La première dame du Gabon, a annoncé le transfert du président Ali Bongo Ondimba de l’hôpital du Roi Fayçal de Riyad en Arabie Saoudite à Rabat au Maroc dans un post publié hier, mardi 27 novembre 2018, en début de soirée. Elle en a profité pour annoncer également la convocation des « principaux responsables au sein de la présidence de la République » à Rabat au Maroc sans toutefois préciser lesquels et les véritables raisons de leur présence au chevet du Chef de l’Etat.
La sortie de Sylvia Bongo Ondimba n’a pas laissé les Gabonais indifférents. D’abord parce que selon plusieurs internautes, la santé du président n’est pas une affaire privée. Soutenant que si le président de la République dispose d’un médecin personnel assermenté, ce dernier doit en cas de maladie du Chef de l’Etat,rendre compte au Premier ministre, qui est le patron de l’administration. Sauf que dans le cas du « malade de Riyad », la communication autour de son état de santé est tenue par son épouse.
Certains observateurs à l’instar du journaliste citoyen Brice Ndong parlent de « l’inquiétante disparition du président », allant même jusqu’à exiger des photos voire des vidéos pour prouver l’amélioration de l’état de santé du président Ali Bongo Ondimba. « Si ce post sur le départ du Président de Ryad à Rabat, qu’on vous attribue est bien de vous, voici la réponse: Nous, on attend seulement de voir le Président revenir au Gabon. A l’ère du numérique, la vidéo et la photo sont les seuls témoins . Tout le reste relève des fantasmagories politico-ethniques », a-t-il réagi hier soir sur son profil Facebook.
Un avis que partage également le Coordinateur national adjoint du Mouvement national des jeunes de l’Union nationale (MNJU), Ballack Obame pour qui, « la publication de Sylvia Bongo Ondimba n’engage qu’elle–même. Elle ne représente rien sur le plan institutionnel dans ce pays. Ce n’est pas à elle de communiquer sur l’état de santé du président de la République fusse-t-il son époux. Ce pays a un gouvernement c’est à lui d’informer les Gabonais. Et même si Monsieur Mapangou a fait un communiqué tard dans la nuit, il n’a fait que récupérer ce message que je considère comme tiré des réseaux sociaux. Et ils ne viendront pas nous dire que c’est crédible un message publié sur Facebook quand on sait tous les risques que cela comporte. Le peuple attend des photos et des vidéos du président. Et la convocation des collaborteurs ne passe pas non plus », a-t-il martelé.
Pour Annie Léa Meye, ce message n’est qu’une manipulation de plus. « J‘ai lu et relu le message posté sur la page de Mme Ali Bongo. Je l’ai décrypté », a-t-elle publié. L’ancienne candidate aux législatives au premier arrondissement de Libreville pour le compte du parti Démocratie nouvelle estime que « d’ici peu, ça va sérieusement bouger au Gabon ». Elle ne voit pas d’un bon oeil la sortie du territoire du directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba. « Je vous le dis , si Le DC Alihanga Brice Laccruche sort du pays comme le dit Sylvia Bongo Ondimba, à la demande de son époux président, paraît-il, il est mort, il est foutu quand nous savons qu’il n’y a pas longtemps, on nous annonçait qu’il avait été interdit de voyager », précise-t-elle.
Il faut noter que ce lundi 26 novembre 2018, des rumeurs persistantes relayées par certains médias faisaient état de ce que Brice Laccruche Alihanga était empêché de rencontrer Ali Bongo Ondimba. Selon plusieurs sources concordantes, il aurait également été interdit de sortie de territoire à deux reprises au cours du week-end écoulé. Ces faits suscitent d’ailleurs des questionnements sur les identités des autorités qui prendraient de telles décisions. Qui gouverne le Gabon actuellement ? A en croire certains observateurs, le pouvoir serait diffu actuellement dans le pays. C’est d’ailleurs cet avis qui se partage le mieux au sein de l’opinion au point d’inquiéter les investisseurs, notamment ceux de l’industrie pétrolière qui se questionnent sur « la rapidité avec laquelle le Code des hydrocarbures peut être appliqué ».
En attendant, le mouvement Train à grande vitesse (TGV) lancé samedi dernier par l’ancien Premier ministre Jean Eyeghe Ndong poursuivra sa caravane d’explication sur la nécessité de respecter « l’ordre constitutionnel » et à Annie Léa Meye d’avertir : « Il est impératif que le peuple sache ce qu’il en est d’Ali Bongo . Si ce dernier continue de jouer à cache cache , c’est une vague monstrueuse qui descendra dans les rues de Libreville et des autres villes du Gabon pour que la Constitution soit respectée », a-t-elle martelé.
Le gouvernement de son côté qui s’est fendu d’un communiqué signé de son porte-parole Guy Bertrand Mapangou peine à rassurer. Sur les antennes de Radio France internationale (RFI) en réponse aux réclamations des images et des preuves de vie du président, le membre du gouvernement est resté très évasif. « Peut-être que dans deux, trois, quatre jours, dans une semaine, vous verrez les images du président. Vous verrez bien le président de la République qui a retrouvé ses automatismes habituels », a-t-il confié.
A Libreville, le doute subsiste, le communiqué de Sylvia Bongo Ondimba publié sur sa page Facebook précisant la convocation à Rabat de certains collaborateurs du président de la République n’a pas véritablement convaincu l’opinion et la communication du gouvernement apparaît plus comme de la récupération pour faire bonne figure. Nous y reviendrons.
Avec gabonmediatime