Lundi, des affrontements violents ont à nouveau opposé la police à des étudiants hostiles à l’augmentation annoncée des frais de scolarité dans plusieurs universités d’Afrique du Sud.
Au sein de l’université de Witwatersrand (Wits) à Johannesburg, comme dans celles de Stellenbosch (sud-ouest), de Rhodes à Grahamstown (sud), de Bloemfontein (centre) ou du KwaZulu-Natal (est), des incidents ont éclaté quelques heures à peine, ce lundi 10 octobre, après la reprise officielle des cours, très perturbés depuis le début du mouvement il y a trois semaines.
À Wits, un groupe d’étudiants a attaqué à coup de jets de pierres des policiers et des agents de sécurité privés qui interdisaient l’accès d’un des bâtiments historiques du campus, provoquant leur riposte immédiate.
Les forces de l’ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes et assourdissantes, de balles en caoutchouc et de canons à eau pour disperser les manifestants.
Les affrontements ont ensuite débordé le campus, pour se propager dans l’après-midi vers un quartier voisin, dans le centre-ville de Johannesburg. Un bus a été caillassé et incendié. Au moins onze personnes ont été arrêtées, a indiqué sur Twitter la direction de Wits, qui a annoncé que les cours seraient maintenus mardi 11 octobre.
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Une grogne également politique
Un des meneurs de la fronde estudiantine a attribué les violences au refus des autorités de fermer le campus. « S’ils n’y avaient pas déployé la police, nous ne serions pas dans cette situation », a déploré Fasiha Hassan, la représentante des étudiants de l’université, sur la chaîne d’information eNCA.
Le chef de la police sud-africaine Khomotso Phahlane a quant à lui réfuté toute brutalité de ses unités et dénoncé des attaques qui ne leur ont pas laissé d’autres choix que de recourir à la force.
Khomotso Phahlane a fait état de 20 arrestations à Bloomfontein (centre), et de 5 autres à Grahamstown. « Deux policiers ont été blessés par des jets de pierre dans le KwaZulu-Natal », a-t-il ajouté. « Nous condamnons fermement les actions d’une poignée d’étudiants violents qui refusent clairement que l’année universitaire 2016 aille à son terme », a déclaré de son côté le ministre de l’Enseignement supérieur, Blade Nzimande.
Depuis la mi-septembre, la révolte gronde sur les campus sud-africains, après la décision du gouvernement d’autoriser une augmentation, limitée à 8%, des frais universitaires pour 2017 et une majorité de manifestants réclame la gratuité de l’éducation dans les universités sud-africaines.
Surtout, la grogne a pris un tour de plus en plus politique, de nombreux manifestants dénonçant la persistance des inégalités raciales dans l’éducation, vingt-deux ans après la fin de l’apartheid.