Dans quelle situation sera le marché mondial du café Robusta en avril-mai, lorsque vont arriver les premiers embarquements de Côte d’Ivoire et du Cameroun ? Difficile à dire, explique un trader à CommodAfrica. Car, actuellement, l’Inde baisse régulièrement ses prix en vue de ses embarquements qui vont démarrer sur décembre-janvier, afin de retrouver une compétitivité face à son grand rival, le Vietnam.
“L’Inde avait augmenté ses prix suite à des incidences climatiques il y a quelques semaines mais ils sont en train de se calmer car il n’y a peut-être pas autant de pénurie que ça. En outre, les premiers embarquements vont arriver sur décembre-janvier et s’ils commencent à vendre l’Inde Cherry AB à +$350 par rapport au marché de Londres alors que la qualité équivalente au Vietnam, le Viet Wet Polish, est à +$120, ils ne vont rien vendre“, explique-t-il.
Alors, d’ici avril-mai (les premiers embarquements de Côte d’Ivoire et du Cameroun), les choses peuvent changer. Mais une réalité demeure. “En fait, il y a de moins en moins d’engagements sur l’Afrique car les embarquements du Cameroun ou de Côte d’Ivoire sont compliqués. On ne sait jamais ce qui peut se passer à l’origine. C’est toujours un peu tendu“, souligne-t-il. A la limite, les gros négociants qui sont à l’origine, au Cameroun ou en Côte d’Ivoire, achètent du café auprès des producteurs mais sont récalcitrants à le revendre sur le marché mondial avant d’avoir le produit physique et l’expédier. Certains qui travaillent aussi sur le cacao en Côte d’Ivoire ont, sans doute, été échaudés par de mauvaises expériences sur le cacao.
“En fait, sur les cafés d’Afrique, ils aiment bien que les cafés soient disponibles pour pouvoir, en gros, embarquer avant de le revendre. Ils sont de moins en moins chauds à prendre des engagements à l’avance. Mais la situation peut se détendre.” En outre, le Cameroun mais surtout la Côte d’Ivoire alimentent beaucoup les pays d’Afrique du Nord, ce qui contribue à la faiblesse actuelle de l’offre.
Le Robusta indien avait grimpé de 19%
En effet, souligne le représentant américain de l’agriculture à Mumbai dans une note publiée mi-novembre donc avec des données sans doute à fin octobre, depuis avril, le prix du café Robusta Cherry a augmenté de 19% (+9% pour l’Arabica Parchment), et se situe à un niveau de prix nettement supérieur à l’année dernière.
La récolte indienne 2018/19 (octobre/septembre) qui a, effectivement, été révisée à la baisse par le représentant de l’USDA qui l’estime à 5,2 millions de sacs de 60 kg (Ms) contre 5,5 Ms initialement, la mousson ayant été particulièrement forte dans les régions de production du Karnataka et du Kerala. De cela, 3,7 Ms sont du Robusta. A noter que les estimations de pertes faites par les associations de commercialisation sont 20% inférieures aux chiffres du Coffee Board of India.
Les superficies sont en hausse, à 450 000 ha dont 422 000 ha en production, le rendement moyen étant de 991 kg/ha pour le Robusta (455 kg pour l’Arabica). La consommation nationale est estimée stable, à 1,16-1,25 Ms, tandis que les exportations atteindraient 5,4 Ms car les exportateurs puisent dans leurs stocks, voulant profiter de la baisse de 10% de la valeur de la roupie depuis octobre 2017.
L’Italie, l’Allemagne et la Belgique sont les principaux marchés pour le café en grain d’Inde tandis que la Russie est un des marchés principaux pour le soluble. Mais l’Inde importe aussi, un volume estimé par l’attaché agricole américain à 1,3 Ms en 2018/19 ; en 2017/18, le café vert importé provenait essentiellement du Vietnam, d’Ouganda et du Kenya.
Côté prix aux planteurs, ils ont retrouvé leurs niveaux moyens de 2016, le sac de 50 kg de Robusta s’achetant dans une fourchette allant de 3 016 (€ 37,58) à 3 075 roupies (€ 38,21) : ils étaient de l’ordre de 3404-3454 roupies en 2017 et 3018-3051 roupies en 2016.
A noter l’importance de la différence de prix au planteur entre l’Inde et la Côte d’Ivoire où le prix garanti est de FCFA 750, soit € 1,14 le kilo alors qu’en Inde, la fourchette est de € 0,75-0,76 le kilo.
€ 1,33 le kilo au Vietnam
Le dernier rapport du représentant américain de l’agriculture au Vietnam remonte à juin 2018, avec une production 2018/19 estimée à 28,5 Ms, en hausse de 2% sur la campagne précédente, 4% des volumes et des superficies étant de l’Arabica. La superficie est de 607 000 ha et le rendement moyen de 2,81 t/ha. La consommation locale de café est de 2,6 Ms, en faible progression car, selon l’attaché américain, de très nombreux coffee shops vendent le même produit, très peu différencié.
Les exportations sur 2018/19 sont estimées atteindre 27,9 Ms avec pour principaux clients l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Italie. Le Vietnam importe de faibles quantités du Laos, d’Indonésie, du Brésil et des Etats-Unis.
La semaine dernière, les producteurs ont vendu, en moyenne, à 35 300 dongs le kilo (€ 1,33), soit un niveau de prix supérieur au prix garanti ivoirien € 1,14).
Avec commodafrica