Plusieurs fois critiqué et accusé par les internautes de censurer sans discernement des contenus présentant « un intérêt public », Facebook lâche enfin du lest en assouplissant les règles d’utilisation de sa plateforme qui interdisent formellement à l’ensemble de ses abonnés de diffuser des images de nudité.
Ne plus cacher ce sein que nous ne saurions voir ! Telle serait la nouvelle politique de modération concernant la publication de contenus potentiellement choquants sur le réseau social de Marc Zuckerberg. Dernière polémique en date ? Un dessin animé de l’association caritative suédoise Cancerfonden expliquant comment détecter les signes d’un cancer du sein. La firme américaine, qui a fini par reconnaître « une erreur de jugement » en retirant cette vidéo, vient de présenter ses excuses, par voie de presse, à l’ONG.
Mais les affaires de censure s’accumulent. En septembre dernier, l’équipe de modération de Facebook avait supprimé les publications d’un journal norvégien qui affichait la célèbre photo de Nick Ut avec une petite Vietnamienne fuyant un bombardement au napalm, au motif que l’enfant était nue.
« Machine arrière toute ! », annoncent les vice-présidents du réseau social, Joel Kaplan et Justin Osofsky sur le blog officiel de Facebook ? Presque… « Nous allons commencer à autoriser davantage de contenus dont les gens estiment qu’ils sont importants, qu’ils méritent d’être dans l’actualité ou qu’ils ont un intérêt public, même s’ils ne respectent pas nos critères », indiquent les cadres dirigeants de la firme. Ils précisent toutefois qu’ils travailleront avec des journalistes, des photographes ou encore des avocats afin d’établir les nouvelles règles de modération du réseau social.
En revanche, Facebook, qui se targue de proscrire également toute incitation à la haine ou à la violence, ne mentionne pas le cas des vidéos de guerre diffusées en direct sur son réseau. Des images ultraviolentes de la bataille de Mossoul ont été consommées sans aucune modération par des centaines de milliers d’internautes, un conflit à suivre en direct de son canapé qui est toujours diffusé sur la page Facebook de la chaîne kurde Rudaw, partageant ses flux vidéo avec la chaîne qatarie Al-Jazira. Ces images, l’on peut les taguer à loisir avec des émoticônes. Des cœurs ardents ou des pouces en l’air pastillent les vidéos de bâtiments fumants, de chars détruits et les photos des cadavres qui s’amoncellent.
« Ah purée. Je n’avais pas vu qu’on diffusait l’assaut sur Mossoul en direct sur Facebook Live », s’extasie et commente un internaute. Et qu’il se rassure : pas de censure à l’horizon car aucune image de cette monstrueuse nudité, qui est prohibée par le règlement de Facebook, n’est venue ternir cet info-spectacle morbide qui s’invite aujourd’hui et de façon impudique et obscène sur tous les réseaux sociaux.
Avec Rfi