Statistiquement, le transport aérien est considéré comme le plus sûr. Mais comme partout dans le monde, ce dernier est aussi soumis à quelques exceptions, lesquelles se produisent parfois au moment où les compagnies aériennes s’y attendent le moins.
C’était le cas le week-end dernier où en 48 heures, l’aérien mondial a été particulièrement secoué. Samedi matin, le Boeing 737-800 de la compagnie aérienne canadienne Air Transat procédait à un atterrissage forcé à l’aéroport international de Newark-Liberty dans la région de New York, après la détection de fumée dans la soute à bagages.
Le même jour sur un vol reliant Istanbul à New York, Turkish Airlines a connu de fortes turbulences 45 minutes avant l’atterrissage qui ont fait 30 blessés. Dans la nuit de samedi à dimanche, l’Airbus A360 d’Air France sur la ligne Abidjan-Paris a perdu un moteur en plein vol au-dessus du Niger avant de réussir, par coup de chance, à faire demi-tour vers la capitale ivoirienne. Le plus douloureux s’est produit en Ethiopie dimanche matin où le Boeing 737 000 Max d’Ethiopian Airlines, à destination de Nairobi (Kenya), s’est écrasé six minutes après son décollage à Addis-Abeba .
Au cours de ces vingt dernières années, l’Afrique a connu près d’une trentaine de crashs d’avion dont la grande majorité s’est déroulée au niveau national, principalement au Nigéria, au Congo, en RD Congo, en Guinée équatoriale, au Cameroun, en Afrique du Sud, … Sur les vols commerciaux reliant les capitales africaines, voici ceux qui ont marqué le business de l’aérien avec, parfois, des incidences sur le tourisme.
31 octobre 2015 – Egypte
Cette journée restera certainement à graver dans les mémoires de ceux qui l’ont vécu de près ou de loin, tellement l’accident a été brutal et la suite des événements tumultueux et plein de suspens. Le 31 octobre 2015, l’Airbus A-321 de la compagnie aérienne russe Kogalymavia -exploitant la marque MetroJet- reliant Charm el-Cheikh à Saint-Pétersbourg s’écrase dans la péninsule du Sinaï. Les 224 passagers à bord dont l’équipage y périssent tous.
D’abord imputé à une mystérieuse dislocation de l’appareil en plein vol, l’accident est ensuite revendiqué par la branche égyptienne de l’Etat islamique. Rejetée par l’Egypte et la Russie, cette piste sera confirmée, plus tard, par Vladimir Poutine. Ce crash a eu un impact négatif sur le tourisme égyptien, très alimenté par les Russes notamment, engrangeant des pertes de plusieurs millions de dollars au quotidien pour ce pays d’Afrique du Nord. Ce n’est qu’en avril 2018 que reprendra le trafic aérien entre les deux pays.
24 juillet 2014 – Mali
Un autre événement tragique qui aura marqué le ciel africain. C’est un vol d’Air Algérie qui s’écrase au nord du Mali le 24 juillet 2014, quelques temps après son décollage de Ouagadougou pour Alger. Le bilan est lourd : aucun survivant parmi les 118 passagers à bord dont dix membres d’équipages.
A l’origine de ce crash, de mauvaises conditions météorologiques que n’auraient su gérer les deux pilotes. Selon les résultats de l’enquête livrés en décembre 2016, ces derniers auraient omis d’activer le « système antigivre des sondes moteur » qui auraient permis à l’avion de résister à l’orage.
Pour réaliser cette desserte, Air Algérie avait affrété l’avion McDonnell Douglas MD-83 de la compagnie espagnole Swift Air, laquelle avait fourni également l’équipage. Seul hic : les deux pilotes étaient des saisonniers qui, selon les résultats de l’enquête passaient plus de temps à terre qu’en vol et ne suivaient pas de formation pour actualiser leurs connaissances.
En juin 2017, Swiftair a été mise en examen en France pour « homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité », révélait le parquet parisien. Air Algérie tenue pour responsable du choix de ses affrètements, la compagnie nationale algérienne avait été rétrogradée dans le groupe C « sous surveillance ».
25 janvier 2010 – Liban
Cela faisait près de 15 ans qu’Ethiopian Airlines volait sans connaitre ce type incident. Le 25 janvier 2010, le Boeing 737-800 quitte Beyrouth pour Addis-Abeba, mais n’arrivera jamais à bon port. L’appareil explose en pleine méditerranée quelques minutes après son décollage tuant tous les 90 passagers à bord dont huit membres d’équipage. Selon l’enquête, l’accident aurait été favorisé par la fatigue du pilote et son copilote qui n’auraient pas alors su prendre les bonnes décisions pour mener à bien le vol. La série télé Air Crash y consacrera, plus tard, un épisode.
5 mai 2007 – Cameroun
Peu après son décollage le 5 mai 2007 aux environs de minuit à Douala, le Boeing 737-800 de Kenya Airways, promis pour rejoindre Nairobi (Kenya), explose au large de la cote camerounaise. Les 114 passagers à bord dont les neuf membres d’équipage trouvent la mort. Le rapport d’enquête finalisé en 2010 imputait ce tragique accident à une erreur du pilote qui aurait décidé de décoller sans l’autorisation de la tour de contrôle, dans des conditions météorologiques peu rassurantes. Des orages s’abattaient sur la ville de Douala et malgré les réticences de la tour de contrôle, le pilote a préféré décoller avant de perdre tout signal quelque minutes plus tard.
Cet incident a particulièrement résonné au Cameroun qui s’en est sorti avec le plus grand nombre de victimes, une trentaine, mais aussi au Kenya qui n’avait pas connu un accident aérien au bilan aussi lourd depuis de nombreuses années.
25 décembre 2003 – Bénin
Ce jour-là, la planète était en fête, à l’occasion de Noël. Ce vol promis pour être long car assurant la ligne Conakry-Cotonou-Beyrouth-Dubaï, transportait 153 passagers qui, pour la plupart, allaient retrouver famille et amis pour célébrer le Nouvel An. Mais après son arrivée dans la capitale béninoise, le Boeing 727-200 de la compagnie privée libano-guinéenne Union des transports africains (UTA) décollait à peine pour sa deuxième escale qu’il s’est abîmé en plein océan Atlantique. Sur les 163 personnes à bord dont 10 membres d’équipage, 141 périssent.
Les causes de l’accident sont imputées à une surcharge de l’appareil avec des bagages trop lourds en soute et en cabine, pour un appareil de plus de 25 ans dont la maintenance n’était pas correctement assurée. Les passagers étant majoritairement de nationalité libanaise, les 22 survivants avaient été accueillis par les autorités à leur arrivée à Beyrouth.
avec : afrique.latribune