Le groupe Maroc Telecom est toujours intéressé par le marché tchadien. Après une première tentative non aboutie en 2014, l’opérateur marocain vient de reprendre les discussions avec les autorités tchadiennes sur les opportunités d’investissements dans le pays. Entre une entrée dans le capital de la compagnie nationale, Sotel-Tchad, qui traverse des difficultés financières et une nouvelle licence, plusieurs possibilités s’offrent à la Maroc Telecom et les autorités tchadiennes en envisagent plusieurs.
L’appétit de Maroc Telecom pour le marché tchadien des télécoms est toujours intact. Le président du directoire de l’opérateur marocain, Abdelsslam Ahizoun, l’a réitéré au président Idriss Deby, qui l’a reçu en audience mardi 19 février à N’Djamena.
Selon la présidence tchadienne, les échanges entre les deux hommes ont porté sur les possibilités d’investissements du groupe marocain au Tchad, une occasion pour Abdelsslam Ahizoun de faire part « de la forte volonté de son groupe d’accompagner le Tchad dans son développement numérique, en réponse à l’appel du chef de l’Etat invitant les investisseurs à s’installer au Tchad ».
A sa sortie d’audience, le président du directoire de Maroc Telecom a souligné « avoir eu une oreille attentive auprès du chef de l’Etat qui lui a signifié la disponibilité du gouvernement d’accueillir à bras ouvert tout investisseur ». Selon Abdelsalam Ahizoune, l’ambition du groupe « est d’être un acteur de référence dans la réduction de la fracture numérique au Tchad et dans les autres pays d’Afrique dans lesquels Maroc Telecom est présent ».
En difficultés, la Sotel dans le viseur
Cette fois sera peut-être la bonne pour le groupe Maroc Telecom. En 2014, la filiale de l’opérateur émirati Etisalat avait tenter de prendre le contrôle de la Société nationale de télécommunications du Tchad (Sotel Tchad), mais bien que les négociations étaient arrivés à un stade avancé, l’opération n’a pas abouti.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et l’opérateur national tchadien traverse une situation financière difficile avec une dette actuellement estimée à près de 29 milliards Fcfa malgré des créances comptabilisées à 26 milliards Fcfa.
La société qui est actuellement engagée dans une vaste opération de restructuration de ses activités, a besoin d’argent frais et surtout de partenaires stratégiques pour reprendre son élan. Sauf qu’en l’Etat actuel, il est difficile pour l’Etat qui traverse une conjoncture budgétaire défavorable de voler au secours de la Sotel notamment pour financer le plan de redressement de la société.
Actuellement les activités de la société tournent au ralenti, et pour redynamiser l’opérateur, le gouvernement a fait adopter une feuille de route qui vise à restructurer la Sotel. Bien que pour l’heure, les autorités n’ont pas annoncé une ouverture du capital de la Sotel à un investisseur privé, les analystes s’accordent sur le fait que l’option est une nécessité.
Cependant, la Sotel pourrait intéresser Maroc Telecom qui a par le passé manifesté son intérêt pour l’opérateur national historique tchadien, qui a l’avantage de disposer d’une licence globale.
C’est peut-être une coïncidence, mais qui est fort opportune, la veille de la rencontre entre Déby et Ahizoune, le ministre des Postes et des NTIC, Idriss Saleh Bachar, était en réunion de concertation avec la direction de la Sotel-Tchad, pour discuter des mesures de redressement de la société ainsi que des propositions pour lui permettre de retrouver sa pole position sur le marché, dans le cadre de la volonté du gouvernement de promouvoir l’économie numérique dans le pays tout en attirant les investisseurs étrangers. La rencontre s’est déroulée en présence de la conseillère technique du président tchadien, Zara Ahmed Siddick, preuve que le dossier est chapeauté en haut lieu c’est-à-dire depuis la présidence.
Expansion africaine
L’autre opportunité qui s’offre au groupe marocain sur le marché tchadien, c’est une nouvelle licence d’exploitation. Bien qu’aucun appel d’offres dans ce sens n’est en cours, il y a encore de la place pour un nouveau prétendant dans le pays qui ne compte actuellement que deux opérateurs, Airtel et Tigo.
En 2018 d’ailleurs, la Banque mondiale a recommandé au gouvernement dans un rapport, d’ouvrir le marché à la concurrence afin de stimuler son développement. Avec l’arrivée de Maroc Telecom, l’option est tout aussi crédible et le groupe marocain poursuivra son expansion africaine.
Le groupe est déjà présent dans une dizaine de pays notamment en Afrique de l’Ouest où il opère à travers la marque « Moov ». Selon les résultats consolidés du groupe pour l’année 2018, le groupe Maroc Telecom revendique 61 millions de clients en hausse de 3,1% par rapport en 2017, ainsi qu’un chiffres d’affaires consolidé de 3,3 milliards d’euros en hausse de 3,1 % en comparaison avec le précédent exercice. De bonnes performances portées par le marché local mais aussi et surtout par les filiales africaines, ce qui conforte le groupe dans sa stratégie panafricaine.
Avec la tribune afrique