Alors que des pays comme l’Inde (Cochin) ou les États-Unis (Denver) ont déjà investi le champ des aéroports alimentés par des dispositifs photovoltaïques, l’Afrique se lance sur le marché. Zoom sur ces installations pionnières et innovantes.
Souvent pointé du doigt pour son impact environnemental particulièrement important (l’équivalent de 2% à 3% des émissions mondiales de CO2), le secteur aérien semble prêt à réduire son empreinte carbone. Pour y arriver, le choix des énergies renouvelables dans les aéroports semble être une solution privilégiée. Emboîtant le pas au pionnier indien, le Cochin International Airport (CIAL) qui s’alimente uniquement grâce à l’électricité produite par une ferme solaire de 18 hectares, d’autres infrastructures internationales font le pari du photovoltaïque. C’est notamment le cas en Afrique, où différents pays intègrent des dispositifs de plus ou moins grande ampleur pour capter l’énergie du soleil. En voici cinq exemples probants :
George (Afrique du Sud)
À la pointe sud du pays, dans la zone de Cap-Occidental, la ville de George ne dispose pas de l’aéroport le plus important d’Afrique du Sud. Mais les 700 000 passagers qui fréquentent ces terminaux savent qu’il s’agit d’un des premiers sites « verts » du monde. Installés en 2016, les 2 000 panneaux solaires fournissent quotidiennement 750 kW, soit près de deux fois plus que la puissance nécessaire (400 kW) pour faire fonctionner escalators, restaurants ou portiques de sécurité. L’excédent de production électrique est revendu au fournisseur national et le dispositif a d’ores et déjà permis d’alléger le bilan carbone de 1 230 tonnes. Le tout pour un budget d’à peine plus d’un million de dollars
Mombasa (Kenya)
D’ici 2019, l’aéroport de George ne sera plus le seul édifice alimenté en énergie solaire du continent. À Mombasa, sur les rives de l’océan Indien, l’aéroport international Moi (2e du pays en termes de fréquentation) va intégrer l’énergie photovoltaïque à son mix. La compagnie britannique Solarcentury devrait y implanter une centrale au sol de 500 kW qui génèrera près de 820 000 kWh par an et devrait réduire les émissions de dioxyde de carbone de 1 300 tonnes. Mais la particularité du projet reste l’installation d’une solution de stockage d’énergie pour l’alimentation en air conditionné au sol (PCA). Un bon moyen de contrôler l’impact environnemental des avions lorsqu’ils sont arrêtés sur la piste.
Douala (Cameroun)
Comme l’aéroport de Mombasa ou celui de Kingston en Jamaïque, le projet autour du premier aéroport du Cameroun, à Douala, s’inscrit dans le cadre d’un programme global de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) qui vise à réduire l’empreinte carbone du secteur aérien. Particulièrement ambitieux, avec une capacité de production de 1 MW grâce à 13 000 mètres carrés de panneaux solaires, le projet n’a pas encore de calendrier défini, mais on sait que l’électricité ainsi générée devrait servir, dans un premier temps, à alimenter les différentes passerelles télescopiques de l’aéroport et que les travaux bénéficient de l’expertise de l’entreprise française spécialisée dans les solutions « smart grids » Sagemcom.
Kotoka (Ghana)
Cochin n’a pas seulement inspiré d’autres aéroports par sa démarche. Le CIAL fait aussi fructifier son expertise technique en matière de mise en place de solution solaire auprès de ses voisins africains. C’est ainsi que l’aéroport international de Kotoka, à Accra, sera le premier des trois aéroports ghanéens (avec Kumasi et Navrongo) a profiter de l’accord qui lie, depuis cette année, la Ghana Airports Limited Company (GACL), principal gestionnaire des aéroports du pays, et le gestionnaire du premier aéroport vert du monde. Objectif : installer une centrale de 6 MW à Kotoka, avec 1,5 MW disposés sur les aires de parking.
Oran (Algérie)
Si les centrales photovoltaïques sont souvent implantées au sol, l’aéroport international Ahmed Ben Bella d’Oran fait figure de précurseur dans le domaine. La nouvelle aérogare sera en effet équipée de plus de 5 000 panneaux solaires en toiture pour une puissance d’1,4 MWc qui devrait couvrir un quart des besoins énergétiques du bâtiment. Un projet totalement inédit dans le secteur, conçu avec l’appui de la startup localeSoliwind, et qui contribue autant aux bienfaits environnementaux (900 tonnes de dioxyde de carbone en moins) qu’économiques de l’infrastructure, car le nouvel édifice pourra accueillir trois fois plus de passagers que le précédent.
Avec la tribune afrique