Les ministres de la zone franc ont rendez-vous à Niamey les 27 et 28 mars pour leur première réunion de l’année sur la situation économique, financière et monétaire des pays membres. Depuis plusieurs semaines, les autorités de Niamey se préparent activement à accueillir cet évènement bi-annuel qui se tient alternativement entre Paris et une capitale de l’espace monétaire composée des pays membres de l’UEMOA, de la CEMAC ainsi que des Comores qui partagent le franc CFA comme monnaie commune.
A la manœuvre, le nouveau ministre des Finances du Niger, Mahamadou Diop, nommé le 31 janvier dernier et qui s’apprête à accueillir dans la capitale nigérienne ses homologues de l’espace monétaire, ainsi que le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Lemaire, le gouverneur de la Banque de France, des cadres du Trésor français et des experts des autres institutions de la zone, notamment le Comité de convergence de la zone franc (COCOZOF), l’Institut de la zone franc (IZF), les gouverneurs des banques centrales, notamment la BEAC et la BCEAO, la Banque centrale des Comores ainsi que les responsables des commissions bancaires (COBAC) et autres structures et partenaires (GABAC, GIABA, CIMA, BAD, FMI,…).
Mobilisation des ressources internes et réformes
Comme pour les réunions de l’année dernière, à Brazzaville en avril puis à Paris en octobre, le conclave de Niamey portera essentiellement sur l’état d’avancement des réformes engagées par les pays membres de la zone franc pour sortir du contexte économique assez difficile qu’ils traversent depuis la baisse des cours des matières premières de 2014. Il s’agit essentiellement de faire le point sur l’engagement pris par les Etats membres, de rehausser leurs recettes fiscales avec l’objectif toujours maintenu de 20% du PIB à l’horizon 2020, afin notamment de leur permettre de dégager des marges de manœuvre pour soutenir la croissance.
A Niamey, la mise en œuvre des réformes structurelles convenues, notamment avec certains partenaires comme le FMI qui accompagne la majorité des pays, sera également à l’ordre du jour. Malgré les retards dans la zone CEMAC, la réunion de Niamey s’annonce sous de meilleurs auspices qu’en 2018. C’est ce que confirme la dynamique économique actuellement en cours dans l’espace UEMOA, avec un rythme de croissance de 6,8% attendue cette année contre 6,6% l’année dernière, ainsi que dans la CEMAC qui projette une croissance de 3,2% en 2019 contre 1,7% en 2018.
Au sortir de la réunion de Niamey, de nouveaux engagements devraient être pris pour accélérer la cadence des réformes afin de parvenir à une intégration plus poussée des marchés ainsi qu’à diversifier l’économie en misant sur de nouvelles niches de croissance et limiter les risques de dépendance économique et financière extérieure.
En prélude d’ailleurs à cette réunion, le COCOZOF s’est réuni mi-mars à Bangui en République centrafricaine (RCA), sous la coprésidence de Clément Belibanga, commissaire de la CEMAC en charge des Politiques économique, monétaire et financière et Mamadou Makhtar Diagne, celui de l’UEMOA en charge des Politiques économiques et de la fiscalité. Les participants ont balisé le terrain pour la réunion de Niamey qui sera précédée d’une réunion des experts, le mercredi 27 mars. Plusieurs rapports relatifs à la zone franc ont été adoptés, notamment celui sur la convergence nominale et réelle en zone franc, le projet des résolutions des ministres, les projets d’ordre du jour de la réunion des ministres et de celle des experts.
Lutte contre le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale
L’autre sujet qui sera à l’ordre du jour de la rencontre de Niamey, c’est le suivi des efforts des pays membres en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LAB/FT) et de manière générale, les flux financiers illicites. Sur ce sujet également, des engagements ont été pris par les ministres de la zone franc à Paris afin de limiter les largesses fiscales qui occasionnent un important manque à gagner aux caisses publiques des pays membres ainsi qu’à lutter contre le blanchiment d’argent, un fléau devenu problématique ces dernières années en Afrique.
Le sujet qui fait débat, à savoir le Franc CFA, sera par contre l’un des oubliés de la rencontre de Niamey. Malgré la polémique qui ne cesse de s’amplifier au sein de l’opinion, aucune décision sur la réforme de la monnaie commune n’est attendue au sortir de ce conclave des ministres des Finances qui, au final, ressemblera à bien des égards aux précédentes rencontres.
avec : afrique.latribune