Nairobi est en ce jeudi 14 mars, la capitale mondiale du climat. La capitale kényane accueille en effet la 3e édition du « One Planet Summit », un événement qui se tient en marge de la 4e Assemblée générale du Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE). Pour cette première édition du sommet en terre africaine, la rencontre a eu comme guest-star, le président français Emmanuel Macron, ainsi que ses homologues congolais, Félix Tshisekedi, et malgache, Andry Rajoelina. En présence de plus de 500 invités et plus de 4000 participants, le « One Planet Summit » se tient cette année sur « le rôle de l’Afrique dans la lutte contre le changement climatique ».
« Je suis ravi que les dirigeants du monde et d’autres parties prenantes se soient réunis à Nairobi pour délibérer sur des solutions durables concernant la durabilité des forêts », s’est réjoui lors de l’ouverture du Sommet, le président kényan, Uhuru Kenyatta, qui a saisi l’occasion pour présenter les actions menées par son gouvernement pour faire face aux défis climatiques.
« Mon administration a fixé des objectifs clairs à travers la stratégie nationale de croissance verte afin de réaliser les objectifs mondiaux de développement durable. Je m’engage à ce que le Kenya augmente sa couverture forestière de 10 % d’ici 2022 afin que nous puissions jouer notre rôle en tant que membre de la communauté mondiale. Nous avons en outre promulgué une loi sur le partenariat privé public qui soutient l’engagement du secteur privé dans les programmes publics. Ces partenariats entre les communautés et le secteur privé amélioreront la gestion durable de nos forêts. Le Kenya travaille dur pour faire sa part dans la préservation et la conservation des ressources forestières, comme meilleure alternative pour la survie de l’humanité », a déclaré le chef de l’Etat kényan.
Défis climatiques africains
Alors que l’Afrique n’est responsable que de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, 65% de la population africaine est considérée comme étant directement touchée par le changement climatique. C’est donc pour cette raison que les initiateurs de cette première édition régionale du One Planet Summit ont voulu mettre en avant « le rôle unique de l’Afrique en tant que partenaire mondial faisant face tant à des défis qu’à des opportunités, notamment dans le domaine des solutions innovantes en matière d’adaptation et de résilience ».
Au cours de la journée, des décideurs politiques, des chefs d’entreprise et des personnalités issues de la société civile ont ainsi présenté des réalisations concrètes et des initiatives novatrices, suscitant de nouvelles coalitions et de nouveaux engagements. « On ne peut plus se contenter des mots. On le sait, et depuis longtemps! », a ainsi lancé à la tribune, le président français. Pour Emmanuel Macron, le temps est en effet celui de l’action particulièrement en faveur de l’Afrique.
« La meilleure réponse au changement climatique ce ne sont pas des mots mais des actions. Je ne crois ni au camp des désespérés ni au camp des cyniques. Nous faisons partie du camp des déterminés. Nous devons remettre la biodiversité au cœur de chacune de nos actions », a déclaré Emmanuel Macron.
Plusieurs panels ainsi que des rencontres sectorielles ou thématiques ont structurés le sommet qui se déroule au gigantesque complexe onusien de Nairobi. L’occasion de renforcer la mobilisation en faveur de l’action pour le climat et l’environnement en Afrique, mais aussi de plaider pour une accélération des engagements pris notamment de la part des bailleurs de fonds.
Nouvelles promesses de financements verts
Comme tous les grands événements des dernières années consacrés à la lutte contre le changement climatique et la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat, c’est la question du financement qui a retenu une attention particulière. Sans les financements nécessaires, il sera difficile d’atteindre les objectifs visés et au sommet de Nairobi, plusieurs partenaires financiers et des institutions internationales ont annoncé de nouveaux financements consacrés au climat.
L’une des plus importantes annonces a été celle du Groupe de la Banque mondiale qui s’est engagé à mobiliser 22,5 milliards de dollars pour l’action climatique en Afrique entre 2021 et 2025, soit plus du double des engagements de la Banque mondiale dans des projets climatiques depuis cinq ans. Selon la présidente par intérim de la banque mondiale, Kristalina Georgieva, ce financement s’inscrit dans le cadre des nouveaux objectifs d’action climatique que s’est fixés le Groupe à l’horizon 2025 et qu’il a annoncés en décembre 2018.
« Les populations d’Afrique subissent déjà les effets toujours plus sévères du changement climatique. La région est particulièrement exposée à la recrudescence des inondations, des sécheresses et des tempêtes dévastatrices. Nous devons faire davantage et plus vite, sans quoi des millions d’individus risquent de basculer dans la pauvreté. La Banque mondiale mobilise donc des fonds supplémentaires pour renforcer la résilience et aider les communautés à s’adapter au changement climatique en Afrique », a fait observer Kristalina Georgieva, la présidente par intérim du groupe de la Banque mondiale.
D’autres partenaires comme l’AFD ou la BAD ont également annoncé s’inscrire dans cette dynamique de mobilisation des financements verts. Présent au sommet, le président de la BAD, Akinwumi Adesina a mis en relief, les actions de l’institution panafricaine dans la lutte contre le changement climatique et la promotion des énergies renouvelables.
« La part des énergies renouvelables dans le total des investissements de la Banque dans le secteur énergétique est passée de 59% sur la période 2013-2015 à 95% au cours des trois années qui ont suivi le lancement du nouvel accord énergétique pour l’Afrique. En 2017, 100% de nos investissements ont été réalisés dans les énergies renouvelables », a précisé le président de la Banque. « D’ici à 2020, 40 % de notre budget devrait être consacré au financement climatique. C’est le ratio le plus élevé parmi toutes les banques de développement régionales », a indiqué à la veille du sommet, Amadou Hott, vice-président de la BAD.
Des annonces certes et quelques actions concrètes comme cela a été mis en avant à travers plusieurs expériences et solutions déjà mises en œuvre sur le continent. Il reste que malgré ces sommes faramineuses, le décaissement tarde encore à répondre à l’ampleur des défis, un aspect que les participants au « One Planet Summit » ont également mis en exergue durant la journée de travail