Les principaux acteurs de ce secteur sont aux abois. Malgré leur abondante production, ils peinent à écouler leurs marchandises localement.
Une mission interministérielle constituée du ministre du Commerce et des Mines, a été dépêchée à Douala le 13 mars 2019. Parmi les pistes évoquées contre la surcapacité de la production locale, figure une suspension des importations.
Au lendemain d’une concertation houleuse avec les acteurs du secteur brassicole, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a tout de suite pris la direction de Douala, où l’attendait un autre dossier brûlant : celui soulevé par les acteurs de la filière sidérurgie-métallurgie. Tour à tour, le membre du gouvernement visitera les trois usines de l’entreprise Prometal Aciéries, les Aciéries du Cameroun et Métafrique Steel, toutes dans la zone industrielle de Bassa, arrondissement de Douala 3ème. « Le gouvernement a été saisi récemment par la filière sidérurgie-métallurgie. Ce regroupement d’entreprises dit être en surcapacité. Le Premier ministre a donc dépêché une mission interministérielle sur le terrain pour s’en quérir de la situation qui prévaut », a indiqué le ministre du Commerce, lors d’un point de presse clôturant sa tournée, en compagnie de Gabriel Dodo Ndoke, le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technique (Minmindt).
A Prometal Aciéries, les 900 employés des usines l, ll et lll font tourner à plein régime les mastodontes de fer: ateliers de fabrication de tubes métalliques de tous calibres, tôles, fer à béton, brouettes, limes, machettes, pointes, fils tréfilés etc. Avec une production moyenne de plus de 90.000 tonnes de fer à béton par an, hors production profilage, métal agricole et tréfilage, Prometal connaît une importante production: une cinquantaine de produits en acier. Les aires de stockage des Aciéries du Cameroun ne désemplissent également pas: 5000 brouettes, 2000 tonnes de fer à béton ou encore des millions de pointes sont bien visibles en stock. Luc Magloire Mbarga Atangana fera d’ailleurs le tour de l’usine sous la conduite du directeur général des Aciéries du Cameroun. Le ministre du Commerce sera rejoint à l’étape de Métafrique Steel, jeune entreprise de ce secteur, par le Minmidt. Ici, les installations sortent encore de terre, malgré une importante production sidérurgique et métallurgique.
La production massive et variée des entreprises de ce secteur cache pourtant un sérieux malaise. Des sources dignes de foi révèlent des difficultés pour ces entreprises à écouler leurs importants stocks. Dans les couloirs officiels et au sein de la filière, on évoque même la piste d’une interdiction des importations sidérurgiques et métallurgiques étrangères: « le ministre du Commerce et celui de l’Industrie sont à Douala pour analyser les contours d’une situation qui préoccupe le gouvernement. Il est question d’explorer deux pistes. Soit interdire les produits étrangers sur le territoire camerounais, soit accompagner financièrement ces entreprises », apprendra-t-on d’une autre source autorisée.
En réalité, Cometal, Prometal, ou les Aciéries du Cameroun sont confrontés à la rude concurrence des produits de qualité venus de l’extérieur. Dans ses propos, Luc Magloire Mbarga Atangana parle plutôt de « surcapacité de production ». Dévoilant à peine les inquiétudes du secteur et l’étroitesse du marché local. Le ministre du Commerce encourage néanmoins cette production de masse qui permettra selon lui, au Cameroun « d’intégrer dans de bonnes conditions la future Zone de libre-échange intercontinentale (Zlec)», un marché d’ 1.200.000.000 de consommateurs étendus dans une cinquantaine de pays.
avec : 237online