En 2017, 538 signalements de rupture ou tensions d’approvisionnement ont été recensés par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) contre seulement 44 en 2008, signale la fédération française des industriels du médicament, le Leem.
Face au phénomène des pénuries de médicaments, les représentants du secteur pharmaceutique sont prêts à agir. Mais pour voir le jour, leur plan d’action va nécessiter l’appui des autorités nationales, voire européennes. Le sujet est devenu très médiatisé, en raison de ruptures portant sur des médicaments d’utilisation courante ou de première importance, comme des antibiotiques, des vaccins ou des anticancéreux.
Les propositions de la fédération française des industriels du médicament (Leem) s’inscrivent dans la lignée de certaines recommandations d’un rapport que le Sénat a publié sur le sujet en octobre. L’organisation propose notamment de définir un ensemble de “médicaments d’intérêt sanitaire et stratégique” pour lesquels des mesures de gestion de pénurie (stocks de sécurité mobilisables, suivi plus précoce des stocks, etc.) devraient être renforcées.
Cette liste établie “au regard de critères précis” permettrait de se concentrer sur les traitements “les plus indispensables et irremplaçables”, alors que le périmètre actuel des “médicaments d’intérêt thérapeutique majeur” englobe près de la moitié des produits sur le marché, justifie le Leem.
Revaloriser le prix des médicaments
Sans surprise, l’organisation sectorielle est favorable à une revalorisation des prix des médicaments de ville en France. Leur faible rentabilité incite en effet les fabricants à limiter, voire arrêter leur production, ou encore à les écouler sur d’autres marchés européens offrant des tarifs plus attractifs.
Concernant les médicaments hospitaliers, le Leem préconise des appels d’offres systématiquement multi-attributaires pour les médicaments d’intérêt sanitaire et stratégique, afin d’éviter aux hôpitaux de dépendre d’un seul fournisseur, et d’améliorer la précision des volumes commandés et des calendriers de livraisons.
Le Leem plaide aussi pour des mesures fiscales afin de favoriser le maintien ou la relocalisation d’usines pharmaceutiques en France ou en Europe, alors que 60% à 80% des principes actifs -les molécules à effet thérapeutique des médicaments chimiques- sont aujourd’hui produits en Asie.
“La question de la prévention des ruptures d’approvisionnement est un sujet absolument prioritaire qui relève de la responsabilité de nos entreprises mais également de l’ensemble des acteurs de la chaîne”, a souligné le directeur général du Leem, Philippe Lamoureux, cité dans le communiqué.
Avec bfm