Après une période difficile, induite par la crise pétrolière 2014-2016 qui a plombé sa trésorerie au cours des quatre dernières années, le groupe Bourbon replonge dans l’affaire de la corruption de ses cadres qui remonte en 2012. C’est ce 18 mars que s’est ouvert au tribunal correctionnel de Marseille le procès de la compagnie Bourbon, spécialisée dans les services maritimes à l’industrie pétrolière.
La société cotée en Bourse ainsi que huit de ses dirigeants sont jugés pour corruption active d’agents publics étrangers. L’affaire remonte en 2012, lors que Marc Cherqui, à l’époque directeur fiscal de la compagnie de services pétroliers qui compte 29 filiales et opérant dans 45 pays dans le monde, a été interpellé à la suite de la découverte dans ses bagages à l’aéroport la somme de 250 000 dollars.
Corruption au Cameroun, en Guinée équatoriale, au Nigéria
A la suite d’une enquête, le groupe a été accusé d’avoir soudoyé des agents de recouvrement, au Nigeria, au Cameroun et en Guinée équatoriale pour éviter un redressement fiscal. Selon Marc Cherqui, l’homme par qui le scandale est arrivé, qui incrimine la société pétrolière, les autorités fiscales d’Abuja réclamaient 227 millions de dollars d’amendes à Bourbon pour fraude fiscale et des négociations ont permis de ramener ce montant à 4 millions de dollars, après le versement de pots-de-vin à des fonctionnaires nigérians.
3 millions d’euros de pots-de-vin
Les 250 000 dollars saisis constituaient le reliquat de l’opération de corruption au Nigéria, estimée à 2,7 millions de dollars, selon l’accusation. Des allégations rejetées par la société Bourbon qui a rappelé que le principal concerné a agi pour son compte personnel. Pour la partie adverse, au cours des années 2011 et 2012, le groupe et ses dirigeants ont supervisé une vaste opération de corruption dont la facture se chiffre à 3 millions d’euros alloués à des responsables locaux africains pour se soustraire au fisc. 150 000 euros auraient été versés à des fonctionnaires Camerounais, 400 000 euros à un intermédiaire Equato-guinéen et les 2,7 millions de dollars évoqués auparavant auraient profité à des fonctionnaires Nigérians.
Lutte contre la corruption et l’évasion fiscale en Afrique
La société dont le procès se poursuit jusqu’au 27 mars, est spécialisée dans des services pétroliers offshores notamment dans le ravitaillement, le transport de personnel et de matériel, mais également dans l’ancrage et le remorquage de plateformes en haute mer, dans l’installation, ainsi que la maintenance et la réparation sous-marines.
Aujourd’hui, le groupe Bourbon se targue d’avoir « une flotte moderne et standardisée de plus de 508 navires et 29 filiales opérationnelles ».
L’affaire Bourbon, qui a atterri devant la justice grâce à un pur hasard, relance le débat sur la corruption dans le secteur des industries extractives en Afrique, laquelle sape le développement à sa base. Le Nigeria est l’un des pays où cette corruption s’étale dans toute sa dimension. Dans un rapport «Le coût raide de l’inaction », de l’Initiative pour la transparence des industries extractives du Nigéria (NEITI), publié, il y a 15 jours, le gouvernement Fédéral a évalué à 16 milliards de dollars, le montant des pertes de recettes dans l’industrie des hydrocarbures, entre 2008 et 2017. Des pertes enregistrées au profit des compagnies pétrolières et gazières.
avec : afrique.latribune