En matière d’intelligence économique, voir, savoir et agir sont les maîtres mots. Si l’anticipation en est le point de départ, je vous propose d’imaginer ce qui va faire la “une” de l’actualité en matière d’intelligence économique en 2019.
Rappel nécessaire pour les nouveaux lecteurs de cette rubrique, de manière générale, l’intelligence économique concerne tout ce qui peut déstabiliser une entreprise ou structure, et/ou permettre à celle-ci de saisir les opportunités du marché. Elle repose sur quatre piliers fondateurs : la veille, la protection de l’information stratégique, l’influence et le lobbying. Elle se caractérise par sa transversalité dans l’entreprise (touche toutes ses fonctions) et concerne 100% des entreprises, futures, très petites, petites, moyennes, intermédiaires, grandes, très grandes, très très grandes…
Pour cela, basons nous sur ce qui s’est passé en 2018 (l’historique), ajoutons-y une part d’imprévus plutôt déstabilisants et nous avons le cocktail des prochaines “Unes” dont les médias vont s’emparer en matière d’intelligence économique en 2019.
Ils ont fait la une en 2018, on en reparlera en 2019 !
Si l’on se concentre sur l’environnement de l’entreprise, sans aucun doute attendons-nous à entendre parler des points suivants :
Le climat :
Les risques liés au changement climatique ne cessent de progresser. L’instabilité climatique croissante intègre la 3ème place des principaux risques sur les entreprises. Cette menace occupait la 14èmeposition dans le classement 2017 (Voir lien ci-dessous).
Les fake news :
Après la loi adopté le 20 novembre 2018, elle devrait refaire parler d’elle pour les élections européennes de mai 2019. Pour l’instant, la loi contre la “manipulation de l’information” se réduit au domaine des élections politiques et durant les trois mois précédant un scrutin national. Ce n’est qu’une question de temps pour que la dimension de la “véracité de l’information” soit étendue à l’ensemble des domaines, et ne soit donc plus réservée aux élections politiques.
Guerre économique :
Après une année 2017 à la hausse concernant les entreprises françaises rachetant des entreprises étrangères, l’image de la France à l’étranger va sûrement peser lourd dans le choix des investissements étranger dans notre pays. La fin d’année marquée par la forte action des “gilets jaunes” a égratigné sévèrement l’image de la France. Il est possible que certaines entreprises étrangères choisissent de revoir leurs investissements au profit d’autres pays plus “stables”, ou du moins avec un climat social suscitant davantage de confiance. Une année à surveiller donc sur cet aspect. Il faut espérer que l’action du président Macron le 22 janvier 2019 à Versailles, auprès de 140 chefs d’entreprises, repositionne la France dans la compétition économique internationale. Dans ce même registre de “guerre économique”, combien de fois entendrons nous parler d’emplois menacés, car l’entreprise étrangère installée en France, décide de réorienter ses choix ? Il faut espérer, à minima, que la balance, entre les entreprises françaises se développant à l’étranger soit supérieure aux entreprises étrangères se développant en France.
La cyber menace :
15ème préoccupation des entreprises mondiales en 2013 (Source Bilan Allianz 2018), le piratage informatique et la perte de données arrivent désormais en deuxième position. Sous-estimés par le passé, les cyber-incidents deviennent ainsi un danger bien redouté à long terme. Tendance lourde qui va s’accentuer dans les prochaines années, le risque cyber n’a pas fini de faire la “Une”, mettant à genoux dans le monde aussi bien les grands groupes que les plus petites entreprises. En matière de cyber-menace, “huit entreprises sur dix continuent d’être impactées, avec pour 59% d’entre elles des conséquences sur le business (arrêt de la production, indisponibilité significative du site internet, perte de chiffre d’affaires…) soit 10 points d’augmentation par rapport à l’année dernière.” (Source Cesin 2019)
D’un point de vue interne à l’entreprise, misons sur quelques éléments récurrents frappant les entreprises, parmi :
Comme le président de la République est le 1er commercial de notre pays, le PDG d’une entreprise (aussi grande soit elle) n’échappe pas à cette situation. Aussi, quand un grand dirigeant est soupçonné d’acte frauduleux par exemple, c’est toute l’image de l’entreprise qui en pâtit. Comme d’habitude, cela impacte le cours de la boursepour les entreprises cotées mais également les ventes, la crédibilité sur le marché, la confiance avec les fournisseurs… Quel patron va faire parler de lui cette année ? Il est temps que les individus à la tête des entreprises (grosses ou petites) prennent conscience du monde dans lequel on vit. L’e-réputation et le “personnel branding”, des notions qui semblent loin de concerner certaines entreprises. Personne et aucune entreprise n’est à l’abri aujourd’hui. Si la menace est présente, le risque doit être pris très au sérieux, encore plus quand l’entreprise est connue, sous le feu des projecteurs, en phase de levée de fonds, ou d’acquisition par exemple.
La protection des données :
A l’image de l’affaire “Cambridge analytica” destabilisant Facebook, les entreprises devront encore plus faire attention à leurs données depuis la mise en place du RGPD. Comme les patrons “épinglés”, quelles sociétés connues vont voir leur nom à la “Une” des journaux, pour avoir sous-évalué le risque de la protection de la data ? L’importance de la “donnée” est devenue cruciale pour les entreprises, s’exposant ainsi au risque cyber.
La gestion de crise :
Le 22 janvier 2019 avait lieu l’ouverture du procès Spanghero. L’entreprise dans la tourmente en 2013, fait encore parler d’elle en 2019. Conséquence directe d’un manque de compréhension de son environnement, des risques encourus, d’anticipation, et d’une très mauvaise gestion de crise, cette notion est symptomatique du monde dans lequel les sociétés évoluent : fortes évolutions des secteurs, besoin de croissance et développement non maîtrisé ! La gestion de crise ne s’improvise pas, une crise n’arrive pas par hasard, de même qu’elle ne disparaît pas du jour au lendemain, la preuve avec l’ouverture de ce procès trois ans après. Si toutes les entreprises peuvent être impactées par une crise, elles ont le devoir d’anticiper des réactions et des scénarios afin de minimiser son impact sur l’activité de l’entreprise. Les crises vont se multiplier c’est une évidence, seules les entreprises conscientes du danger et qui anticiperont en sortiront grandies.
Cette liste est bien entendu non exhaustive. Si le monde des affaires aujourd’hui présente un nombre important d’opportunités, derrière chacune d’entre elles se cachent des risques. Comprendre cet environnement complexe et anticiper c’est tout l’objet de l’Intelligence Économique. Malheureusement, le chemin est long avant que les patrons comprennent l’intérêt de mettre en place cet aspect dans chacune de nos entreprises françaises.
Avec weforum