Outre la première marche du podium ou les grands changements, la présence féminine éveille particulièrement la curiosité dans le classement Forbes des milliardaires africains. En 2019 encore, Isabel dos Santos et Folorunsho Alakija sont les seules femmes qui y figurent avec des fortunes dont l’évolution dans le temps affiche une tendance baissière.
Femmes, Africaines et milliardaires ! A 45 ans et 68 ans, l’Angolaise Isabel dos Santos et la Nigériane Folorunsho Alakija sont les seules figures féminines du cercle des milliardaires africains relevé annuellement par Forbes avec des fortunes respectivement estimées au 4 janvier 2019 à 2,3 milliards de dollars et 1,1 milliard de dollars.
Isabel dos Santos, 2ème femme noire la plus riche au monde
Pour la septième année consécutive, Isabel dos Santos est considérée comme la femme la plus riche d’Afrique et la deuxième femme noire la plus riche au monde derrière l’Américaine Oprah Winfrey qui règne sur 2,6 milliards de dollars de dollars en 2019, soit seulement 3 millions de plus que la businesswoman angolaise.
Repérée par le magazine américain en 2012, elle est absente de la sélection des milliardaires noirs publiés en mars, mais apparaît en novembre dans la liste des 40 personnalités les plus riches du Continent. C’est donc en 2013 qu’Isabel dos Santos est explicitement classée parmi les fortunés en milliards de dollars. L’année d’après, ses avoirs grimpent à 3,3 milliards de dollars. Un pic inédit, faisant d’elle la femme noire la plus riche au monde devant l’américaine Oprah Winfrey. Depuis lors, sa fortune tend à reculer, restant toutefois au-dessus des 2 milliards de dollars.
Sa richesse, Isabel dos Santos la doit aux multiples investissements réalisés dans divers secteurs dans son pays et à l’étranger. En Angola, elle est l’actionnaire majoritaire d’Unitel, le leader de la téléphonie mobile du pays et détient une importante participation dans Banco BIC Angola, l’une des principales banques du pays, sans parler de ses intérêts dans le pétrole, le diamant, les infrastructures et plus récemment dans l’Agrobusiness. Au Portugal, Isabel dos Santos est également impliquée dans diverses entreprises dont la quatrième banque du pays, la Banque portugaise d’investissement BPI, l’opérateur de télévision par câble et de télécommunications NOS, la société pétrolière et gazière Galp Energia ou encore la société énergétique Efacec.
Fille aînée de l’ex-président angolais José Eduardo Dos Santos, cette mère de quatre enfants s’est retrouvée au cœur de la polémique en 2017 suite à sa nomination -par son père encore en exercice à l’époque- à la tête de la société pétrolière nationale, la Sonangol. L’étau se resserre autour d’elle avec le départ du pouvoir du patriarche en septembre 2017 et l’arrivée de son successeur Joao Lourenço. Avec le nouveau pouvoir de Luanda, Isabel dos Santos se prête alors à un véritable bras de fer suite à la résiliation de ses contrats et au retrait de l’Etat du capital de certaines de ses entreprises comme Efacec au Portugal.
Lors d’un entretien exclusif avec La Tribune Afrique, elle dénonçait des « décisions motivées par des considérations politiques ». Alors que l’emprisonnement en septembre dernier de son frère -Jose Filomeno dos Santos- laissait présager une sombre période pour elle, l’investisseuse angolaise semble depuis tirer son épingle du jeu. Ingénieur de formation, la femme d’affaires a toujours fait prévaloir -face à ses détracteurs- ses compétences et son savoir-faire.
Depuis que la tempête s’est estompée autour d’elle, Isabel dos Santos a fait du partage d’expérience son nouveau cheval de bataille, régulièrement remarquée dans des forums et conférences à travers le monde, comme à l’Africa Summit 2019 organisé par le Parlement européen à Bruxelles début janvier.
Folorunsho Alakija, une baronne du pétrole nigérian
Aux côtés de la businesswoman angolaise, la Nigériane Folorunsho Alakija complète le duo des femmes milliardaires d’Afrique. Baronne du pétrole, la deuxième femme la plus riche d’Afrique -qui entretient également de bons rapports avec les autres milliardaires nigérians (photo)- a fait fortune en devenant, il y a une vingtaine d’années, l’une des premières nigérianes à investir dans ce secteur cœur-battant de l’économie de son pays jusqu’à lors dompté par les multinationales.
Cette sexagénaire native d’Ikorodu -dans l’Etat de Lagos- fait ses premiers pas en entreprise dans les années 1970, après une formation en secrétariat au Royaume-Uni. L’International Merchant Bank of Nigeria l’embauche pour assister son directeur général. Avec le temps, la jeune secrétaire gravit les échelons et fini par rejoindre la trésorerie de la banque. En y découvrant le back-office du business, Alakija peaufine son idée de projet d’entreprise personnelle. Passionnée de mode, elle retourne en Grande-Bretagne pour une formation spécialisée et ouvre ensuite son entreprise de design à Lagos. Un an plus tard, elle est sacrée meilleure designer de l’année.
L’aventure pétrolière d’Alakija débute en 1993, lorsqu’elle décroche sa première licence sur un bloc pétrolier de 250 000 hectares, abandonné par de nombreux investisseurs pour la complexité son exploitation. C’est ainsi que naît son entreprise Famfa Oil. Et cet investissement voulu hautement risqué s’avère être le jackpot qui propulsera la femme d’affaires nigériane sur le toit du monde. Plus tard en effet, le bloc se révélera extrêmement prometteur. C’est d’ailleurs grâce à l’évaluation de ce dernier qu’Alakija déclasse un temps en 2012, Oprah Winfrey sur le trône de la femme noire la plus riche du monde. Cependant absente des classements des milliardaires africains de Forbes, l’entrepreneure nigériane y apparaît finalement en 2014 avec une fortune estimée à 2,5 milliards de dollars. Depuis les avoirs de celle qui est également investie dans le secteur nigérian de l’impression tourne autour du milliard de dollars.
Alakija a fait le buzz l’année dernière en finançant le mariage de l’un de ses fils au Royaume-Uni pour près de 5 millions d’euros. Par ailleurs philanthrope engagée, la femme d’affaires nigériane est connue pour ses multiples actions au bénéfice des veuves et orphelins.
Le déroulé de l’année 2019 dira si Folorunsho Alakija sera ou non maintenue dans le classement 2020, elle dont l’évaluation de la fortune n’a jamais aussi basse que cette année avec 1,1 milliard de dollars. Mais sur une estimation conservatrice des cours du pétrole autour des 50 dollars cette année, voire plus, une appréciation de sa fortune ne serait pas étonnante. Pour sa part, Isabel dos Santos semblait menacée suite à ses conflits avec le nouveau gouvernement angolais, mais depuis que les relations semblent apaisées, ses affaires suivent normalement leur cours. 2020 sera-t-elle l’année de nouveaux entrants féminins dans le petit club des milliardaires africains ?
Avec la tribune afrique