Bien que deuxième plus gros exportateur de fèves de cacao au monde, le Ghana n’a jamais vraiment développé son propre chocolat. Cette situation est sur le point de changer grâce à une poignée de chocolatières.
“Pourquoi la Suisse ou la Belgique sont considérés comme les pays du chocolat alors qu’ils ne produisent pas de cacao?”, s’est demandé Kimberly Addison lors de son passage en Suisse. Lors d’une visite d’usine, elle réalise que les fèves de cacao transformées proviennent du Ghana, son pays d’origine.
Elle décide alors, avec sa soeur, de s’installer à Accra comme chocolatière. “Nos clients sont curieux de goûter un chocolat fabriqué dans son pays d’origine”, explique-t-elle. “Au Ghana, la consommation de chocolat n’est pas encore à la hauteur de nos espérances, mais les gens commencent à se dire ‘du chocolat du Ghana?’ Pourquoi ne pas essayer”.
Sa jeune entreprise baptisée “57”, en référence à l’année de l’indépendance du Ghana, hisse le cacao au rang de fierté nationale. “Notre démarche, produire à partir de ressources locales. Le cacao a une valeur, mais un produit fini en a bien plus.”
Toute la production pour l’exportation
Mais c’est aussi une affaire de femmes, comme l’explique Justine Tagbor, pionnière du chocolat “made in Ghana”. “Quand j’étais au Salon du chocolat de Londres, j’ai remarqué que les artisans étaient en majorité des hommes. Mais ici, les entrepreneurs qui se lancent dans la confection de chocolat sont des femmes, je trouve ça formidable.”
Quand elle s’est installée en 2013, elle ne parvenait pas à se fournir en cacao transformé, toute la production était exportée. “J’ai décidé de passer cacao-févière, c’est-à-dire que je source moi-même mon cacao, je l’écosse et puis je fais mon chocolat.”
“Développer la filière du cacao africain”
Justine Tagbor se réjouit de l’intérêt porté au chocolat du Ghana. “Plus on sera nombreux, plus on arrivera à valoriser ce cacao et j’aimerais pouvoir être celle qui va développer la filière du cacao africain.”
Actuellement, elles sont une demi douzaine de femmes entrepreneurs à transmettre le goût du chocolat artisanal au Ghana, et bientôt en Europe, espèrent-elles.
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