Dans un pays où 90 % des investisseurs en actions sont des particuliers, la chute des marchés boursiers revêt une importance politique très forte . Après une année 2018 marquée par une baisse significative des indices des Bourses de Shanghai et Shenzhen, le gouvernement chinois a annoncé la nomination d’un nouveau patron à la tête de la China Securities Regulatory Commission (CSRC), le gendarme de la Bourse. Cela illustre la volonté de Pékin de reprendre la main dans un contexte de perte de confiance des investisseurs face au ralentissement de l’économie et face aux tensions commerciales avec les Etats-Unis.
Yi Huiman, 54 ans, remplace Liu Shiyu à la tête de la CSRC, après plus de trente ans passés au sein de la banque publique ICBC (Industrial and Commercial Bank of China), dont il occupait le poste de président depuis 2016. Il va notamment devoir s’atteler à restaurer la crédibilité de la CSRC, mise en cause en novembre dernier, pour une série d’infractions, des entreprises ayant payé des fonctionnaires pour obtenir des autorisations visant à faciliter des introductions en Bourse.
Concurrencer le Nasdaq
Deux chantiers importants vont occuper Yi Huiman dans les prochains mois : d’abord le lancement d’un conseil de l’innovation technologique à Shanghai, afin de favoriser le développement d’un marché du type Nasdaq et la cotation des sociétés technologiques. Ensuite, la poursuite de l’internationalisation du marché boursier pour attirer les investisseurs internationaux, dont le projet de liaison entre Shanghai et le London Stock Exchange, repoussé en fin d’année dernière dans un contexte de forte volatilité sur les marchés.
Le poste est jugé à risque – la presse locale évoque l’image d’un siège situé près du cratère d’un volcan – sachant qu’aucun président de la CSRC n’a vu son mandat durer plus de trois ans. Le précédent, Liu Shiyu, avait contribué ces dernières années à réduire le niveau de risque sur les marchés chinois, en luttant notamment contre les abus et les manipulations, mais aussi en se montrant plus exigeant concernant les introductions en Bourse.
La couleur du logo
Le marché chinois reste caractérisé par sa volatilité. Il est dominé par les investisseurs particuliers, amateurs de spéculation. La nomination de Yi Huiman en a été encore l’illustration. Lundi, les valeurs cotées dont le nom intégrait le caractère chinois YI (qui signifie aussi facile) ont été très entourées. Certains investisseurs y voyaient un signe encourageant. Ainsi, Shenzhen Esun Display, Suzhou Etron Technologies et Easysight Supply Chain Management ont enregistré des bonds compris entre 5,5 et 7,7 %.
Autre élément de bon augure pour certains petits porteurs : le logo de ICBC, l’ancien employeur de Yi, est rouge, alors que celui de son prédécesseur est vert (il travaillait pour Agricultural Bank of china). En effet, en chine, les actions qui montent sont indiquées en rouge et celles qui baissent le sont en vert.
La bourse chinoise est assez coutumière du fait. En 2016, certains avaient spéculé sur la victoire de Donald Trump à la présidentielle (à l’oreille, la prononciation de la valeur Chuan Da Zhi Sheng sonnait comme « Trump gagne gros ») alors que la visite surprise du dictateur coréen Kim Jong-Un, il y a un an, avait aussi provoqué des spéculations sur des valeurs symbolisant cette visite historique.
Avec lesechos