La start-up française de smart marketing vise les marques mondiales. Elle a déjà convaincu Nestlé, Unilever, Procter&Gamble, Axa, Pernod Ricard… Matthieu Dejardins, le fondateur de Nextuser livre trois conseils pour séduire les grands groupes.
En juillet dernier, Nestlé a officiellement lancé sa plate-forme d’open innovation Henri@nestlé du nom de son fondateur historique. Parmi les six premières jeunes pousses à collaborer avec la multinationale suisse, la start-up French Tech Nextuser. Son service permet à des grandes marques de « profiler » les internautes grâce aux traces laissées sur les réseaux sociaux, les forums et les sites qu’ils visitent. Produits de grande consommation, sites de rencontres, jobs boards, chaînes hôtelières … tous ces acteurs voient bien les limites du marketing de masse. « L’objectif est de mieux comprendre les utilisateurs afin de leur adresser des messages plus pertinents », explique le créateur de Nextuser, Matthieu Dejardins qui veut mettre l’intelligence artificielle au service du marketing sur le Web.
Grâce à son partenariat avec Nestlé, Nextuser a décroché un test chez Purina, la marque d’alimentation animale du groupe. Un « pilote » est également en cours avec Nespresso aux Etats-Unis sur un système capable de recommander des variétés de café en fonction de la personnalité du client. Nextuser accumule les bonne nouvelles. Vainqueur du concours de start-up organisé par Unilever à Singapour en mai 2016, la jeune pousse a convaincu le groupe anglo-néerlandais, mais aussi Procter&Gamble en Asie, d’entamer des tests. La cité-Etat devrait devenir la base de la start-up pour le marché asiatique.
En France, elle envisage de regrouper à Lyon ou Marseille toutes les ressources liées à l’intelligence artificielle et au machine learning. L’entreprise a d’ailleurs signé en août dernier un partenariat avec le programme d’intelligence artificielle d’IBM (IBM Watson). De quoi aller très loin dans l’analyse du consommateur. En France, AXA, Yellow Corner, Qapa, Flunch et Pernod Ricard ont été conquis ou le seront prochainement. Le plan de route de Matthieu Dejardins est clair : faire signer un maximum de grandes marques dans les mois qui viennent pour rassurer de nouveaux investisseurs et réaliser une levée de fonds de série A en 2017.
Le conseil de Matthieu Desjardins pour convaincre les grands groupes : entrer par la petite porte !
Pour séduire ces grands groupes, Matthieu Dejardins s’est donné plusieurs grandes règles. D’abord, ne pas trop intellectualiser le discours autour du produit et de ses fonctionnalités mais vendre les problématiques qu’il résout. « Simplifier votre discours au maximum pour rester pragmatique et suivez la règle des 10/20/30 de Guy Kawasaki, à savoir 10 diapositives, 20 minutes et 30 pour la taille de police de caractère », conseille-t-il.
Ensuite, l’erreur est de perdre trop de temps dans les arcanes des sièges sociaux. À l’inverse, si vous entrez dans le groupe par un petit marché, vous n’aurez qu’une poignée de personnes à convaincre dont ce sera l’intérêt de briller. « Avec eux, vous construirez l’étude de cas qui vous servira d’argumentaire pour passer d’un pilote à un contrat avec une extension en terme de marques, pays et d’options dans votre offre », résume-t-il.
Enfin, il faut se dire que « c’est votre vision que la grande entreprise achète plus que votre produit actuel ». Pour imposer cette vision, le dirigeant doit s’inclure personnellement dans l’histoire de sa boîte en faisant appel au storytelling. « Avez-vous résolu une problématique que vous avez connue ? En quoi cela vous a affecté ? Quelle est votre légitimité dans cette démarche ? Quelles ont été les étapes clefs dans le développement du produit ou service actuel ? Il faut expliquer votre implication personnelle et en quoi votre vision y répond », explique Matthieu Dejardins.
Depuis sa création, Nexuser qui a embauché depuis 20 salariés, a déjà récolté 2,75 millions de dollars, notamment auprès de Kima Ventures, le fonds de Xavier Niel. Une belle référence.
avec lesechos