Impôts, salaire minimum, commerce international… Quelles sont les prises de positions des deux candidats dans les dossiers économiques ?
Sans en avoir l’air, l’économie américaine ralentit. Les chiffres de l’emploi pour le mois de septembre sont en demi-teinte avec 156 000 créations de postes, contre 167 000 en août, et un taux de chômage remontant à 5 % au lieu de 4,9 % le mois d’avant. Le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse sa prévision de croissance économique. La hausse du Produit intérieur brut (PIB) devrait être de 1,6 % en 2016, contre 2,2 % anticipés en juillet. Pour 2017, elle devrait être de 2,2 %, au lieu des 2,5 % précédemment prévus.
Le G20 Finances vient de mettre en garde contre les risques et les « incertitudes » créés par la montée des populismes dans certains pays occidentaux, sans nommer directement le candidat américain Donald Trump. Il y a quelques jours, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a affirmé que le protectionnisme constituait « une faute économique flagrante ».
Le site Fivethirtyeight déplore que Donald Trump et Hillary Clinton aient si peu à dire sur le ralentissement économique. Donald Trump claironne qu’il veut rétablir des droits de douane et tire à vue sur le libre-échange. Bousculée sur sa gauche par la campagne de Bernie Sanders, Hillary Clinton a fini par prendre position contre le traité de libre-échange Partenariat Trans-Pacifique (TPP), signé par les Etats-Unis et onze pays d’Asie-Pacifique.
Impôts
- Hillary Clinton : elle a promis de ne pas augmenter les impôts pour les classes moyennes. Elle se propose en revanche de « réformer la réglementation fiscale pour que les plus riches paient leur part ».
- Donald Trump : il défend de longue date une baisse massive centrée sur les classes moyennes. Il propose de ramener le nombre de tranches d’impositions de sept à trois avec des taux de 12 %, 25 % et 33 % pour la tranche la plus élevée (contre 39,6 % actuellement). Il supprimerait l’impôt sur les successions et baisserait le taux de l’impôt sur les sociétés de 35 % à 15 %.
Salaire minimum
- Hillary Clinton : elle propose de porter le salaire minimum horaire à 12 dollars, avec des pointes à 15 dollars dans certaines zones.
- Donald Trump : il est opposé au salaire minimum au niveau fédéral (il est bloqué à 7,25 dollars), mais s’est dit désormais favorable à « une hausse d’une certaine ampleur », même s’il veut en laisser la responsabilité aux Etats.
Commerce international
- Hillary Clinton : après avoir participé à la négociation du partenariat transpacifique (TTP), elle a évolué et se montre plus critique sur cet accord conclu en 2015 par Barack Obama avec onze pays du pourtour pacifique, et dont la ratification est actuellement bloquée au Congrès américain. Elle a dû gérer l’héritage de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) conclu par Bill Clinton. Elle s’en est dissociée en 2000, lors de sa candidature au poste de sénatrice de New York. La position de la candidate sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) négocié avec l’Union européenne a tardé à se préciser, Hillary Clinton finissant par se prononcer contre, jugeant l’accord insuffisamment protecteur pour l’économie américaine.
- Donald Trump : il a déclaré qu’il se retirerait du TPP. En juin, lors d’un meeting à St. Clairsville, dans l’Ohio, il a comparé l’accord à « un viol de notre pays » [les Etats-Unis]. Il souhaite renégocier l’Alena. C’est principalement le Mexique, où de nombreuses usines américaines ont été délocalisées, qui est visé par le républicain.
Relations avec la Chine
- Hillary Clinton : elle s’oppose à ce que la deuxième puissance économique mondiale se voie attribuer le statut d’économie de marché dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui limiterait la capacité des pays tiers à imposer des droits sur les importations chinoises.
- Donald Trump : la Chine « est responsable de près de la moitié de notre déficit commercial », répète le candidat. Il s’est dit prêt à accuser officiellement Pékin de manipulation des taux de change et à imposer des droits compensatoires sur les produits « made in China » pour rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux premières puissances économiques de la planète. Il veut aussi dénoncer devant l’OMC plusieurs politiques gouvernementales chinoises de subvention des exportations. Il souhaite poursuivre la Chine pour le vol de propriété intellectuelle, lutter contre le dumping commercial chinois et la manipulation de la monnaie chinoise.
Secteur manufacturier
- Hillary Clinton : elle propose des incitations fiscales pour les investissements dans les zones touchées par la désindustrialisation et pour les entreprises qui relocalisent des emplois aux Etats-Unis.
- Donald Trump : il veut faire respecter les accords commerciaux et augmenter les droits de douane pour reconstruire l’industrie manufacturière américaine. Il a promis de surtaxer à 35 % les voitures assemblées par Ford au Mexique.
Infrastructures
- Hillary Clinton : elle prône un plan de reconstruction et remise en état des infrastructures, avec un investissement de 275 milliards de dollars sur cinq ans.
- Donald Trump : il a proposé de doubler la mise sur ce que propose Hillary Clinton, mais sans entrer dans les détails.
Energies
- Hillary Clinton : elle veut développer les énergies propres et réduire la consommation de pétrole d’un tiers en dix ans. Elle soutient la fracturation hydraulique, mais entourée de précautions, et a déclaré son opposition au projet d’oléoduc Keystone XL entre les Etats-Unis et le Canada, après des années de silence.
- Donald Trump : il est partisan de la déréglementation et promet de dynamiser le secteur des énergies fossiles.
Wall Street
- Hillary Clinton : elle défend la loi de régulation financière Dodd-Frank votée en 2010 (qui devait étendre et accroître le contrôle des autorités sur le système bancaire et financier). Elle a promis de mettre fin aux niches fiscales qui permettent, à Wall Street, à des gérants de fonds de bénéficier d’un taux d’imposition plus faible et soutient la taxe Buffett, lancée par l’investisseur Warren Buffet, qui imposerait à 30 % les revenus supérieurs à un million de dollars par an.
avec lemonde