La Banque africaine de développement prévoit de doubler ses engagements financiers pour lutter contre le dérèglement climatique afin de les porter à 25 milliards de dollars USD sur la période 2020-2025, a annoncé aujourd’hui le président de l’institution, Akinwumi Adesina, lors du Sommet « One Planet », qui se tient à Nairobi, au Kenya.
Le président Adesina a souligné lors de la séance plénière du Sommet, en présence de chefs d’État, dont les présidents Uhuru Kenyatta et Emmanuel Macron, que la Banque est en voie de concrétiser, dès cette année, son engagement d’allouer 40% de ses investissements au financement climatique, prévu initialement en 2020. Cet objectif qui est passé de 9% en 2016, à 28% en 2017 et 34% l’an dernier est le ratio le plus élevé parmi toutes les banques multilatérales de développement.
Compte tenu de la grande vulnérabilité du continent au changement climatique malgré le fait que le continent contribue le moins au changement climatique, la Banque africaine de développement a réussi à augmenter ses investissements en matière d’adaptation estimé à 30% du financement climatique total à un niveau égal aux montants dédiés aux mesures d’atténuation en 2018. La Banque poursuivra cette tendance.
« Le niveau de financement requis n’est réalisable qu’avec une implication directe de l’ensemble du secteur financier africain », a déclaré Adesina. La Banque a ainsi lancé l’Alliance financière africaine pour le changement climatique (AFAC), qui a vocation à regrouper des bourses de valeurs mobilières, des fonds de pension et souverains, des banques centrales et autres institutions financières africaines. Objectif : les encourager à faire migrer leurs portefeuilles vers des investissements centrés sur la réduction des émissions de carbone et favorables au climat.
« Il ne suffit pas simplement de demander aux pays de se détourner des technologies polluantes. Nous devons être proactifs en mettant en avant des alternatives crédibles », a estimé le président de la Banque. C’est la raison pour laquelle la Banque va lancer une initiative pour la production d’énergie verte (« Green Baseload Facility »), dans le cadre d’un fonds spécial aménagé au sein du Fonds des énergies durables pour l’Afrique (SEFA 2.0).
Elle consiste à fournir un financement concessionnel et une assistance technique destinés à soutenir le développement d’énergies renouvelables fiables et à moindre coût. Plusieurs donateurs, dont le Canada, le Danemark, l’Allemagne, la Norvège, l’Italie, la Suède, le Royaume-Uni et l’USAID, ont manifesté leur intérêt pour cet instrument de transformation voué à remplacer la production de charbon. Le dernier investissement de la Banque dans un projet de production de charbon remonte à 10 ans.
La Banque africaine de développement joue un rôle essentiel dans la promotion de l’énergie propre en l’Afrique. Conformément à son ambitieux « New Deal sur l’énergie pour l’Afrique », les énergies renouvelables ont pris une part prépondérante dans son portefeuille énergétique, soit 95% de tous les investissements de la Banque en énergie de 2016-2018.
La Banque a également lancé le programme « Desert to Power », une initiative de 10 milliards de dollars USD visant à développer 10 GW d’énergie solaire dans le Sahel, qui prévoit de fournir de l’électricité à 250 millions de personnes. Avec des partenaires tels que Green Climate Fund et l’Union Européenne, la Banque a financé le premier projet de cette initiative: le projet d’électrification rurale de Yeleen au Burkina Faso. Parmi les projets clés de l’institution, on peut noter le cofinancement du complexe solaire de 50 MW de Ouarzazate au Maroc, l’un des plus grands complexes solaires au monde.