L’assemblée générale de Vivendi entérinera cet après-midi la passation de pouvoir décidée en avril 2018 entre Vincent Bolloré et son fils Yannick à la présidence du conseil de surveillance. Compte tenu du poids du groupe Bolloré, avec environ 26% du capital et 29% des droits de vote, cette succession familiale a de grandes chances d’obtenir la majorité ordinaire nécessaire. Mais ce passage de témoin soulève quelques critiques.
Si Phitrust n’a pas obtenu le soutien nécessaire pour pouvoir déposer une résolution en assemblée générale (AG), la société de gestion a adressé une série de questions écrites à la direction de Vivendi afin d’obtenir une réponse aujourd’hui. «Yannick Bolloré préside à la fois le conseil de surveillance de Vivendi et est le PDG d’Havas, filiale opérationnelle détenue intégralement par Vivendi, ce qui fait apparaître un conflit d’intérêts patent. Par ailleurs, deux dirigeants du groupe Bolloré, Gilles Alix et Cédric de Bailliencourt, siègent en tant que membres du directoire de Vivendi. Le conseil de surveillance de Vivendi se retrouve donc en position de contrôle sur les représentants de son actionnaire principal qui jouent un rôle opérationnel dans la société contrôlée», s’étonne Phitrust.
Logique de séparation des pouvoirs
La société de gestion estime que cette gouvernance ne répond pas à la logique de séparation des pouvoirs, validée par les actionnaires à l’assemblée générale de 2005 avec la création d’un conseil de surveillance et d’un directoire. Dans un récent entretien aux Echos, Yannick Bolloré avait expliqué que cette configuration «ne pose aucun problème vis-à-vis des statuts de la société» et que la direction opérationnelle d’une filiale lui «permet d’être plus pertinent comme président du conseil de surveillance».
Autre sujet à l’ordre du jour : une résolution permettant de réduire le capital de Vivendi de 25% par des rachats d’actions, financés une fois la vente partielle d’Universal Music Group réalisée. Cette opération permettra à Bolloré de renforcer son pouvoir sur Vivendi au point, selon Phitrust, de «devenir l’actionnaire de contrôle sans avoir lancé d’OPA au détriment des actionnaires minoritaires», si l’AMF venait à accorder une dérogation, pour franchissement de seuil passif.
Enfin, l’AG devra se prononcer sur une résolution permettant le changement de statut de Vivendi en société européenne.
avec : agefi