Le sommet réunissant les représentants des États du Conseil de coopération du Golfe (CCG), organisé dimanche 9 décembre à Riyad, a connu la présence du Qatar mais n’a rien réglé de la crise politique en cours dans la zone.
Le sommet annuel du Conseil de coopération du Golfe – organisme régional qui réunit l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, Oman, le Koweït et le Qatar – qui s’est tenu ce 9 décembre à Riyad, ne s’était pas préparé sous les meilleurs auspices. Quelques jours après la décision du Qatar de quitter l’Opep – une première pour un État moyen-oriental – , rien ne semblait indiquer une résolution de la crise qui oppose depuis juin 2017 le petit émirat à l’Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et à Bahreïn. Depuis cette date, le Qatar est accusé pêle-mêle de soutenir le terrorisme, de chercher à déstabiliser ses partenaires arabes et d’entente avec l’Iran, et se trouve marginalisé au sein de l’organisation régionale dominée par l’Arabie saoudite.
Le 5 décembre, le roi Salman d’Arabie saoudite avait adressé une invitation écrite à l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani. Un geste présenté par la presse saoudienne comme une main tendue. Mais l’émir qatarien a préféré envoyer pour le représenter le ministre d’État des Affaires étrangères, Sultan Ben Saad Al-Muraikhi, ce qui lui a valu les critiques acerbes de Khalid Ben Ahmed Al-Khalifa, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn. « Le Qatar aurait dû accepter les demandes justes [des États lui imposant un blocus] et [l’émir aurait dû] participer au sommet », a-t-il déclaré.
Vers une sortie du Qatar du CCG ?
Plus tôt dans la semaine, le même ministre bahreïni avait estimé, dans les colonnes du journal Asharq Al-Awsat, que le Qatar avait « brûlé ses vaisseaux de retour » (sous-entendu : la relation avec ses voisins a atteint un point de non-retour). Ce à quoi Ahmed Ben Saeed Al-Rumaihi, responsable de la communication du ministère des Affaires étrangères qatarien, a rétorqué que « le Qatar peut prendre ses propres décisions et a assisté au dernier sommet au Koweït, alors que les leaders des pays du boycott n’étaient pas venus ».
LES MEMBRES DU CONSEIL SONT DÉTERMINÉS À CE QUE LA CRISE AVEC LE QATAR N’AIT PAS D’EFFETS NÉGATIFS SUR LE CONSEIL ET SA STRUCTURE
Au-delà de la question du blocus contre le Qatar, qui n’a pas été évoqué, selon les officiels qatariens, le sommet a essentiellement débouché sur des déclarations d’intention. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir, s’est contenté d’annoncer lors de la conférence de presse de clôture du sommet que « les membres du Conseil sont déterminés à ce que la crise avec le Qatar n’ait pas d’effets négatifs sur le Conseil et sa structure ». Adel Al-Jubeir sous-entendait-il un possible départ du Qatar de l’organisation ? L’émirat gazier avait en effet justifié sa décision de quitter l’Opep par son manque d’influence au sein du groupement, de facto dominé par l’Arabie saoudite, ce qui est également le cas du GCC.
En amont du sommet de dimanche, l’administration Trump avait exprimé sa volonté de voir les États de la région se rassembler pour contrer « l’attitude maligne » de la République islamique d’Iran. Dans les faits, le blocus contre le Qatar a renforcé sa dépendance à Téhéran, le petit émirat subissant un embargo terrestre, aérien et maritime de la part de ses voisins et étant contraint d’exploiter les espaces aérien et maritime iraniens.
Avec jeuneafrique