Originaire d’Ouzbékistan, son nom a donné naissance au mot “algorithme”. Celui que ses contemporains appelaient le père de l’algèbre, en référence à son ouvrage Kitab Al jabr w’al mouqabala, est célèbre pour son apport colossal aux mathématiques. On lui attribue notamment la transposition qui a causé bien des cauchemars aux petits écoliers soucieux de venir à bout de leurs équations. Il fût aussi astronome et s’est même essayé à l’astrologie à ses heures perdues. Essais peu fructueux car dix jours après avoir promis une longue vie au Calife, celui-ci décède, faisant tomber à l’eau sa carrière de medium.
Contrairement à ce qui est admis, la médecine expérimentale est née en terre d’Islam et non à l’époque de la Renaissance, soit sept siècles plus tôt. Al-Razi, reconnu pour ses talents scientifiques et la rigueur de ses observations, a été l’un des pionniers de la médecine expérimentale. Contrairement aux pratiques alors utilisées qui négligeaient la médecine préventive, Al-Razi a préféré s’appuyer sur l’analyse des symptômes et a accordé une importance sans précédent à l’entourage du malade et à la psychologie de ce dernier dans le processus de sa guérison. Réputé pour sa gentillesse et son grand humanisme, ce “docteur Mamour” des temps anciens a compris bien avant d’autres qu’un moral au beau fixe est une bataille à moitié gagnée contre la maladie.
Lorsqu’on parle de sociologie, on a tendance à citer Durkheim, Tocqueville ou encore Auguste Compte. Ceci dit, le réel initiateur de cette discipline n’est autre que Ibn Khaldoun. Né en 1332, ce natif de Tunis est considéré comme le précurseur de la sociologie moderne. Bien qu’issu d’une grande famille de notables, Ibn Khaldoun n’eut pas la vie rose tous les jours. Au milieu du 14ème siècle, alors qu’il n’avait que 15 ans, ses parents meurent suite à une épidémie de peste noire qui frappe la région de Tunis. Après ce triste épisode, Ibn Khaldoun quitte Tunis pour Fès pour rejoindre le Conseil des Savants en 1354. Dans la foulée, il commence à écrire son œuvre magistrale “Al Muqaddima” où il s’inspire de sa propre expérience pour tenter de déterminer les causes de la montée et du déclin des dynasties arabes.
Plusieurs rues et hôpitaux du royaume portent son nom, mais que savons-nous réellement de celui qui a révolutionné la médecine médiévale? Ibn Sina ou Avicenne pour les Occidentaux, est né le 7 août 980 à Afshéna, dans l’actuel Ouzbékistan. L’auteur du Qanûn fut envoyé dès sa plus tendre enfance apprendre le calcul chez un épicier où il mit sa bonne mémoire et son don inné pour les mathématiques au service de son employeur. Quelques années plus tard, il part étudier à Boukhara en Ouzbékistan où il s’intéresse de plus près à la médecine. Précoce, celui qui dévorait les ouvrages de Galien et d’Aristote durant son adolescence enseignait son savoir à des médecins célèbres alors qu’il était âgé de 16 ans à peine. Grâce à ses travaux, de nombreuses maladies furent diagnostiquées et traitées, telles que la méningite ou encore le diabète.
Cherif El Idrissi est l’un des pionniers de la géographie descriptive. Suite à la demande du Roi de Sicile, ce natif de Sebta s’appuyait sur ses propres voyages pour décrire l’Italie, l’Espagne et l’Afrique du Nord dans un ouvrage qu’il appela le “Livre de Roger”. Plus tard, il rédigea un ouvrage plus complet “Rawd-Unnas wa-Nuzhat al-Nafs” (“Plaisir des hommes et joie de l’âme”), une sorte de guide du routard avant l’heure, reprenant l’ensemble des spécificités géographiques mais aussi des us et coutumes locales.
Né en 721, celui qu’on appelle Geber en Occident, a fait passer la chimie d’un art occulte à une discipline scientifique. Traduit en latin, ses traités étaient pendant longtemps la référence pour les alchimistes européens. Il a devancé les préceptes de la chimie moderne d’à peu près dix siècles: le chimiste français Joseph Louis Proust et ses lois des proportions en sont l’exemple le plus notoire. On lui attribue par ailleurs l’invention de plusieurs outils de laboratoires utilisés jusqu’à aujourd’hui tels que l’alambic qui permet de faire des distillations.
Ibn Rochd ou Averroès tel qu’il est connu en Europe, a vécu entre l’Espagne et le Maroc. Surnommé “Le Commentateur” par ses pairs, c’est son analyse des œuvres d’Aristote qui le rendra célèbre en Occident. C’est aussi le “père de la laïcité” car il tentera de séparer raison et foi. Cela lui causa bien des ennuis tant de la part des chrétiens que des musulmans: on le traita d’hérétique et ses livres furent brûlés.
Né à Damas en 1526, Taqi-Al-Din s’est intéressé au domaine de l’astronomie et de la mécanique optique. C’est lui qui inventa la pompe à eau, devançant ainsi les Européens d’à peu près un siècle. Il a aussi inventé le télescope, permis la mise en place de la première horloge-réveil dans l’histoire, en 1556, et convaincu le sultan Morad III de construire un observatoire astronomique à Istanbul pour concurrencer les observatoires européens. Ce dernier fut néanmoins détruit quelques années plus tard après la défaite de l’armée ottomane.
Père fondateur de la chirurgie moderne, Al Zahrawi est considéré comme l’un
des plus grands chirurgiens musulmans. Originaire de Cordoue, il était médecin dans la cour du Calife Hakim II. Auteur d’une encyclopédie de 1500 pages où il a consigné et illustré plus de 200 instruments chirurgicaux, il fut l’un des premiers savants à expérimenter la médecine sur le corps animal pour tester la viabilité des opérations chirurgicales. Avenzoar, tel qu’il est appelé en Europe, a aussi conduit des examens post-mortem sur des humains qui lui ont notamment permis de fournir une description détaillée du cœur. Plus important encore, il réussit à confectionner à partir de boyaux de chat un fil résorbable, très pratique pour les sutures.
avec : huffpostmaghreb.