Rénover les logements des personnes mal-logées en utilisant des rebuts de chantiers, voilà l’objectif de trois architectes à la tête de l’association “Faire Avec”.
Une idée venue d’un double constat : primo, “environ 50 millions de tonnes de déchets sont générées par le secteur du bâtiment chaque année”. Deuxio : “Plus de deux millions de personnes sont en situation de mal-logement”, souligne Clothilde Buisson.
Lancée en 2017, l’association se fournit chez acteurs spécialisés dans le réemploi, qui stockent les fins de série de gros fournisseurs ainsi que les rebuts de fin de chantier. Elle récupère chez eux portes, fenêtres ou isolants pour ses projets de rénovation…
RÉNOVER DES LOGEMENTS PRIVÉS OU DES COPROPRIÉTÉS
L’association s’adresse aux propriétaires qui ont des difficultés à rénover leur logement, aux copropriétés dégradées et aux centres d’hébergement. Leur premier projet est d’ailleurs la transformation du centre de réinsertion sociale Emmaüs Georges Dunand à Paris, pour offrir aux 54 habitants une chambre individuelle.
“Nous sommes présentes sur le site pour identifier leurs besoins, nous dialoguons beaucoup avec eux, raconte Clothilde Buisson. Nous avons même organisé des ateliers avec un photographe et une chorégraphe pour réussir à communiquer avec tout le monde et s’approprier l’espace, c’était une super expérience humaine.” Faire avec les habitants et les matériaux à disposition, voilà le leitmotiv des jeunes femmes.
DÉVELOPPER LE REMPLOI ET L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Côté matériaux, Faire avec s’appuie notamment sur l’association Phenix, spécialisée dans la récupération des déchets des entreprises. Aujourd’hui, le réemploi qui demande du temps, n’est pas toujours plus économique que la construction traditionnelle, mais les architectes misent sur l’organisation progressive de la filière : “Les ressources sont là, ce sont les professionnels du bâtiment qui ne sont pas encore prêts. Nous voulons faire rentrer cette démarche dans les mœurs.”
Bonne nouvelle, l’association a déjà d’autres pistes, la rénovation d’une ferme en permaculture, des bureaux, une tour dans le XIIIe arrondissement de Paris… Elle vient d’ailleurs de recevoir le prix Vision 2018 de la fondation Cognacq-Jay, qui soutient des projets sociaux et solidaires.