Avec le retrait de l’organisation de la CAN 2019, la diplomatie camerounaise vient de se fourvoyer devant cette estocade retentissante. Le déploiement diplomatique n’aura pas anticipé la décision du 30 novembre 2018. La Confédération africaine de football (CAF) a décidé, en collégialité, de retiré l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Cameroun 6 mois et 15 jours avant son début.
Désormais, cet épilogue sera associé au nom et à l’image du Cameroun. Image de marque sans cesse vantée et protégée par les plénipotentiaires du pays de l’ambassadeur itinérant Roger Milla, du goléador international Samuel Eto’o, des consultants internationaux Patrick Mboma et Joseph Antoine Bell. Image de marque promue et incarnée par le premier sportif camerounais qui a actionné plusieurs leviers de concrétisation de ses promesses plusieurs fois réitérées de l’organisation de cette fête africaine du football en 2019.
Déploiement
Dès les premières suspicions sur la réattribution de la CAN, le Cameroun avait fait convoquer les chefs de mission diplomatique du Maroc, de l’Algérie et de l’Afrique du Sud à Yaoundé. Un acte fort de symbole pour passer le message. Une communication renforcée par les prises de position et promesses présidentielles qui ont successivement engagé le gouvernement, le secteur privé, les sportifs, la jeunesse et le peuple pour l’accueil de cette compétition « le jour dit ».
En mars 2018, le président du Comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football avait rencontré son homologue de la fédération royale marocaine de football, Faouzi Lekjaa. Face à la presse, les deux autorités avaient fait chorus autour de la fraternité entre les deux pays et le soutien de l’organisation de la Can au Cameroun en 2019. C’est au titre de la mobilisation de cet outil diplomatique que le président de la République aurait reçu Ahmad Ahmad à Yaoundé. En mobilisant Samuel Eto’o, l’atout de charme de la diplomatie footballistique du Cameroun.
Risques
Le football demeure un élément essentiel de la diplomatie camerounaise. La présidence de la République compte deux ambassadeurs itinérants, dont Roger Milla, footballeur africain du siècle. Le retrait de l’organisation de la Can au Cameroun retentira assurément au sein des milieux diplomatiques. S’il est admis que c’est l’insuffisante disponibilité des infrastructures qui pèse sur ce retrait, alors le problème de la capacité du Cameroun à livrer ses chantiers à temps se pose.
La destination Cameroun en matière de facilité des affaires prendra un coût. Dans ce sillage, le risque Cameroun sera moins incitatif à l’attrait des investisseurs. En gros, c’est donc un impact sur la signature internationale du Cameroun.
Source: Integration N°348