Si Vero avait fait grand bruit en février 2018, le réseau social a lentement arrêté de susciter de l’intérêt au point que l’on ne parle plus de lui. Des nouvelles du réseau social sur lequel planent encore de multiples zones d’ombre.
Au mois de février dernier, de nombreuses mentions ont commencé à apparaître sur le web, évoquant un nouveau réseau social plein de promesses : Vero. Plusieurs influenceurs ont alors demandé à leur communauté de les rejoindre sur cette plateforme qui se targuait de ne pas exploiter les données personnelles de ses utilisateurs. En effet, Vero est apparu du jour au lendemain, affirmant qu’il allait bouleverser les réseaux sociaux américains actuels en se positionnant à contre-courant. Malgré tout, il a été démontré que le réseau social ne respecterait pas vraiment ses promesses lorsqu’il s’agit de la protection des données personnelles.
Le contexte a été particulièrement favorable à la plateforme, qui a su bénéficier du fait que les utilisateurs se détournaient alors d’Instagram, jugeant que sa manière de consolider son fil d’actualité n’était pas pertinente. Plutôt que de faire défiler les images par chronologie, les algorithmes les disposaient alors selon les contenus susceptibles de plaire à l’utilisateur. Depuis, la plateforme a annoncé qu’il était possible de revenir à un fil d’actualité chronologique.
De fait, Vero a su se tourner vers les bons influenceurs au bon moment, si bien que les utilisateurs des réseaux sociaux ont tous entendu parler de la plateforme en même temps, ce qui a eu un énorme impact sur le nombre de téléchargements. À la fin du mois de février, la plateforme était largement en tête des téléchargements sur l’App Store (selon un classement qui s’établit en fonction des pics de popularité plutôt que du nombre total de téléchargements).
Si Vero avait l’ambition de faire trembler les codes, elle ne fait pas beaucoup parler d’elle
Néanmoins, plusieurs zones d’ombres de Vero ont été révélées les jours suivants sa forte hausse de popularité, participant peut-être au fait que le réseau social semble finalement tombé dans l’oubli. En effet, la plateforme n’a pas donné beaucoup de nouvelles depuis l’an dernier, mais il y a tout de même quelques informations accessibles.
En termes de chiffres, The Verge remarquait que Vero comptait près de 3 millions d’utilisateurs au début du mois de mars, peu après que l’application ait été téléchargée plus de 150 000 fois en l’espace d’une semaine à peine.
Néanmoins, le nombre de téléchargements est en baisse depuis ce pic résultant d’une large campagne publicitaire. Après que sa vie professionnelle ait été analysée sous les toutes les coutures, le PDG de Vero, Ayman Hariri déclarait à The Verge, toujours au mois de mars : « Nous sommes là pour rester […] On ne fait pas ça comme si c’était quelque chose de malhonnête. On peut comprendre ou pas. Nous sommes vraiment sincères sur ce que nous essayons de construire. Et nous avons de grands projets ».
Vero lui-même ne communique pas beaucoup d’informations officielles depuis février dernier
Si Vero a le projet de rester, comme le dit le PDG, l’entreprise elle-même n’a pas donné beaucoup d’informations depuis le début de l’année. Sur la catégorie de son site web dédiée à la presse, seuls cinq contenus officiels ont été partagés depuis le 1er mars 2018. À cette date-là, la compagnie a tenu à réaffirmer la position du PDG Ayman Hariri dans l’affaire Saudi Oger.
Lorsque les médias se sont intéressés à Vero, beaucoup ont mis en lumière le rôle du PDG libanais. Alors que Hariri est à sa tête, l’entreprise de construction Saudi Oger fait parler d’elle en 2015 lorsqu’elle fait faillite, entraînant le licenciement de 20 000 personnes, dont 200 employés français, et une fermeture l’été 2017. À l’époque, le nombre de personnes qui perdent leur emploi est jugé considérable. En 2018, les travailleurs français n’ont toujours pas reçu de compensation tandis que Ayman Hariri a conservé sa fortune estimée à 1,3 milliard de dollars.
Dans ce billet partagé par l’entreprise début mars, Ayman Hariri déclare : « En 2013, j’ai démissionné de mon poste à Saudi Oger et vendu la totalité de ma participation un an plus tard. J’ai partagé publiquement des documents qui démontrent qu’à partir de 2014, je n’étais plus impliqué dans l’entreprise. Toute référence au contraire est fausse. En 2015, j’ai lancé Vero et, depuis, je m’y suis pleinement engagé en tant que PDG.
Les événements de 2017 ont détruit la réputation qu’elle [l’entreprise Saudi Oger, NDLR] avait pendant des décennies en tant que lieu de travail modèle. Je suis et resterai profondément attristé par les souffrances que les employés de Saudi Oger ont connues et continuent de connaître ».
Sur ce petit nombre de cinq posts, la plateforme sociale a également annoncé un partenariat avec Global Charity Partners au mois d’avril, ce qui permet aux utilisateurs de faire un don à une association de leur choix depuis l’application. Au mois de septembre, Vero a indiqué qu’il prolongeait son partenariat avec GQ et qu’ils annonceraient le Prix Vero de l’artiste solo montant. Dylan Jones, éditeur de GQ avait alors déclaré : « Je suis ravi de mettre à profit la réputation de GQ en tant que chef de file en matière de création culturelle en travaillant avec Vero, la plateforme sociale de pointe pour les artistes et les créateurs, en célébrant les talents musicaux de pointe grâce à notre partenariat de longue date et maintenant les prix GQ Men of the Year ». Autant dire que la remise des prix qui a eu lieu le 5 septembre n’a pas beaucoup fait parler de Vero, malgré les qualificatifs utilisés par Jones pour évoquer la plateforme.
Vero, une application bientôt payante ?
La mention la plus récente de Vero est un article rédigé par Andy Serwer, rédacteur en chef de Yahoo Finance, fin octobre. Dans celui-ci, Hariri indique que l’application supprime les contenus haineux de façon proactive, bien que certains utilisateurs se plaignent parfois de bugs et de ses conditions de service. Le PDG a également réitéré le fait que l’application ne fonctionnait pas sur le modèle de la publicité, comme cela était le cas de la majorité des réseaux sociaux aujourd’hui, car il souhaitait établir une « relation transparente entre l’utilisateur et la plateforme ».
À l’origine, il était prévu que Vero soit gratuit pour le premier million d’inscrits, puis qu’il devienne payant. Lorsque l’application a décollé en février, elle a déclaré qu’elle serait encore gratuite pour tous les nouveaux utilisateurs « jusqu’à nouvel ordre ». Lors de sa prise de parole auprès de Yahoo, Hariri a évoqué la mise en place d’un abonnement, au prix de « quelques tasses de café » par an, lors du premier trimestre 2019.
Le PDG affirme que le réseau social rassemble aujourd’hui plus de 4,5 millions d’utilisateurs.
Sur l’App Store, rien de nouveau n’est indiqué, si ce n’est que l’application a été mise à jour il y a une semaine et que c’est régulièrement le cas. Le nombre d’utilisateurs ou de téléchargement n’ait pas évoqué.
Avec presse-citron