Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie, prépare une feuille de route pour “le maintien et la relocalisation“ de l’industrie automobile en France. Il viendra au Maroc en janvier. Voici notre éclairage ainsi que les réponses de MHE à nos questions. Pour lui, Renault et PSA ne repartent pas.
Le Maroc est fier de l’industrie automobile implantée sur son territoire, et en particulier de la présence des deux constructeurs Renault et PSA. Les performances sont là, la montée en puissance également, sans oublier les emplois spécialisés, les exportations et les perspectives de développement de cet écosystème très dynamique. L’Etat marocain a d’ailleurs consenti d’énormes efforts pour séduire ces constructeurs : terrains industriels, voie ferrée, forte participation de la CDG au capital de Renault Tanger (48%), formation …
Aujourd’hui, cette industrie semble menacée. Intervenant le 2 décembre à Paris, dans le cadre de la journée de la filière automobile, Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie, a été offensif. Il a utilisé une bonne vingtaine de fois le terme “relocalisation“. Il veut relocaliser en France les usines et les emplois qui selon lui, sont partis ailleurs. C’est-à-dire au Maroc, en Slovénie et en Turquie.
Le ministre a chargé un expert, Hervé Guyot, ancien dirigeant de Faurécia, d’élaborer une feuille de route pour le “maintien et la relocalisation de l’industrie automobile en France“.
Le Maire semblait très volontaire et déterminé :
“Quel est l’écart de productivité qu’il faut réduire pour que vous puissiez relocaliser vos usines et vos emplois et on aurait une industrie automobile intégrée, du donneur d’ordre aux sous-traitants sur notre territoire ?“.
“C’est une belle bataille.
“J’ai demandé à un expert de l’automobile d’évaluer d’ici le printemps prochain, avec les constructeurs, à quelles conditions pouvez vous maintenir et relocaliser l’activité en France et à quelles conditions pouvez vous améliorer les relations entre donneurs d’ordres et sous-traitants“.
Le ministre français veut les premières conclusions en janvier et le rapport définitif en avril. Dans cette feuille de route, il n’y a pas que la relocalisation. Il y aura aussi le virage technologique actuel. Et le ministre promet d’ores et déjà des incitations ainsi qu’une baisse d’impôts pour la filière.
Bruno Le Maire défend ainsi une idée chère à Macron, le pacte industriel en France : “La voiture, c’est la France, une puissance économique considérable, des centaines de milliers d’emplois dans toute la France. Un vecteur de recherche technologique exceptionnelle.
“Il n’est pas question de laisser tomber. C’est notre culture, l’industrie automobile appartient à la culture française“.
Renault et PSA vont-ils partir?
Cela semble difficile. Non seulement l’attractivité du Maroc dans ce domaine est indéniable mais les investissements ont été faits et le Maroc y a fortement participé.
Jeudi 19 décembre, les deux ministres directement concernés, Bruno Le Maire et MHE, ont eu un échange à Paris, en marge de la réunion de haut niveau maroco-française. Selon MHE, il y aura une “stratégie conjointe” pour soutenir l’industrialisation des deux pays. Le ministre marocain évoque également un “transfert de technologies”. Arrivera-t-il à arrimer le Maroc à des projets industriels français ou européens tournés vers le futur de l’automobile? On peut penser à la recherche-développement sur les batteries des voitures électriques, sur la voiture hybride, la voiture autonome, le véhicule électrique. En tous les cas, les deux ministres se sont donné rendez-vous au Maroc en janvier prochain, où Le Maire effectuera “une visite de travail”.
MHE: nous participerons au banquet mais nous ne serons pas dans le menu
Joint par Médias24, Moulay Hafid Elalamy répond à nos questions:
Médias24: Renault et PSA risquent-il de repartir ? Bruno Le Maire parle de relocalisation et d’incitations de toutes sortes pour ramener l’industrie française en France.
MHE: Non, ils ne repartent pas.
L’objectif pour la France est de développer son industrie et non de l’handicaper.
Le Royaume du Maroc apporte une vraie valeur ajoutée et un gain certain en compétitivité aux entreprises étrangères qui ont fait le choix de s’y installer.
-Vous évoquez une stratégie conjointe. De quoi s’agit-il ?
- La stratégie conjointe et le développement du partenariat économique franco-marocain, pour gagner ensemble de nouveaux marchés, en Europe, aux Etats-Unis, en Afrique et ailleurs.
Nous avons déjà plusieurs exemples, que nous allons démultiplier.
-Les deux constructeurs français ont-ils le droit de partir du jour au lendemain malgré les conventions signées, les investissements de l’Etat marocain et la contribution de la CDG ?
–Nous n’attachons personne pour l’obliger à maintenir son investissement au Maroc. Notre modèle est de faire de notre plateforme une destination compétitive, de compétence, de qualité de production, de logistique efficace et d’empreinte carbone la plus respectable. C’est ça la stratégie Maroc. Nous méritons notre attractivité, nous ne nous imposons à personne…
-Est-ce que les évolutions technologiques telles que la voiture électrique et les voitures automnes ne rendront pas obsolète l’actuel éco-système marocain
-Nous sommes dans les technologies les plus poussées a présent. Kénitra produit déjà des véhicules électriques, nos équipementiers sont de toute dernière génération… nous avons les pieds bien ancrés dans le présent et le regard bien fixé sur le futur.
Nous avons décidé de participer au banquet et ne pas être sur le menu.
avec : medias24