Le Groupe ADP serait sur le point d’accepter une réouverture de l’aéroport de Paris-Orly à la fin juin, sous la pression conjuguée des compagnies aériennes et des sociétés d’assistance en escale.
Fermé depuis le 1er avril au profit de Paris-CDG en raison de la chute du trafic entrainée par la pandémie de Covid-19, l’aéroport d’Orly pourrait connaitre une réouverture partielle le vendredi 26 juin 2020, veille du premier weekend des vacances d’été. Une possibilité évoquée dimanche par le secrétaire d’Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebarri, qui aura le dernier mot, même si Orly « ne rouvrira pas pour seulement quelques vols », a réaffirmé selon Les Echos le PDG d’ADP Augustin de Romanet, lors de l’assemblée générale des actionnaires qui s’est tenue à huis clos. Une annonce pourrait être faite dès vendredi. Les vols vers l’Outre-mer seraient privilégiés selon le journal, suivis par ceux vers le Maghreb « et notamment l’Algérie » où Air France et Transavia doivent inaugurer 7 nouvelles liaisons.
Avec un trafic à Paris autour de 2% du niveau habituel, la direction d’ADP voulait pourtant « privilégier un regroupement » des vols au départ de Roissy-CDG, où seulement deux terminaux (le 2E et le 2F) sont encore en activité, « afin de limiter ses pertes d’exploitation ». Le secrétaire d’Etat a toutefois réitéré hier soir les conditions d’une telle réouverture : « Un, c’est que la situation sanitaire s’améliore et continue de s’améliorer », et « deux, c’est que nous trouvions ou que nous harmonisions les mesures sanitaires avec nos voisins européens et méditerranéens ». Selon lui, « chacun comprend que si chacun a sa mesure dans son coin, ça ne marchera pas ». Troisième préalable posé, que les compagnies aériennes concernées proposent « un programme de vol solide », qui devra être présenté « pour le 15 juin ».
La lettre ouverte envoyée la semaine dernière par les compagnies aériennes basées à Orly Air Caraïbes, Air Corsica, Amelia, Chalair, Corsair, French bee, La Compagnie, Level France et de la low cost Transavia aurait donc payé. Elles se sont « engagées » à fournir un programme de vol dès cette semaine (seule Transavia ne l’aurait pas encore fait selon les Echos), et ont fait valoir que les temps de trajet notamment depuis l’Europe du Sud et le Maghreb seraient allongés de 30 minutes en cas de déplacement des activités vers Roissy, avec à la clé des surcoûts et donc une augmentation du prix du billet – et un « retard de la reprise du trafic aérien ».
Ces pressions ont été suivies par celles de la Chambre Syndicale et l’Assistance en Escale (CSAE), qui représente 20.000 emplois en France dans les 20 sociétés rendant des services au sol pour traiter les passagers, les bagages, le fret aérien et les avions. Elle « ne peut imaginer que le deuxième aéroport de France puisse rester fermé pendant toute la période d’été alors qu’il nourrit de nombreuses entreprises qui y sont basées. Les surcoûts pour tous les opérateurs d’Orly d’un transfert vers Charles de Gaulle limiteraient d’autant leur activité et augmenteraient le prix des billets d’avion, avec un impact direct sur le maintien de l’emploi dans le Val de Marne, et interdiraient aussi à de nombreuses familles de revoir leurs proches hors de France, avec la raréfaction des vols et la hausse du prix des billets ».
La CSAE « insiste sur l’importance et l’urgence d’une prise de position favorable à la réouverture d’Orly au plus tard fin juin, pour permettre une commercialisation prochaine des vols et la préparation de la reprise dans les meilleures conditions sanitaires, sociales et économiques. Nous comprenons les enjeux économiques pour les gestionnaires d’infrastructure à concentrer l’ensemble de l’activité aéroportuaire sur un seul site, mais sachant que les services techniques (contrôle aérien, sécurité incendie, sûreté…) restent mobilisés sur la plateforme d’Orly pour assurer les vols sanitaires, il nous semble important de permettre à l’ensemble des acteurs économiques d’y reprendre leur activité, et ainsi éviter de prolonger l’attrition ».
Le chômage partiel « ne pourra pas suffire à faire face à un arrêt total de l’activité de 6 mois ou plus, et l’impact économique direct et indirect serait alors majeur pour tous les personnels et les acteurs économiques de l’aéroport et de la région », conclut le communiqué de la CSAE.