Dans une lettre ouverte publiée sur son compte Twitter, la Société des journalistes de RFI a exhorté le gouvernement «à investir dans des médias internationaux de qualité» et non à tenter de les transformer en «opérateurs de la diplomatie d’influence». Ce que les autorités françaises reprochent portant à Sputnik…
«Non, RFI n’est pas un outil de la diplomatie d’influence», s’indigne dans une lettre ouverte la Société Des Journalistes (SDJ) de Radio France Internationale face à la conception de l’audiovisuel public et aux pistes de transformation détaillées par le Premier ministre Édouard Philippe. Ce dernier a notamment estimé que l’audiovisuel extérieur public «devait mieux servir encore ses missions prioritaires, à savoir l’influence française en Afrique, dans la zone Afrique du Nord-Moyen Orient ainsi qu’en Europe».
Mr le Premier Ministre, un média public n’est pas un média d’Etat, RFI n’a pas vocation à être «la voix de la France ». Nous appelons le gouvernement à investir dans des médias internationaux de qualité et non à tenter de les transformer en opérateurs de communication au rabais. pic.twitter.com/n19G3LNjyF
— SDJ de RFI (@sdjrfi) February 21, 2019
Dans le cadre de ce concept, poursuit la SDJ, même France Média Monde (FMM) se voit transformé en «opérateur de la diplomatie d’influence».
La SDJ a tenu à rappeler que les médias français en question étaient avant tout «des médias internationaux de service public», censés diffuser des «informations vérifiées, honnêtes et impartiales».
«Nous n’avons pas à faire la promotion d’une ligne diplomatique portée par l‘un ou l‘autre Président. (…) Non, Monsieur le Premier ministre, un média public n’est pas un média d’État, et RFI n‘a pas vocation à être la “voix de la France”», a souligné la société.
Selon la SDJ, cette conception est dangereuse pour l‘avenir de leur média. «Pire, elle risque de mettre en danger la vie de membres de la rédaction dans nombre de pays», a-t-elle poursuivi en se référant aux assassinats de Jean Hélène (abattu en Côte d’Ivoire en 2003), de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon (tous les deux tués en 2013 au Mali).
Ainsi, les journalistes ont exhorté la direction de l’Information et de FMM à «se démarquer» de cette vision de l’exécutif et à «réaffirmer l’indépendance de la rédaction de RFI».
«Nous appelons le gouvernement à investir dans des médias internationaux de service public de qualité, et non à tenter de les transformer en opérateurs de communication au rabais», a conclu la société.
Le signal de RFI est souvent coupé depuis deux ans les jours de manifestation contre le Président congolais Joseph Kabila.
Depuis un an, les journalistes de Sputnik et de RT France se voient régulièrement refuser leurs accréditations. Ils ne reçoivent pas d’accréditations pour assister aux événements organisés par l’Élysée ou par les ministères français. Selon Natalia Novikova, rédactrice en chef de Sputnik France, cela met doublement en danger les journalistes russes qui couvrent les manifestations à Paris, surtout quand celles-ci dégénèrent.
Le ministère russe des Affaires étrangères a entrepris des efforts diplomatiques intenses pour améliorer la situation de ces deux médias en France. Toutefois, Paris n’a jamais fourni d’explications officielles concernant sa décision de ne pas accréditer les journalistes de Sputnik et de RT. Lors de rencontres à huis clos, les diplomates russes ont appris qu’il s’agirait de «la décision personnelle du locataire de l’Élysée», d’après la porte-parole du ministère russe, Maria Zakharova.
Avec sputnik