Le groupe français développe son porte-monnaie électronique « Yup », destiné aux populations non bancarisées.
L’agence Société générale du quartier résidentiel de Yoff, dans le nord de Dakar, ne ressemble pas tout à fait à celles qui quadrillent les villes de l’Hexagone. Les guichets, plus nombreux, ont été poussés contre les murs pour laisser place au centre du local à plusieurs rangées de sièges. « Il y a de l’attente. Nous recevons ici 200 visites de clients par jour en moyenne, essentiellement des non-clients qui viennent toucher des chèques au porteur. A la fin du mois, la fréquentation explose, les gens font la queue jusque dans la rue pour retirer leur salaire », explique Bassirou Diagne, le président de la filiale de Société générale au Sénégal, au cours d’un déplacement auquel Le Monde était convié.
Au Sénégal, 90 % des transactions en valeur se font en cash. Et comme dans la plupart des pays d’Afrique, avoir un compte en banque reste un privilège dévolu aux fonctionnaires et aux classes les plus aisées. Le taux de bancarisation n’atteint en moyenne que 18 % sur le continent. Le reste de la population n’a pas les moyens d’ouvrir un compte : il coûte une soixantaine d’euros pour l’année, et environ 120 euros si le client souscrit quelques produits basiques, ce qui équivaut à près d’un mois de salaire moyen. La grande majorité de la population, autoentrepreneurs et petits artisans aux revenus irréguliers, reste donc dans le secteur informel.
« Banque des fonctionnaires »
La banque française, présente sur le continent depuis plus de cent ans, fut historiquement la « banque des fonctionnaires ». Elle l’est restée. « Au Burkina Faso, la fonction publique représente même 70 % de notre clientèle », affirme Harold Coffi, le directeur général de la filiale de Société générale à Ouagadougou.
L’institution, qui a fait le choix d’investir et de se développer en Afrique, veut aujourd’hui s’ouvrir au secteur informel en s’appuyant sur le « mobile money », le système de porte-monnaie électronique disponible sur téléphone mobile qui fait fureur en Afrique.
Créé il a une dizaine d’années par les opérateurs de téléphonie mobile, le « wallet » permet aux porteurs de téléphones de stocker de l’argent sur leurs mobiles comme on stocke des minutes de communication. Son titulaire peut payer, faire des versements et des retraits d’espèces, sans ouvrir de compte bancaire. Comme une très large partie de la population africaine possède un téléphone
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