Au Bénin, trois jeunes passionnés de technologie, co-fondateurs de la start-up « Alivo » (en langue locale fon, « la voie est libre ») ont conçu et réalisé un kit de feux tricolores fonctionnant à l’énergie solaire.
L’ouvrage, qui recourt à des technologies numériques, vise aussi bien à remédier aux problèmes de circulation routière dans la capitale commerciale, qu’à ouvrir des perspectives pour la surveillance routière.
Un module d’Alivo 2.0 est installé depuis le mois dernier à l’un des carrefours de la ville de Cotonou et régule la circulation à titre expérimental.
“La technologie est aujourd’hui domestiquée au Bénin. Nous sommes capables d’entrer en atelier et de sortir un kit entier sans forcément acquérir des modules hors du pays.”
Cédric Soudé, cofondateur de la start-up « Alivo »
Cédric Soudé, Paulin Datondji et Franck Kangni, tous trois sortis d’universités ou instituts d’enseignement technique du pays, ont été inspirés par la défectuosité des feux de signalisation, voire leur absence à plusieurs carrefours dans presque toutes les grandes villes du Bénin.
« Notre enquête révèle que l’administration municipale est souvent confrontée à un problème de pièces de rechange importées d’Asie ou d’Europe », raconte Cédric Soudé.
La start-up a développé au départ un kit de feux de signalisation baptisé « Alivo 2.0 », dont la particularité est sa mobilité.
« Le premier avantage qu’offre notre dispositif, c’est que la technologie est aujourd’hui domestiquée au Bénin. Nous sommes capables d’entrer en atelier et de sortir un kit entier sans forcément acquérir des modules hors du pays. Nous en fabriquons nous-mêmes les éléments constitutifs. Par exemple, l’ordinateur embarqué qui assume la fonction de régulation a été montée par nous-mêmes », précise Cédric Soudé.
Autres avantages évoqués par le trio de concepteurs, les notes de modernité marquées par l’autonomie énergétique assurée par panneaux solaires et aussi le système de minuterie dont l’impact psychologique consiste à « temporiser l’usager de la route en attente au feu rouge ».
De plus, le système fonctionne de façon dynamique avec une régulation automatique de la durée d’attente suivant la densité du trafic routier sur l’un ou l’autre des différents axes du carrefour concerné.
Quant à l’autonomie énergétique, elle est gérée par un système de « batteries d’accumulateurs à charge rapide et décharge profonde. Ceci fait que notre dispositif, après les essais, peut tenir pendant cinq jours sans apport d’énergie, tout en régulant la circulation. »
Le kit d’essai installé le mois dernier à un carrefour dans le dixième arrondissement de Cotonou, comporte également une caméra de surveillance.
L’objectif, selon le coconcepteur, Paulin Datondji, est de « permettre la surveillance du carrefour et une interaction à partir d’un centre de monitoring, par exemple ».
Cette possibilité d’interaction pourrait être utile à l’administration municipale et à la police, voire aux pompiers, en vue d’une réaction plus prompte, explique-t-il.
La plus-value qu’apporte cette innovation au développement se justifie, selon Cédric Soudé, par le point 3 des objectifs de développement durable (ODD) lié à la sécurité routière, qui stipule qu’avant 2020, les États devraient fournir des efforts pour réduire de moitié les accidents liés à la circulation routière.
« Entre autres impacts identifiés dans ce cadre, il y a la résorption du manque de systèmes de régulation de la circulation routière », rappelle-t-il.
Les innovateurs de la start-up « Alivo » affirment sur la base de prospections via Internet que leur kit de feux tricolores revient « nettement moins cher que les prix proposés par divers constructeurs en Asie et en Europe ».
Depuis l’installation du kit « Alivo 2.0 » dans son arrondissement, « la fluidité du trafic » est l’un des avantages que note le chef du dixième arrondissement de Cotonou, Florentin Tchaou : « Nous avions des piquets d’agents de police 24h/24 à ce carrefour avant l’avènement de ces feux tricolores. Aujourd’hui, ces agents sont déployés à d’autres fins ».
Le maire de Cotonou, Joseph Gnonlonfoun, dont la ville accueille environ six cent mille personnes par jour, estime que le trio d’innovateurs de la start-up Alivo, apporte « une solution rapide aux problèmes de congestion majeure sur les grands axes routiers ».
Avec scidev afrique