Mais pour atteindre cet objectif ambitieux, il faudra plus que doubler le financement actuel consacré à la lutte contre la maladie. Éliminer le paludisme est un combat difficile puisqu’il n’existe encore aucun vaccin efficace pour prévenir la maladie transmise par la simple piqûre d’un moustique infecté. C’est pourtant l’objectif, dévoilé vendredi 10 juillet, de l’OMS et Roll Back Malaria (une plate-forme de coordination internationale contre le paludisme) dans 35 pays du monde, situés en Asie et en Amérique du sud. Partout ailleurs, les deux partenaires prévoient réduire de 90 % le nombre de cas mortels d’ici 2030. Encore aujourd’hui, la moitié de la population mondiale risque de contracter la maladie, souvent mortelle.
Près de 500 000 victimes prévues en 2015
Au cours des 15 dernières années, le taux de mortalité a chuté de 58 %, ce qui a permis de sauver plus de 6 millions de personnes. Malgré ces progrès, le paludisme fait encore de nombreuses victimes.
Selon les estimations, en 2015, 214 millions de personnes devraient être touchées par le paludisme et parmi elles, 472 000 en mourront. Et ce sont des enfants africains de moins de cinq ans qui devraient en être les principales victimes. L’Afrique demeure le continent le plus touché par le paludisme où neuf cas mortels sur dix sont recensés.
Prévenir pour sauver des vies
La prévention demeure le moyen le plus efficace de sauver des vies, soutient le Dr Éric Mouzin, médecin épidémiologiste au partenariat Roll Back Malaria.
Dr Fatoumata Nafo-Traoré : « Nous sommes à un tournant de la lutte contre le paludisme »
Une série d’actions sera déployée au cours des 15 prochaines années pour accélérer la lutte contre la maladie : distribution de moustiquaires, vaporisation d’insecticide, prévention du paludisme chez la femme enceinte, détection précoce de la maladie et distribution de médicaments.
« Réduire de 90 % le nombre de cas mortels est peut-être ambitieux mais c’est un plan réaliste si on se donne les moyens financiers. Toutefois, il faudra multiplier par deux les investissements », explique le docteur Mouzin.
Des besoins estimés à 100 milliards de dollars
Pour éliminer le paludisme d’ici 2030, les besoins se chiffrent au total à plus de 100 milliards de dollars. Pour réussir à atteindre la première cible de réduction établie à 40 % en 2020, le financement annuel doit avoir atteint la barre des 6,4 milliards de dollars. Et pourtant depuis quelques années, le montant des investissements stagne autour de 2,5 milliards de dollars.
« Investir pour atteindre les nouvelles cibles 2030 de lutte contre le paludisme, permettra d’éviter presque 3 milliards de cas de contamination et de sauver plus de 10 millions de vies. Si nous pouvons atteindre ces cibles, le monde pourrait générer un montant stupéfiant de 4 000 milliards de dollars US de production économique additionnelle sur la période 2016-2030″, a indiqué Dr Fatoumata Nafo-Traoré, directrice exécutive de Roll Back Malaria.
La lutte contre le paludisme permet aussi de diminuer les taux de mortalité des mères et de leurs enfants, les populations les fragiles quant à cette maladie. Elle s’inscrit aussi dans le cadre des Objectifs de développement durables des Nations unies qui seront lancés en septembre prochain.
pmepmimagazine avec jeuneafrique