Paul Biya est un président étrange. Un président pas comme les autres. Toujours invisible, discret et entouré de pleins de mystères. Il fascine autant qu’il inquiète les Camerounais.
On comprend très vite que son comportement, depuis 36 ans qu’il occupe le pouvoir, n’a pas évolué. Il demeure le maître tout puissant du Cameroun malgré ses longues absences au pays.
Comme son homologue togolais, son principal défaut c’est l’absence de communication. Paul Biya parle peu. Mais en privé, cet homme paradoxalement réputé pour ses séjours à l’étranger, est un gros charmeur.
Quant à son caractère et à son tempérament, ils n’ont rien de fougueux ni de clivant. Paul Biya solitaire et singulier sait polir son image et fuit les médias.
Qui est Paul Biya, le président camerounais sous pression internationale avec les crises politiques avec Kamto dans la partie francophone et les anglophones dans le sud-ouest. La rédaction de Cameroonweb vous dévoile les 15 secrets très peu connus du président camerounais.
1. Paul Biya est un ancien séminariste
Paul Barthélemy Biya’a Bi Mvondo. C’est le nom complet du président camerounais. Il est le fils d’un catéchiste. Ancien séminariste, il se destinait à la prêtrise. Paul Biya fut un brillant élève qui était souvent premier, fort en mathématiques et un peu partout” notamment en latin. “C’est un garçon discret, voire effacé qu’on ne découvrait que lorsqu’on donnait le compte rendu des devoirs”, se souvient François Eyikè.
Le jeune Biya parlait peu, préférant de loin écouter, il n’était pas du genre à discuter bruyamment. Non pas qu’il fut craintif, plutôt réservé, voire méfiant. Tempérament qui a visiblement résisté au temps. Même après avoir réalisé un bon devoir, Paul Biya gardait son calme, ou tout au plus, faisait preuve d’un triomphe modeste. Toutefois, on ressentait en lui une certaine passion pour le football.
2. Auteur
Paul Biya est l’auteur d’un essai politique, Pour le Libéralisme Communautaire, Éditions Marcel Fabre, Lausanne 1987. Cet ouvrage a été traduit en anglais, en allemand et en hébreu.
Le Chef de l’État y annonce l’avènement du multipartisme (devenu effectif en 1990), après l’étape provisoire du Parti unique. Il explique son option pour le libéralisme économique et l’initiative privée tout en préconisant la solidarité nationale, la répartition équitable des fruits de la croissance, la justice sociale, l’éclosion d’une culture basée sur l’inventivité et la coexistence harmonieuse des valeurs propres aux diverses communautés qui forment la Nation.
Enfin, il réaffirme la nécessité de moderniser l’État et d’entretenir des relations de coopération avec les autres pays du monde.
3. Sa première femme était sage-femme
Née en 1935, Jeanne-Irène BIYA est originaire d’Endom, dans le département du Nyong-et-Mfoumou. Elle grandit dans la famille Ava-Ava, éduquée par son oncle Thomas Bitomo Ava, producteur, exportateur de cacao, petit frère de Jean Louis Ava-Ava, ancien député pendant des décennies dans le Nyong-et-Mfoumou, président du groupe parlementaire UNC (parti unique) à l’Assemblée Nationale. Elle fut sage-femme à l’hôpital central de Yaoundé, après avoir étudié à l’École des sage-femmes de Nantes.
Paul Biya la rencontre et l’épouse à Antony, en France, le 2 septembre 1961. Ils ont un fils, Franck Emmanuel-olivier Biya. De sources officielles, elle décède le 29 juillet 1992, au palais de l’Unité de Yaoundé, des suites d’une courte maladie. Elle est inhumée le 1er août 1992 au palais de Mvomeka’a. Elle est la sœur aînée du ministre Robert Nkili (du Travail entre 2002 et 2011 et des Transports entre 2011 et 2015) et la tante de Louis-Paul Motaze, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’aménagement du territoire1, et la cousine de feu Joseph Emmanuel Ava-Ava, homme d’affaire, député du Nyong-et-Mfoumou (1997-2003).
4. Biya est un passionné de Songo’o
Tout le monde s’accorde à dire que le Président camerounais est un excellent joueur de songo’o. Ce jeu est souvent évoqué par les adversaires de Biya pour le tourner en dérision. Ce jeu de société typique des régions du Centre et du Sud au Cameroun peut trouver un équivalent en occident avec le jeu d’échecs. Hautement stratégique, il consiste à prendre le maximum de pions à son adversaire. Les règles du jeu varient en fonction des ethnies, ce qui suppose une connaissance assez pointue des us et coutumes locaux.
5-Paul Biya est une des plus grosses fortunes d’Afrique
A la tête du Cameroun depuis 34 ans, Paul Biya fait naturellement parti des plus grosses fortunes du continent noir. Son patrimoine évalué à 200 millions de dollars fait cependant polémique car certains affirment que sa fortune va au-delà du montant indiqué et qu’elle pourrait même franchir le cap du milliard de dollars. Quoi qu’il en soit, le président camerounais a bel et bien sa place dans ce classement africain.
6. Il est amoureux des pratiques mystiques
Selon Michel Roger Emvana, dès les premiers mois de sa présidence, cette année-là, Biya reçoit des accessoires magiques. Les Sawas, Bamilékés, Peuls, Betis, Pygmées… lui offrent des lances, des machettes. «Il est le garant des pouvoirs mystiques du pays.» Ce qui n’empêche pas l’ancien séminariste de se rendre régulièrement au Vatican. Deux des trois derniers papes ont effectué le voyage jusqu’au Cameroun, qu’ils considèrent comme une terre d’avenir pour l’Église catholique.
7. Il fait partie de la Rose Croix et de Franc-maçonnerie
Il aurait quitté la Rose-Croix. Le journal français « Le Point » dans son édition du 9 janvier 1999 écrit que « Raymond Bernard, (ancien grand maître à vie de la Rose-Croix décédé en 2006, Ndlr) a aussi été fait commandeur de l’Ordre de la Valeur par le président camerounais, Paul Biya. Décret en date du 8 février 1983. Paul Biya, grand maître des ordres nationaux, est féru de mysticisme rosicrucien». La polémique enfle même lorsque le journal fait savoir que Paul Biya a versé, en guise de prêt sans intérêt remboursable sur 99 ans, 4 milliards de francs CFA à la secte pour la construction du centre international de recherche culturelle et scientifique (Circes) au début des années 90.
Cette polémique a récemment ressurgi à la faveur du débat sur les supposés bien mal acquis du chef de l’Etat camerounais. Selon le journal français « L’Express » du 25 juin 2009, la présidence de la République du Cameroun « nie toute relation avec les templiers et assure n’avoir jamais consenti un tel prêt ». Pourtant, relève le même journal, la secte reconnait, par la voix d’un de ses responsables, Yves Jayet, que ce prêt « fait l’objet de remboursements importants comptabilisés chaque année depuis 1999 »! En tout cas, la relation entre Paul Biya et Raymond Bernard était si importante qu’entre 1987 et 1988, Raymond Bernard s’était quasiment installé à Yaoundé où il a rédigé la plupart des écrits qui serviront de base à l’établissement du futur CIRCES. La générosité du président camerounais vis-à-vis de cet ordre était-elle gratuite ? Assurément non.
8. Biya est un président paradoxal
Le paradoxe Biya se manifeste à bien des égards par d’incompréhensibles décisions. Il use véritablement de son pouvoir discrétionnaire. Il nomme et démet un ministre sans explication si ce n’est la sienne. Biya seul sait pourquoi et comment il démet ses proches, recrute ses amis et éloigne ceux qui répondent pas à ses aspirations de manière conjoncturelle et circonstancielle
9. Biya est racunier
Le politologue Mathias Owona Nguini semble bien connaître le côté «un peu rancunier» du chef de l’Etat, qui ne supporterait aucune autre autorité que la sienne ni rien qui pourrait lui faire de l’ombre. «Ses rapports extrêmement tendus avec Titus Edzoa [NDLR : ancien secrétaire général de la présidence accusé d’avoir détourné 61 milliards de FCFA, soit 93 millions d’euros, et incarcéré depuis quinze ans] ne sont liés qu’à la préséance que ce dernier a sur le Président dans l’ordre de la Rose-Croix», affirme l’universitaire, qui est par ailleurs le fils d’un des pontes du régime.
Cela rappelle le limogeage fracassant, début 1987, de William Etéki Mboumoua. Le ministre des Affaires étrangères et ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) semblait, à cette époque, prendre tous les feux des projecteurs. «Tout cela n’était pas vu d’un bon œil par Paul Biya, ce d’autant plus qu’Etéki est le seul patron, à part l’ancien président Ahidjo, qu’il ait eu, entre 1962 et 1965.»
10. Il n’est pas un fan de Mandéla
Nelson Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid, qui a passé 27 ans dans les geôles du pouvoir raciste sud-africain, est devenu président de la nation arc-en-ciel, avant de quitter le pouvoir au terme de son mandat. Adulé par tout un continent, respecté au-delà de l’Afrique, « Madiba », n’a jamais reçu les honneurs dûs à sa stature au Cameroun. En juillet 1996 pourtant, le pays a une occasion de célébrer ce héros africain. Le pays tout entier l’attend à la faveur du sommet ordinaire de l’Oua. Tous les Camerounais, sauf Paul Biya.
Arrivé en matinée, non seulement il n’avait pas été accueilli par Paul Biya en personne à sa descente d’avion, mais aussi il était reparti discrètement, alors que la cérémonie d’ouverture se déroulait encore au Palais des congrès de Yaoundé. La légende vivante partait alors pour une visite officielle en Europe. La cantonade yaoundéenne aime à se repasser la petite histoire qui veut que personne à Etoudi n’a osé interrompre le sommeil de l’homme lion alors que l’avion de Nelson Mandela était annoncé. C’est de retour de sa tournée européenne qu’une « escale technique » sera créée, pour qu’il y ait enfin une rencontre au sommet. Paul Biya a aussi brillé par son absence aux obsèques de Mandela en 2013. Un évènement qui a vu la participation de tous les dirigeants du monde.
11. Il aime la musique classique
L’attrait pour la musique classique que n’écoutent guère la majorité des camerounais particularise davantage la solitude du président. Il est différent des siens. Ceci l’éloigne des mondanités où les camerounais préfèrent des rythmes plus sensuels
12. Il n’a jamais rencontré la presse nationale
En 33 ans de magistère, Paul Barthélémy Biya Bi Mvondo, n’a jamais rencontré la presse nationale. Pas un soupçon de point de presse, ni de rencontre informelle avec les hommes et femmes de médias. Même les médias gouvernementaux, sont obligés de voir le chef de l’Etat leur préférer la presse étrangère. Ainsi le président Paul Biya, hormis ces adresses traditionnelles à la nation, n’a jamais tenu une conférence de presse sur un sujet d’actualité. Cultivant une distance voulue avec les médias nationaux, qu’il accusait dans une confidence à une diplomate américaine d’être « trop durs » avec lui, Paul Biya n’a pas eu plus d’égard envers l’office national.
Hormis les déclarations spontanées, arrachées au détour d’une descente d’avion ou d’une sortie de bureau de vote, le chef de l’Etat ne tient pas avec les médias gouvernementaux, le type de communications faites par exemple à France 24, ou a Radio Monte Carlos. Il faut dire que sa longue carrière à la tête de l’Etat n’a pas amélioré son aisance devant micros et caméras, le chef de l’Etat provoquant la polémique à chaque propos spontané.
13. Il a peur de l’armée
La réforme de l’armée camerounaise intervenue en 2001 a surtout été perçue par l’opinion comme une vaste opération de promotion de nombreux officiers, et comme un prétexte pour élargir le corps des généraux. Puisque l’armée camerounaise n’avait pas vraiment connu de réaménagement depuis 1973, la réforme intervenue il y a dix ans fait dire à nombre d’observateurs qu’elle est l’expression de la fragilité des rapports entre le chef de l’Etat et les militaires depuis la tentative d’assassinat qu’il a essuyée en août 1983 et le putsch d’avril 1984.
Sans affirmer que Paul Biya est «l’otage» de l’armée, comme le disent ses adversaires, son biographe Michel-Roger Emvana estime tout de même que «le fait de ménager les hommes en tenue lui permet de maintenir une certaine stabilité pour son régime et dans le pays». Même si, toujours selon Emvana, il aurait difficilement pardonné aux auteurs des putschs de 1983 et de 1984, malgré la loi d’amnistie de 1989.
14. Sa protection est assurée par des israëliens
L’homme clé de la galaxie sécuritaire de Paul Biya n’est pas camerounais. Un atout majeur pour Mayer Heres, général à la retraite de l’armée israélienne, qui peut donc se tenir à l’écart des luttes de clans ethno-régionalistes dont le palais d’Etoudi est le théâtre. En tant que contractuel de droit privé, il échappe à la bureaucratie, y compris militaire. Ce privilégié bénéficie d’un accès direct à ce président difficile à approcher, même pour ses ministres. Pour disposer de ses budgets, l’Israélien n’a cure des vicissitudes de la chaîne de dépenses du Trésor public. Des fonds spéciaux lui sont alloués.
15. Paul Biya souffre d’un cancer de prostate
Au mois de mars 2015, le journal français « LeMonde » révélé que « Paul Biya séjourne actuellement dans un centre hospitalier du canton de Genève, où il suit un traitement pour des soucis cardiaques et un cancer de la prostate. » Le journal « camer.be » de noter que « Pour financer le voyage du président de tous les Camerounais, le Trésor public (l’argent du contribuable camerounais) a dû se faire délester de la somme astronomique de 1,250 milliard de francs CFA.»
Avec camerounweb