Les quartiers rebelles d’Alep pourraient être anéantis si l’armée syrienne, appuyée par la Russie, poursuit son offensive, a averti l’envoyé spécial de l’ONU.
Les quartiers rebelles d’Alep pourraient être totalement détruits à la fin de l’année si l’armée syrienne, appuyée par son allié russe, poursuit sa vaste offensive, a averti jeudi 6 octobre l’envoyé spécial de l’ONU sur la Syrie, Staffan de Mistura.
« Dans deux mois, deux mois et demi au maximum, à ce rythme, la partie est d’Alep risque d’être totalement détruite, a-t-il dit lors d’une conférence de presse. Nous parlons de la vieille ville en particulier, et des milliers de civils syriens vont être tués. »
Le régime de Bachar Al-Assad a lancé le 22 septembre avec son allié russe une violente offensive pour reprendre les secteurs rebelles d’Alep, soumis à un déluge de feu. Ces bombardements ont tué au moins 376 personnes et fait plus de 1 200 blessés, a précisé M. de Mistura. Divisée depuis 2012 entre un secteur ouest contrôlé par le régime et des quartiers est aux mains des rebelles – où vivent quelque 275 000 civils, dont 100 000 enfants –, Alep est devenue le principal front du conflit syrien.
Lire aussi : L’ONU déclare Alep-Est « zone assiégée »
« Alibi facile »
Le diplomate italo-suédois a par ailleurs appelé les 900 combattants de l’organisation djihadiste Front Fateh Al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida) à quitter l’est d’Alep, s’engageant à les escorter« physiquement ». « Si vous décidez de partir en dignité et avec vos armes, (…) je suis personnellement prêt à vous accompagner », a affirmé M. de Mistura, lors d’une conférence de presse.
M. Mistura s’est demandé si leur présence dans les zones sous contrôle insurgé de la ville n’offrait pas un « alibi facile » à l’entreprise de destruction de ces quartiers par les forces pro-gouvernementales. D’après ses estimations, en plus de ce millier de djihadistes, 8 000 combattants insurgés « au maximum » assurent la défense d’Alep-Est.
Staffan De Mistura a exhorté la Russie et le gouvernement syrien à annoncer sans délai qu’ils mettront fin au bombardement d’Alep-Est dès que les djihadistes en seront partis. S’ils s’y refusent, alors l’histoire jugera que Moscou et Damas se sont servis de leur présence comme d’un « alibi » pour détruire la ville, a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il refuse d’assister passivement à ce qu’Alep-Est se transforme en nouveau Srebrenica ou en nouveau Rwanda.
avec lemonde