Le 11 mars 2018, la Chine a approuvé l’abolition d’une restriction qui était en place depuis 1982: la limite de deux termes pour la présidence. Cette mesure, instaurée par Deng Xiaoping, avait pour but d’éviter le chaos pouvant survenir lorsqu’un seul dirigeant autoritaire mène le pays, tel que vécu avec Mao Zedong dans les années 70.
Cette nouvelle ne m’a pas vraiment surpris. J’ai été bien davantage étonné par le peu de réactions dans l’ouest, face à ce changement qui me semble constituer un pas à reculons pour la démocratie. En Occident, on prend pour acquis ce système politique. Cela nous permet, entre autres, de nous exprimer librement. Ici au Canada, comme dans bien d’autres pays, on peut critiquer nos dirigeants sans craindre des représailles. Imaginez un instant si vous deviez craindre pour votre vie chaque fois que vous parlez en mal de Justin Trudeau, et pour les Américains, chaque fois qu’ils ridiculisent Donald Trump! C’est la liberté d’expression.
En Chine, malgré son ouverture sur le monde, cette liberté semble bien limitée. En juillet de l’année passée, une jeune femme de 29 ans a publié son mécontentement à l’égard du président Xi Jinping sur les réseaux sociaux. Elle a barbouillé une affiche où celui-ci y figurait, quelque part dans la ville de Shanghai. Dans la même journée, les autorités chinoises lui ont rendu visite. Elle serait disparue depuis. Questionné par la police, son père leur aurait demandé ce qui est arrivé à sa fille. On lui a répondu qu’elle aurait enfreint la loi, en s’en prenant à un dirigeant d’État, même si, en principe, les citoyens jouiraient du droit de critiquer leur gouvernement.
Ce reportage instructif, produit en français, explique bien les objectifs du président Xi. Il décrit, entre autres, son enfance et son adolescence difficiles, l’amenant à être ce qu’il est aujourd’hui. On pourrait penser que le superbe développement de la Chine va ultimement en faire un pays ressemblant au nôtre. Or, d’ici 2049, on parle plutôt d’établir un paradis communiste mondial, avec au centre, bien évidemment… la Chine.
En tant qu’investisseurs, nous devrions suivre de près ce phénomène. La Chine constitue-t-elle un bon endroit pour investir? D’un côté, nous avons Charlie Munger, l’associé de longue date de Warren Buffett, qui déclare haut et fort que sa famille est substantiellement investie en Chine. De l’autre côté, nous nous retrouvons face à un risque subtil avec des sociétés comme Alibaba et Tencent. Nous pouvons les détenir en portefeuille en tant qu’étrangers, mais leur structure financière particulière nous rend vulnérables aux décisions du gouvernement chinois.
En conclusion, nous pouvons continuer de considérer les opportunités chinoises pour notre portefeuille, mais gardons à l’esprit que la Chine demeure avant tout un pays communiste, avec une tendance qui ne semble pas aller vers l’allègement de ce régime, bien au contraire.
avec : lesaffaires