des voyageurs d’affaires, les grandes chaînes hôtelières reviennent à Athènes, et les projets d’envergure sont à nouveau d’actualité. Le symbole de la renaissance athénienne a été inauguré dès 2016, au sud-ouest de la capitale. Le centre culturel de la Fondation Stavros Niarchos, signé Renzo Piano, réunit opéra et bibliothèque nationale dans un totem architectural majeur. Après tout, pour relancer la machine à croire et à croître, pourquoi ne pas miser sur les fondamentaux athéniens ?
S’Y RENDRELes options ne manquent pas pour rallier Athènes depuis la France, à la fois en ce qui concerne les compagnies aériennes et les aéroports desservis. Depuis Paris CDG, Air France rallie la capitale grecque quotidiennement – pour un temps de vol moyen de 3h15 – et assure jusqu’à quatre vols par jour pendant l’été. Installée à Orly, sa filiale Transavia décolle aussi tous les jours à destination d’Athènes. EasyJet relie également Athènes depuis l’aéroport du sud parisien, mais le programme de vols – trois liaisons hebdomadaires – se limite à la saison estivale. De son côté, Aegan Airlines propose trois rotations quotidiennes depuis Paris CDG, mais Aegan Airlines se distingue surtout par sa couverture de l’Hexagone. La compagnie grecque est ainsi présente toute l’année dans six aéroports régionaux (Bordeaux, Toulouse, Marseille, Nice, Lyon, et Bâle Mulhouse), pour acheminer les voyageurs d’affaires de toute la France jusqu’à Athènes. |
Au Pirée, Athènes relance son portÀ en croire les Athéniens, pour jauger la situation du pays, il suffit de jeter un œil au Pirée. En vendant son port au Chinois Cosco en 2016, dans le cadre des programmes de privatisations imposés par la crise, Athènes a pu sembler vendre son âme, et surtout une machine économique de tout premier plan. Trois ans plus tard, force est de constater que le quartier du Pirée surfe sur une nouvelle dynamique. Après le tramway début 2019, le métro devrait être lancé en 2021 pour relier les deux portes d’entrée de la ville : le port et son aéroport. Paradoxalement, ce plan de modernisation devrait épargner la vraie scorie du quartier, la tour du Piraeus Trade Center, dont la conception dans les années 70 s’avéra si dangereuse qu’elle ne peut être occupée, ni même détruite. |
Avec : voyages-d-affaires.com