Jean-Luc Konan, l’Ivoirien qui finance les PME africaines
Depuis son bureau épuré du quartier de Cocody, au cœur d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, Jean-Luc Konan dirige la Compagnie financière africaine (Cofina). Un groupe spécialisé dans la « mésofinance », ou « finance du milieu », que cet Ivoirien de 45 ans, à la cravate et aux chaussettes vermillon, nous décrit en ces termes : « Notre métier, c’est d’aider au financement de structures qui sont devenues trop grosses pour la microfinance et qui ne peuvent avoir accès aux solutions des banques traditionnelles par manque de formalisation de leurs activités. Et ce, même lorsqu’elles font d’importants chiffres d’affaires. L’objectif est de les stabiliser et de les faire grandir », explique-t-il.
Un enjeu crucial sur un continent où les PME sont à la fois prédominantes et fragiles. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) souligne, dans son rapport 2018, que, en Afrique subsaharienne, ces entreprises butent toujours sur de « multiples obstacles », dans le secteur formel comme informel : difficile accès au crédit, bureaucratie, cherté de l’énergie, manque d’infrastructures, ressources humaines déficientes, etc.
Une ascension express
L’idée de s’attaquer à ce marché, Jean-Luc Konan l’a eue en 2009. A 36 ans, il est alors déjà passé par BNP Paribas, Citibank ou Barclays, et il vit au Gabon, où il dirige la filiale d’une des plus grandes banques nigérianes, United Bank for Africa (UBA). Entre 2009 et 2013, il supervisera le déploiement d’UBA au Cameroun, en République démocratique du Congo (RDC), puis au Sénégal.
L’étape nigériane est cruciale dans l’ascension express de ce banquier formé en France, à l’ESC Toulouse et à l’université Paris-V. « Il y a eu un avant et un après-UBA, relate-t-il. C’est une expérience qui a d’abord commencé par une rencontre, celle d’un homme, d’un patron – Tony Elumelu –, dont les méthodes de management m’ont impressionné. C’est ensuite un état d’esprit, mélange