En dépit des revendications séparatistes en cours depuis octobre 2016 dans les régions anglophones du Cameroun, notamment celle du Sud-Ouest, jusque-là principal bassin de production de cacao du pays, les volumes de fèves récoltées par les cacaoculteurs vont croître au cours de la campagne 2018-2019, qui s’achève mi-juillet 2019. C’est du moins ce que projette Fitch Solutions, la filiale du Group Fitch (auquel appartient également la célèbre agence de notation financière Fitch Ratings), spécialisée dans la fourniture de données.
«La récente escalade de la violence à la veille de l’élection présidentielle d’octobre 2018 nous a amené à réviser à la baisse nos prévisions de production de cacao pour le pays pour (la campagne) 2018-2019, à 170 000 tonnes. Les tensions se sont toutefois légèrement apaisées au cours des derniers mois, et la production pour la campagne 2017-2018 a frôlé le record de 240 000 tonnes (253 510 tonnes selon les officiels camerounais, Ndlr), malgré les informations faisant état, début 2018, de producteurs de cacao fuyant des plantations lors d’affrontements entre séparatistes et forces de sécurité. Nous avons donc révisé à la hausse nos prévisions de production pour 2018-2019 à 245 000 tonnes, et prévoyons que la saison restera également résistante aux conflits potentiels dans la région.», précise Fitch Solutions, dans un rapport publié le 18 mars 2019.
Cette projection de Fitch Solutions est d’autant plus plausible que, depuis cinq campagnes, de nouvelles plantations aux rendements améliorés entrent progressivement en production sur le territoire camerounais, à la faveur d’un programme de rajeunissement et de création des plantations mis en place par l’interprofession cacao-café.
Du fait de cette réalité, au cours de la campagne 2017-2018, malgré le durcissement des revendications séparatistes dans la région du Sud-Ouest, la production cacaoyère a par exemple dépassé 240 000 tonnes, en hausse par rapport aux 231 000 tonnes de la campagne précédente.
De plus, en dépit de l’insécurité qui a conduit des producteurs à abandonner les cacaoyères, et les exportateurs à délocaliser leurs personnels vers des zones plus calmes, la région du Sud-Ouest n’est pas rayée du fichier de la production cacaoyère au Cameroun. Mieux, elle continue tant bien que mal à jouer sa partition, en affichant, selon l’Office national du cacao et du café (Oncc), 31,5% des achats globaux de fèves dans le pays au cours de la dernière campagne, contre respectivement 7% et 50,3% pour les régions du Littoral et du Centre, qui a ainsi chipé au Sud-Ouest le leadership de la cacaoculture au Cameroun.