A l’entrée, mercredi soir à Rabat, du musée de Bank Al-Maghrib (BAM) où se tient l’exposition «Miroir collectif» jusqu’au 1er septembre, le portrait de Feu SM Mohammed V ne passe pas inaperçu.
C’est plutôt la technique de dessin carbone sur papier conçue par l’artiste Abdelaziz Zerrou qui en fait la particularité. A propos de cette œuvre, le commissaire, Abderrahmane Benhamza, indique : «C’est une ouverture assez éloquente de la collection. Nous avons fait appel à cette toile qui représente le défunt Roi, parce qu’on prétendait, à l’époque, qu’on pouvait le voir dans le disque lunaire, comme astuce pour inciter le peuple à se soulever en masse contre le colonialisme». Après quoi, l’exposition, dont le vernissage a été marqué par une visite d’Abdellatif Jouahri, gouverneur de BAM, et de Mohamed Laaraj, ministre de la culture et de la communication, verse, comme le précise M. Benhamza, dans la première génération.
«Celle-ci réclamait elle-même, à titre de revendication, son identité personnelle à travers une nouvelle manière de traiter l’art et de le pratiquer». Selon ses dires, il y a une jonction entre cette œuvre illustrant le défunt Roi et l’appel des artistes à retrouver leur identité réelle après le recouvrement de l’indépendance marocaine. Concernant la technique utilisée, le commissaire indique que «c’est une sorte de parodie faite par l’artiste Abdelaziz Zerrou qui a utilisé ses propres moyens pour représenter cette image symbolique quasiment oraculaire de ce qu’a été l’appel à l’indépendance».
Outre cette œuvre, l’exposition présente une panoplie d’œuvres d’artistes. Comme l’explicite le commissaire, elle se présente en deux tranches. La première étant représentée par l’ancienne génération regroupant les artistes Melehi, Hamidi, Bellamine, Kacimi, Chebâa, Gharbaoui et Cherkaoui entre autres, qui, à l’âge qu’ont aujourd’hui les nouveaux artistes avec qui ils exposent, revendiquaient la même chose, c’est-à-dire une appartenance au territoire, une identité personnelle et marocaine. «Ce que font d’ailleurs les nouveaux artistes comme Arejdal, Akrim et Souali entre autres qui eux aussi ont misé sur le côté contestataire pour revendiquer la même chose que leurs prédécesseurs», enchaîne le commissaire.
Des noms d’artistes qui ont figuré lors du tour de l’exposition regorgeant de toiles en techniques qui ont impressionné les visiteurs.
De son côté, Abderrahim Chaâbane, directeur du musée de BAM, rappelle que cette exposition est organisée en partenariat avec le Comptoir des Mines Galerie de Marrakech. «Cet événement coïncide avec le 60ème anniversaire de la création de BAM», exalte-t-il.