L’élection pour le poste de président de la Fécafoot divise les trois anciens internationaux camerounais.
Les prochaines élections à la présidence de la « Fédération Camerounaise de Football » (Fécafoot) n’en finissent plus d’attirer les convoitises. Alors que le scrutin est prévu pour se tenir vers la moitié de ce mois de décembre 2018, l’heure est aux grandes manœuvres. Les dossiers de candidature se conçoivent, les alliances se forment, et les inimitiés naissent naturellement.
Les enjeux divisent les acteurs, notamment au sein de la grande famille des anciens footballeurs internationaux où les amis d’hier se regardent en chiens de faïence aujourd’hui. Trois groupes s’opposent en effet avec trois leaders à leurs têtes respectives : Samuel Eto’o, Gerémi Sorel Njitap et Joseph Antoine Bell. Les désormais trois rivaux ont parfaitement appris à se connaitre au sein du petit monde du football camerounais et international.
Et s’ils partagent une seule vision, celle du retour du « football aux footballeurs », la succession de Tombi A Roko Sidiki à la présidence de la FECAFOOT a fini de saper leurs relations.
L’ombre d’Eto’o derrière Gilbert Kadji
On le sait très impliqué dans la vie du football camerounais et de la Fédération notamment. C’est lui qui a été mandaté par la présidence de la République pour discuter avec la « Confédération Africaine de Football » (CAF) sur des questions relatives à l’organisation de la « Coupe d’Afrique des Nations » (CAN) 2019. Meme si ses efforts n’ont pas porté les fruits escomptés. C’est encore lui qui a proposé et obtenu de la « Fédération Internationale de Football Association » (FIFA), la nomination de Dieudonné Happi, l’un de ses avocats, à la présidence du Comité de normalisation de la FECAFOOT.
Proche d’Ahmad et de Gianni Infatino, les deux dirigeants de la CAF et de la FIFA qu’il a invité à dîner chez lui à Doha au Qatar il y a quelques semaines, Samuel Eto’o ne rêve pas de voir la FECAFOOT retourner entre les mains de ceux qu’il a longtemps combattu, du temps où il était capitaine des Lions Indomptables. Ni même entre les mains de quelqu’un en qui il n’a pas une totale confiance.
Selon des sources avisées, l’ex-buteur du FC Barcelone et de l’Inter Milan est déterminé à soutenir une candidature : celle de Gilbert Kadji. Même si elle est encore officieuse. Des commentateurs sportifs en sont convaincus en tout cas : Samuel Eto’o a (presque) toujourspensé que Gilbert Kadji reflète le profil idéal. Cofondateur (avec son défunt père, Kadji Defosso) du centre de formation « Kadji Sport Academy » (KSA) qui a formé le légendaire numéro 9 camerounais, Gilbert Kadji a été Président du club Fc Roven en 1997, puis du Fc Sion en Suisse en 1999.
Par ailleurs homme d’affaires, Gilbert Kadji est perçu dans les cercles du football camerounais comme un homme « intègre », un « homme de principes », un « homme qui n’a pas faim » et donc qui « ne fera pas souffrir les ressources financières de la FECAFOOT » si sa candidature est rendue officielle et s’il venait à être élu. En plus, c’est un peu grâce à lui que Samuel Eto’o a eu la carrière qu’il a eu. En plus de l’avoir déniché et formé à la KSA, des langues disent qu’il aurait également financé plusieurs voyages du buteur vedette des Lions Indomptables du temps où il cherchait sa voie vers l’Europe.
Et pour toutes ces choses, Samuel Eto’o lui est (un peu) redevable. Des sources racontent que c’est à Gilbert Kadji que Samuel Eto’o a pensé en premier, pour le poste de Président du Comité de normalisation de la FECAFOOT. Mais les plans des deux hommes ont changé à la dernière minute. Sans doute parce que Kadji aurait souhaité avoir un poste plus grand ?
Gérémi Njitap, l’homme De Bidoung
Mais la (trop) grande implication de Samuel Eto’o dans le processus a vite fait de créer des frictions entre lui et son « faux frère » Gerémi Njitap. Si Eto’o lui reprocherait d’avoir « pactisé » avec l’ancien Exécutif de la FECAFOOT – Njitap ayant fait partie du bureau de Tombi A Roko Sidiki – l’ancien numéro 8 des Lions Indomptables préparerait lui-aussi son dossier de candidature. Des sources attestent qu’il est non seulement soutenu par le « Ministre des Sports et de l’Education physique », Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, mais aussi par l’ancien Président de la FECAFOOT, mis hors-jeu par le nouveau Code éthique de la Fédération.
Selon certaines indiscrétions, des réunions se multiplient entre les trois hommes, pour trouver des voies et moyens de contrecarrer les plans de Samuel Eto’o. Et pour y arriver, Gerémi Njitap songerait même à faire appel à Abdouraman Hamadou, un ancien proche d’Eto’o, celui grâce ou à cause de qui les élections d’Iya Mohammed en 2013 et de Tombi A Roko Sidiki en 2015 ont été annulées.
Le rôle du Président d’Etoile Filante de Garoua devrait consister à faire annuler le processus électoral compte tenu de l’implication (in)directe d’un Samuel Eto’o que certains soupçonnent de donner des instructions à Dieudonné Happi et de certaines irrégularités observées depuis la validation des statuts de la FECAFOOT.
Et ensuite, de faire appuyer la candidature du meilleur arrière droit de la CAN 2008 par les clubs membres de l’ « Association des Clubs de Football Amateur du Cameroun » (ACFAC). Tous les coups sont visiblement bons. Et l’amitié entre Eto’o et Njitap n’a pas pu résister aux manœuvres et autres coups bas fomentés dans un camp comme dans l’autre. Selon certaines confidences, Eto’o aurait même juré à Njitap que tant qu’il sera en vie, ce dernier ne sera jamais élu à la présidence de la FECAFOOT.
Bell forge ses armes
Pendant ce temps, Joseph Antoine Bell a pris les devants. L’ancien gardien des Lions Indomptables a officiellement déclaré sa candidature le 25 novembre dernier. Soutenu par d’anciennes légendes telles que Roger Milla et François Omam Biyik, Joseph Antoine Bell résume son projet en 11 points.
Il souhaite notamment « repenser » la Direction technique nationale en lui donnant la place de « cœur du réacteur » ; développer le football en incitant à la création des clubs associatifs. « Nous irons là où la Fédération n’est pas présente : dans les quartiers et les écoles », promet-il. Bell veut aussi accorder une attention particulière au football féminin et à la formation permanente des talents.
L’ex-gardien veut également « moderniser l’administration de la FECAFOOT dans le cadre d’une gouvernance améliorée, arrimée aux meilleures pratiques internationales en la matière ». Non sans oublier le championnat d’élite, une gestion professionnelle des sélections nationales, et la construction d’infrastructures.
Déjà candidat en 2015, Joseph Antoine Bell avait dû essuyer une défaite face à la machine mise en place par Tombi A Roko. Même s’il ne fait pas partie des potentiels favoris au poste de président de la Fécafoot, l’ex portier d’Union de Douala et de l’Olympique de Marseille croit en ses chances. Comme tous les autres. La guerre est donc ouverte.
Source: agora-mag.net