Ce phénomène est appelé «karoshi» au Japon. Un livre blanc sur le sujet a été approuvé vendredi par le cabinet du premier ministre Shinzo Abe.
Au Japon, travailler peut en soi s’avérer une activité dangereuse. Selon un rapport remis ce vendredi au premier ministre Shinzo Abe, un Japonais sur cinq risque de mourir au travail en raison d’un surmenage. Le phénomène est tel qu’il porte un nom en japonais: le «karoshi», littéralement «mort par excès de travail».
Selon ce rapport, qui fait partie d’un livre blanc consacré au karoshi et approuvé vendredi par le cabinet du premier ministre, plus de 20% des entreprises interrogées entre décembre 2015 et janvier 2016 ont déclaré que certains de leurs employés accomplissent plus de 80 heures supplémentaires par mois – 80 heures étant le seuil officiel à partir duquel il existe un risque sérieux de mourir par surmenage.
Un employé japonais sur cinq travaille plus de 49 heures par semaine en moyenne contre 16,4% aux Etats-Unis, 12,5% en Grande-Bretagne et 10,4% en France. Cette amplitude horaire s’accompagne d’un niveau de stress élevé, qui impacte directement la santé des salariés japonais. De fait, des centaines de décès liés au surmenage sont recensés chaque année au Japon, qu’ils interviennent par crise cardiaque, accident vasculaire cérébral ou suicide.
Les Japonais prennent peu leurs congés
En 2014, la chaîne de restauration japonaise Sun Challenge a par exemple été condamnée à verser l’équivalent de 400.000 euros de dommages et intérêts à la famille d’un de ses salariés, qui s’est tué de fatigue en 2010, à 24 ans. Nommé à la tête d’un des restaurants de la chaîne, il avait effectué en moyenne quelques 190 heures supplémentaires par mois durant les sept mois précédent son suicide, et pris seulement deux jours de congés.
Devant l’ampleur et la gravité du phénomène, les autorités tentent de trouver des solutions. Le gouvernement japonais a approuvé l’année dernière une réforme qui a autorisé les entreprises à ne plus payer les heures supplémentaires des salariés gagnant plus de 80.000 euros par an, qui sont les plus propices au burn-out. L’objectif de la réforme est d’encourager les entreprises à évaluer leurs salariés non plus sur le nombre d’heures qu’ils passent au bureau, mais sur les résultats qu’ils fournissent. Un changement de mentalité qui présenterait également l’avantage d’accroître la productivité japonaise, réputée faible.
Le gouvernement a également envisagé de légiférer pour forcer les salariés à prendre cinq jours de congés par an. Nombre d’entre eux se contentent en effet des 15 jours fériés annuels pour se reposer, se culpabilisant de prendre des congés tandis que leurs collègues font leur travail à leur place. Si les salariés japonais bénéficient en effet de 20 jours de congés payés par an (au bout de six ans d’ancienneté), dans la réalité, seulement moins de la moitié sont effectivement pris.
avec lefigaro