Dans une note publiée sur la région Mena et la Turquie, Standard and Poor’s (S&P) prévoit un ralentissement du PIB réel marocain autour de 3,2% en 2019, suivi d’une accélération de la croissance autour de 4,1% sur la période 2020-2021.
Selon l’agence, l’expansion des secteurs de l’automobile et du tourisme, conjuguée à une demande accrue de phosphates et de dérivés, stimulera la performance à long terme et réduira quelque peu la dépendance vis-à-vis des secteurs cycliques, notamment de l’agriculture.
«Cependant, nous estimons que les taux de chômage élevés, les faibles revenus et les grandes disparités de revenus dans l’ensemble du pays continueront d’alimenter les tensions sociales. Nous considérons donc positivement la volonté du gouvernement de rendre le développement de l’économie plus inclusif», précise S&P dans sa note.
“Forte exposition du secteur bancaire aux risques liés à l’immobilier”
«Le secteur bancaire marocain reste contraint par sa forte exposition aux risques liés à l’immobilier commercial. Ceci est reflété par les promoteurs surendettés qui font face à une diminution des transactions immobilières», signale S&P.
«Nous prévoyons que le total des prêts improductifs restera élevé au cours des deux prochaines années (environ 7%), l’acier, le tourisme, l’immobilier commercial et la construction enregistrant les pertes de crédit les plus importantes. En outre, nous n’excluons pas que les efforts en cours de la Banque centrale du Maroc (BAM) pour harmoniser la classification de ses prêts et l’augmentation des provisions générales puissent entraîner une baisse des indicateurs de qualité des actifs des banques marocaines», commente l’agence américaine.
“Une rentabilité élevée malgré l’impact de l’application de la nouvelle norme IFRS9”
S&P souligne que la rentabilité du secteur bancaire devrait rester élevée au cours des deux prochaines années, malgré le provisionnement croissant requis par la norme IFRS 9 (adoptée en 2018), «en raison du faible coût de la main-d’œuvre et d’une part importante des dépôts ne portant pas intérêt».
«Nous pensons que la croissance du crédit sera stable à 4% par rapport à 2019-2020, sur la base de la reprise de la croissance des entreprises et des prêts aux ménages toujours dynamiques. Bien que les marges souffriront des taux d’intérêt bas et de la concurrence féroce dans le secteur bancaire marocain, nous prévoyons que les filiales africaines continueront de contribuer de manière positive à la performance financière des grandes banques marocaines».
Selon le rapport, «les entrées de fonds de la clientèle, notamment des expatriés marocains, continueront de financer intégralement la croissance du crédit, compte tenu du faible accès des banques au financement extérieur». «Nous nous attendons à ce que ces derniers restent marginaux, notamment en raison des coûts élevés de la collecte de fonds pour le Maroc sur les marchés internationaux des capitaux. Nous pensons que les banques continueront à utiliser les marchés des capitaux nationaux pour répondre aux besoins croissants en matière de financement et renforcer leurs fonds propres», indique l’agence de notation.
Avec medias24