Les Européens sont bien placés pour tirer profit des perturbations du commerce mondial liées à la recrudescence des tarifs bilatéraux, d’après la Cnuced.
Les conséquences néfastes du protectionnisme continuent d’être mises en avant par les économistes. Après la BCE, qui avait souligné l’impact des contre-mesures, c’est au tour de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) de se pencher sur le sujet en s’intéressant cette fois aux flux commerciaux après la mise en place de tarifs bilatéraux. Or, si des productions locales sont substituées à une partie des importations taxées, la majorité des flux est simplement déviée vers d’autres sources, estime la Cnuced. «Les tarifs bilatéraux accroissent la compétitivité au niveau global pour les entreprises opérant dans des pays qui ne sont pas directement touchés par ses tarifs», explique l’organisation internationale.
L’étude de la Cnuced intègre la hausse des tarifs douaniers américains de 10% à 25% prévue le 1er mars sur 200 milliards d’importations chinoises. Sur les 250 milliards d’importations chinoises touchées au total par des tarifs américains, 6% seulement seront captés par des entreprises américaines tandis que 82% seront détournés vers d’autres sources d’approvisionnement. «L’analyse montre que, si les tarifs bilatéraux ne sont pas très efficaces pour protéger les entreprises nationales, ils restent des instruments très efficaces pour limiter le commerce avec le pays visé»,souligne la Cnuced.
Les exportateurs européens sont ainsi bien placés pour gagner des parts de marchés grâce aux tensions commerciales sino-américaines. D’après l’étude de la Cnuced, l’Europe pourrait capter environ 70 milliards de dollars de flux commerciaux, tandis que «le Japon, le Mexique et le Canada devraient bénéficier de plus de 20 milliards de dollars chacun d’exportations supplémentaires». Si cela représente une hausse de seulement 0,9% des exportations européennes, l’impact potentiel est bien plus élevé pour le Mexique (5,9%), l’Australie (4,6%) ou le Brésil (3,8%).
Il n’y a pas lieu de se réjouir pour autant, puisque «si certains pays connaîtront une forte hausse de leurs exportations, les effets négatifs à l’échelle mondiale sont susceptibles de dominer», met en garde la Cnuced. Dans le cas du Brésil, la hausse du prix du soja a ainsi profité aux agriculteurs mais pas aux industriels qui transforment la céréale en aliments pour le bétail, tandis que l’incertitude liée au caractère temporaire des mesures tarifaires pèse sur les décisions d’investissement.
Avec agefi