Depuis la crise internationale de 2008, les transferts des MRE sont en ralentissement. Ils auraient pu chuter à cause de la baisse des envois des Marocains d’Europe, mais les transferts provenant des pays du Golfe ont permis d’éviter le pire.
Les transferts des MRE représentent l’équivalent en devises de quelques 65 milliards de DH en 2018 (chiffre provisoire de l’Office des changes). Ils constituent une ressource financière stratégique pour le pays.
D’une part, ils représentent un soutien important au pouvoir d’achat de millions de familles, notamment en milieu rural et régions pauvres. Ce qui est un facteur de croissance économique et de cohésion sociale.
Surtout, ces envois permettent, avec les recettes touristiques, de préserver les équilibres macroéconomiques, l’impact du déficit commercial du Maroc étant important sur les réserves en devises, qui ne couvrent que 5 mois d’importations de biens et services.
Jusqu’en 2007 (+15%), les transferts des MRE pouvaient évoluer à deux chiffres chaque année. Mais la crise internationale de 2008 a changé la tendance : depuis cette année, on enchaîne les baisses et les petites hausses.
Un taux de croissance annuel moyen de 1,5% entre 2007 et 2018
Entre 2007 et 2018, le taux de croissance annuel moyen des envois des MRE est d’à peine 1,5%. On est passé de 55 milliards de DH à 65 milliards, soit 10 milliards de plus en 11 ans.
Les MRE à l’origine de ce ralentissement sont ceux établis dans les pays d’Europe dont les envois ont carrément baissé. Ces pays d’accueil sont les destinations traditionnelles qui génèrent le plus gros des recettes : Espagne (-34% en 11 ans), Italie (-10%), Pays-Bas (-9,6%), Royaume-Uni (-20,9%). La France, premier contributeur aux recettes MRE, a pu limiter sa baisse à 1,4% depuis 2007.
Pertes d’emplois, conditions de travail difficiles, dégradation du pouvoir d’achat, manque de visibilité…, tous ces facteurs liés à la crise internationale et ses conséquences peuvent expliquer cette situation. Le lien avec d’autres facteurs d’ordre socioéconomique (changement générationnel, préférence pour l’investissement dans le pays d’accueil…) est difficile à établir faute d’étude à grande échelle.
En tous les cas, l’effondrement des transferts depuis ces pays d’Europe aurait pu avoir des conséquences lourdes sur le Maroc si les MRE d’autres pays n’avaient pas pris le relais.
Il s’agit de ceux de l’Arabie Saoudite dont les envois ont plus que quadruplé, passant de 1 milliard de DH en 2007 à 4,5 milliards en 2018.
Il y a aussi ceux des Emirats Arabes Unis dont les transferts sont passés de 1,5 milliards de DH à 4,2 milliards.
Le Qatar et le Koweït montent également en puissance, passant de moins de 200 MDH chacun en 2007 à plus de 1 milliard de DH en 2018.
Ces économies pétrolières ont enregistré une forte croissance entre 2009 et 2014 à cause de l’envolée des prix du brut. Après un ralentissement en 2015 et 2016, la croissance est repartie depuis 2017.
D’autres pays d’accueil occidentaux ont contribué à amortir la baisse des envois des MRE même si la crise internationale les a touchés : les Etats-Unis (+29%), la Belgique (+46%), l’Allemagne (+32%) et la Suisse (59%).
Aujourd’hui, la France représente toujours le pays qui contribue le plus avec 35,5% du total des transferts. Mais les pays du Golfe sont montés à 18%. L’Arabie Saoudite est sur le point d’écarter l’Espagne de la troisième place.
avec : medias24