Nouna, à l’ouest, et Essakane, au nord, pourraient être les nouvelles routes de l’or noir et de l’uranium au cœur de l’Afrique de l’Ouest. En dépit de la prudence de Sioux du Premier ministre Paul Kaba Thiéba, le Burkina est peut-être en passe de devenir un producteur de pétrole et d’uranium ! Même s’ils restent à « être confirmés », les indices des prospections effectuées jusque-là sont assez prometteurs pour ajouter ces deux ressources à la liste des richesses du Burkina-Faso.
On parlait du futur aurifère du Burkina-Faso avec ce minerai devenu, le premier produit d’exportation du pays devant le coton, l’or blanc. Dans quelques années, en plus du manganèse, du zinc, le « pays des hommes intègres » pourrait se découvrir une vocation de producteur d’or noir et de yellow-cakes –cet autre nom de l’uranium
Au cours d’un « Dialogue citoyen » en direct sur la RTB, la télévision publique ce mardi 10 avril, Oumarou Idani, le ministre des Mines et des carrières a fait une annonce nuancée (vidéo en fin d’article) que le Premier ministre Paul Kaba Thiéba s’est empressé de tempérer ce jeudi 12 avril devant le Parlement.
Nouna et Essakane, zones pétrolifères et riches en uranium ?
« Avec le Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina (Bumigeb), nous avons trouvé des traces d’uranium dans le Sahel burkinabé et des traces de pétrole vers Nouna [ouest du pays, ndlr] ainsi qu’au-dessus d’Essakane [dans le nord, ndlr] », a annoncé le ministre des Mines sur le plateau de la RTB.
« Avec le Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina (Bumigeb), nous avons trouvé des traces d’uranium sur plusieurs sites », lance le ministre à une question de confirmation d’un journaliste sur la présence de pétrole et d’uranium au Burkina. « Que faut-il comprendre par traces », relance le journaliste.
« C’est-à-dire ce que nous appelons au plan technique, des « anomalies » puisque ce sont des analyses qui sont faites avec la géophysique. Et il y a des indices qui indiquent que c’est de l’uranium. Mais le fait qu’il existe un minerai, ne veut pas dire qu’il est en quantité exploitable, qu’il y a un gisement. Il faudra étudier son ampleur et que les conditions de rentabilité soient réunies pour l’exploitation », nuance le ministre
Le ministre n’est pas le seul à lancer la piste de la présence des précieux minerais. En début février dernier, le Conseil des ministres avait confirmé la présence de pétrole et d’uranium après des recherches géologiques aéroportées au Bumigeb qui promettent un fort potentiel minier du sous-sol burkinabé.
Sur financement de la Banque mondiale, la société canadienne Geotech Aero, spécialisée dans la cartographie aérienne avait permis d’établir des cartes de zones identifiées comme des sites renfermant une « forte teneur » en minerais. « De ces cartes ressortent aussi de nouvelles perspectives pour l’exploration de diverses ressources minérales ».
Pétrole, uranium, et minerais, l’équation de l’expertise pour le Burkina
Des ressources insoupçonnées qui pourraient couvrir le vanadium, le titane ou le fer ou de la kimberlite. Les explorations aériennes ont aussi confirmé la présence d’uranium à Sebba (nord-est) ou encore à Touadeni (au nord-ouest), toutes deux dans le Sahel. De quoi convaincre les investisseurs étrangers dans un pays qui produit déjà de l’or, du coton, du manganèse et du cuivre. Malgré l’enthousiasme de l’annonce de la découverte, Paul Kaba Thiéba, le Premier ministre a répondu devant le Parlement que les indices évoqués par le ministre des Mines devaient «être confirmés»par des recherches complémentaires.
Et pourtant, la présence de pétrole et d’uranium n’est pas un non-sens géographique pour le Burkina-Faso. Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le pays côtoie au sud, la Côte d’Ivoire et le Ghana, déjà producteurs d’or noir. Au nord-ouest, le pays est proche du Mali – renfermant des bassins pétroliers- et au nord-est du Niger, premier producteur d’uranium africain et quatrième mondial. Si l’on suit donc la loi de la proximité géographique, le Burkina pourrait bien renfermer du pétrole et de l’uranium.
« Nous avons des formations géologiques qui sont semblables à celles des régions où on a trouvé du pétrole», avait fait savoir Oumarou Idani. En quantité suffisante pour une exploitation? C’est l’épineuse question que les autorités burkinabè devront résoudre en se donnant rapidement les moyens d’acquérir leur propre expertise en matière d’exploration des ressources du sous-sol. Quand on sait que les entreprises étrangères affluent sur le Continent à la moindre rumeur de pépite ou de goutte d’hydrocarbures, l’équation de l’expertise devient même une urgence à résoudre.
Si les découvertes venaient à être formellement confirmées, le Burkina serait engagé dans une course contre la montre avant que le vrombissement des machines à prospection n’envahisse le pays et l’expose au spectre tant redouté de la “malédiction des ressources”. Et que l’appât du gain ne déclenche une ruée vers l’or. Qu’il soit noir, dans le cas du pétrole, ou jaune, dans le cas de l’uranium !
Avec la tribune afrique